MécaMaïs : l’eau au centre de toutes les attentions

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MécaMaïs : l’eau au centre de toutes les attentions

Les experts du Forum-débat de Mécamaïs ont notamment souligné les problématiques liées à l'eau. Crédit FRcuma Nouvelle-Aquitaine

Le Forum-débat organisé lors de la sixième édition de MécaMaïs a rassemblé un public nombreux (et assez jeune). Les intervenants ont tenu leurs positions, avec une emphase particulière sur la question de l'accès à l'eau. Compte-rendu.

Comme un signe, il pleuvait ce jour-là. L’eau, et l’accès à l’eau ont constitué le fil rouge du Forum-débat de la 6e édition de MécaMaïs. MécaMaïs, évènement porté par le réseau cuma et dédié à la culture du maïs, a permis aux participants d’assister à un Forum-Débat sur le thème suivant: « Comment concilier économie et attentes sociétales en production de maïs ? »

Séquence animée par Eric Dournès

Nombreux participants au Forum-débat Mécamaïs

La salle du Forum-débat de Mécamaïs était comble.

Eric Dournès, journaliste et animateur, a animé la séquence autour des intervenants suivants:

La séquence a permis à chacun de dérouler son point de vue.

300€/ha de charges de méca… en moins, et de l’eau en plus

François Coutant a commencé par présenter son exploitation, située au sud du département du Gers, « une exploitation de coteaux sur 128 ha, en polyculture-élevage. Je me suis installé en 1986 et on a créé la cuma en 1989. J’ai fait 25 ans de semis direct et on est passés au bio pour faire du bio d’une autre façon, avec chez nous de très grosses problématiques sur l’érosion et la gestion de l’eau. »

François Coutant, pionnier des TCS et du bio

François Coutant, agriculteur dans le Gers et président de cuma.

Interrogé sur l’évolution des attentes sociétales telles qu’il les ressent en tant qu’agriculteur, il a indiqué qu' »en les comparant à celles du temps de nos parents, on ne peut que constater une énorme évolution. Pour eux, il s’agissait de trouver et fournir à manger. Aujourd’hui, il faut arriver à produire sainement à moindre coût. »

« Sur le temps de ma carrière, je suis passé sur mon exploitation, de 1,2 % de matière organique à 4 % en 25 ans », a-t-il précisé. « Or 1 point de matière organique en plus, c’est 60 mm de rétention en eau supplémentaire dans les sols. Cela fait la différence, notamment ici dans le Gers, où au printemps nous avons eu des épisodes d’érosion réellement catastrophiques. »

Plus globalement, « On peut acquérir de l’autonomie sur le long terme », a soutenu le Gersois. « Aujourd’hui, on a les références, on sait comment faire. C’est plein d’avenir et surtout ça n’est pas si compliqué que cela… ». Sauf si on exclut le glypho, a-t-il souligné.

« Sans la cuma, on n’aurait peut-être pas pu passer au semis direct, a-t-il souligné. La cuma nous a permis d’investir dans les premiers matériels pour faire ça, des Horsch, et au final, cela ne nous a pas coûté très cher. Le développement se fera par vous, les jeunes », a-t-il interpelé la salle. « Mais surtout par les groupes! » a-t-il tenu à rappeler.

« Avec la cuma, et les choix techniques effectués au fil du temps, mes charges de mécanisation sont inférieures de 300 €/ha aux moyennes pour mon type d’exploitation », a-t-il précisé. « Multipliez cette économie par 100 ha et plusieurs dizaines d’années, c’est très significatif. »

L’accès à l’eau au cœur des positionnements

Un positionnement finalement assez optimiste, même si François Coutant a exprimé un certain « essoufflement », et une « déception » relative au potentiel de ces techniques, pour le moment maîtrisées par une minorité d’agriculteurs. Déception aussi par rapport au fossé entre l’autonomie (décisionnelle, alimentaire, protéique, financière…) que pourraient atteindre les agriculteurs en maîtrisant ces techniques, et la réalité.

Un point de vue qui, mine de rien, remettait les agriculteurs en responsabilité par rapport à leurs choix. Et tranchait discrètement avec les propos des autres intervenants.

Franck Laborde et Jean-Luc Capès ont choisi d’alerter l’audience sur la nécessité de préserver les moyens de production liés aux filières du maïs, au regard notamment des ressources en eau.

Ils ont mis en lumière l’efficacité productive du maïs au regard des ressources consommées, y compris en termes d’irrigation et de d’application de phytos.

Tension sur les moyens de productions

Un point de vue appuyé par Antoine Wattel, d’Elicit Plant: « un maïsiculteur, quand il irrigue, ne gaspille pas. Il valorise, car l’efficience de cette plante est très forte. Parmi toutes les solutions: le travail du sol, la tardiveté des variétés, de pilotage de l’eau, et nous, Elicit Plant, nous sommes en bout de processus pour que la plante utilise moins d’eau », a-t-il noté.

« En 10 ans, la maïsiculture française a perdu 10 000 ha, car elle a perdu des moyens de production. Il faut stocker de l’eau, il faut des molécules, et sur ces sujets, il y a de la tension », a aussi noté M. Laborde.

« L’activité humaine consomme 1 % de la pluviométrie initiale », a pour sa part souligné M. Capès.

« Au lieu de se faire peur à l’extrême, pourrait-on juste faire mieux que dans les Trente Glorieuses et stocker un peu d’eau ? », a-t-il interrogé l’assemblée.

Des positions plutôt défensives, qu’ils ont expliqué par le fait que « les gens qui ne pensent pas comme nous sont de plus en plus virulents même s’ils sont minoritaires », en référence notamment aux violents affrontements qui ont eu lieu au printemps sur le sujet des retenues d’eau à Sainte-Soline.

Côté génétique, on accélère

Gilles Yvart, de la RAGT, a pour sa part indiqué que du côté de la génétique, « il y a encore des marges de progression possibles. » « Globalement, on gagne un quintal par an, mais nous sommes là aussi pour répondre aux enjeux sociétaux », n’a-t-il pas manqué de souligner.

« Les nouvelles variétés qui arrivent aujourd’hui ont été conçues il y a 10 ans, » expliquait-il pour illustrer le fait que « le temps de la génétique n’est pas le même que celui de la société. « Nous essayons d’anticiper, mais aussi de sélectionner ce qui est le plus adapté dans nos gammes actuelles, comme le maïs « dry ».

« Aujourd’hui la génomique, le travail sur cycles courts et dans l’hémisphère sud nous permet de raccourcir le temps de la recherche. Cela dit, ce travail se finance via l’achat de semences certifiées, » a-t-il rappelé.

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