Objectif: 1.800€/mois en lait!

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Objectif: 1.800€/mois en lait!

Le coût du système d’alimentation est le point faible des systèmes de production laitiers français.

Dans une étude économique très fouillée, le CNIEL en lien avec FranceAgrimer ont décortiqué la structure des coûts de production en élevages laitiers qui déterminent les résultats économiques. Enquête.

«En moyenne sur 2010-2018, seulement 37% des éleveurs laitiers ont dégagé un résultat courant par UMO supérieur ou égal au salaire net médian français, soit environ 1800€/mois» révèlent les auteurs de l’étude publiée par la Cniel et FranceAgrimer. Plusieurs organisations ont collaboré à cette enquête: Idele, BTPL et Chambre d’agriculture des Pays de Loire, qui montre que le principal facteur limitant du revenu des éleveurs, est la maîtrise des charges d’alimentation.

Le coût d’alimentation: principal facteur limitant du revenu des éleveurs

«C’est le coût du système d’alimentation, point faible des systèmes de production français régulièrement pointé dans les comparaisons européennes, qui est le plus souvent en cause» affirment les auteurs. Ceux-ci ont cherché à comprendre quels étaient les facteurs en cause dans les ateliers qui dégagent les moins bons résultats. «Les frais de mécanisation affectés à l’atelier lait sont le plus souvent responsables du dérapage du coût du système d’alimentation quand l’atelier lait dégage un revenu négatif ou faible» observent les auteurs de l’étude. Ils mettent en garde sur les choix de systèmes de production: «L’autonomie des systèmes de production peut coûter cher parfois».

En effet, le type d’autonomie diffère d’un système d’alimentation à l’autre. En Irlande par exemple, les vaches pâturent beaucoup. Par contre en France on cultive, récolte et distribue mécaniquement, davantage les fourrages. Forcément, les coûts ne sont pas les mêmes! En comparaison, le coût modéré des concentrés depuis 2014, a favorisé les systèmes moins autonomes d’Europe du Nord.

Nota: on observe moins de différence entre exploitations, sur les autres postes de coûts de production (bâtiments, équipements, salaires, etc).

Peu de différences du prix lait en France, davantage avec l’étranger!

Côté recettes, on observe aussi des variations de produits, ramenés au litre de lait. Le niveau d’aide et de coproduit viande/litre est sensiblement différent d’une exploitation à l’autre. En revanche, le prix du lait n’est pas sujet à de gros écarts. En effet, 50% des exploitations laitières ont un écart du prix du litre situé entre +10 et -10€/1.000l pour la campagne 2017/2018.

Par contre, il existe de grosses différences avec certains pays. «Si les éleveurs français avaient reçu sur la période 2007/2017, le même prix du lait que les éleveurs néerlandais (+37€/1.000l), leur revenu moyen sur la période aurait été supérieur de 46%!»

Des économies d’échelle «possibles»

Réaliser des économies d’échelle en augmentant la production de lait? Non, ce n’est pas une chimère. Pour une majorité de «petits» ateliers, il semble plus difficile en effet de maîtriser les coûts de production. «Les charges de mécanisation par litre de lait y sont plus élevées en raison de difficultés à se procurer ou à faire appel à des matériels (cuma ou ETA) de dimension appropriée donc de coûts adaptés à leur taille, puisque l’offre de nouveaux matériels est d’abord conçue pour des exploitations au moins de dimension moyenne» analysent les auteurs de cette étude qui relativisent toutefois: «Certains petits ateliers particulièrement économes et autonomes réussissent à maîtriser ces coûts».

Attention: «Un coût de production faible n’est pas toujours synonyme de bonne santé financière» insistent-t-ils.

Dans les pistes d’amélioration, on met l’accent sur les moyens d’optimiser les performances technico-économiques à dimension d’atelier constant. L’alternative pourrait être dans certaines exploitations de saturer les facteurs de production, tels que les bâtiments. Mais sans oublier de prendre en compte l’impact sur la quantité et la pénibilité du travail!

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