Des cuma se projettent dans la pulvérisation ultralocalisée

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Des cuma se projettent dans la pulvérisation ultralocalisée

Le pulvérisateur Ara intéresse de près les producteurs d’herbe. Des cuma envisagent une acquisition (©Zingaro photography).

Dans la Manche, l’Orne et la Mayenne, plusieurs cuma envisagent de lancer une activité de pulvérisation ultralocalisée avec un Ara (Ecorobotix), une technique particulièrement prometteuse pour l’entretien des prairies permanentes.

Gain de temps de main-d’oeuvre, réduction des volumes de produits de traitement comptent parmi les premiers arguments de la pulvérisation « plante par plante ». Avec son pulvérisateur Ara, Ecorobotix revendique une économie moyenne de 80 % de la quantité de produit nécessaire, par rapport à une application traditionnelle. En plein champ, le débit de chantier maximal annoncé (4 ha/h) permettrait une cadence moyenne proche de 2,5 ha/h sur une journée de travail.  Au carrefour de la Manche, l’Orne et la Mayenne, un projet d’acquisition est à l’étude, à l’initiative d’une cuma du territoire.

Vers un traitement ultralocalisé des rumex et des chardons sur prairie avec le pulvérisateur ARA

« Démocratiser l’intelligence artificielle pour réduire notre impact environnemental et maintenir le potentiel de nos prairies. » Derrière ce credo, la cuma de la Pratique (Le Teilleul, 50) entend bien atteindre un tarif concurrentiel pour « ainsi permettre de rendre l’agriculture de précision accessible au plus grand nombre». Pour cela, l’activité autour d’un premier pulvérisateur Ara, médaille d’or du Sima 2022, pourrait s’étendre largement sur les cantons de Saint-Hilaire-du-Harcouët et du Mortainais, de Gorron (53) ou encore de Domfront et Bagnoles-de-l’Orne (61).

Avec cette innovation, les instigateurs du projet s’attaquent au délicat exercice de l’entretien des prairies permanentes. Sans travail du sol et en présence d’une flore complexe, cette culture est en effet très exposée à la prolifération d’adventices telles que les rumex ou des chardons. Peu ou pas consommées par les animaux, de telles indésirables restent parfois difficiles à maîtriser mécaniquement (par fauche ou broyage). Le désherbage ciblé de très haute précision permettrait leur destruction par une action chimique, tout en maintenant le trèfle, précieux dans cet écosystème.

Caméra, IA et odométrie

Concrètement, via l’analyse d’images par une intelligence artificielle l’Ara localise très précisément les adventices. Elle les distingue de la flore prairiale par la même occasion. L’odométrie adapte ensuite le délai entre le passage de la caméra et l’ouverture des buses en fonction de la vitesse d’avancement. Elle prend également en compte des éventuels mouvements latéraux. Face au rumex, par exemple, cette technologie de traitement localisé « plante par plante » semble particulièrement prometteuse. En même temps, le principe limite de manière importante les quantités d’herbicide sélectif utilisé puisqu’elles seront appliquées uniquement sur les plantes sélectionnées.

Prairie permanent avec un rumex

Les excellentes aptitudes du rumex à se reproduire de différentes manières en font un indésirable coriace pour les cultivateurs de prairie. La lutte chimique ultralocalisée semble particulièrement pertinente pour le maîtriser.

Le projet de création d’activité avait émergé en août dernier. Six cuma s’étaient alors présentées lors d’une première réunion d’information. Le 17 octobre*, une nouvelle rencontre est proposée aux cuma du secteur. L’enjeu sera, notamment, de recenser les engagements pour valider ou non le lancement de cette activité. Celle-ci prendra la forme d’une prestation complète (tracteur, chauffeur et carburant) en intercuma. Les premières estimations donnent un coût du service de l’ordre de 55 €/ha.

*Informations : 06 16 45 48 29

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