D’un chantier à l’autre
Avant de devenir agriculteur, il dirigeait des équipes sur de grands chantiers, « Je partais à 6 h 30 le matin et je rentrais rarement avant 19 h », explique-t-il. Un rythme soutenu qui pesait lourdement sur sa vie familiale. Depuis vingt ans déjà, il côtoyait le monde agricole à travers son beau-père exploitant. La transmission de cette ferme représentait une opportunité, mais aussi un projet de vie.
BPREA en poche, son installation se concrétise en décembre 2023 avec une double activité maintenue jusqu’en avril 2024, le temps de sécuriser les revenus. « Le parcours d’installation, ce n’est pas un vain mot. Entre les démarches administratives et le besoin de s’intégrer dans le territoire, c’est un vrai parcours », reconnaît-il.
Une exploitation à faire évoluer
L’exploitation familiale reposait sur une quarantaine d’hectares et un atelier volailles plein air label rouge. Pour assurer la continuité et sauver une partie des terres menacées de vente, il a dû acquérir 14 hectares qui étaient en fermage. Conscient que la surface ne permettait pas d’investir massivement en matériel, il a fait le choix de concentrer ses efforts financiers sur la volaille. Il construit ainsi deux bâtiments complémentaires de 400 m² afin de développer la production.
Côté grandes cultures, il se tourne vers le maïs mais reconnaît ne pas avoir encore toute la maîtrise technique. « La partie végétale est plus difficile, parce qu’on ne s’entraîne qu’une fois par an. Alors que pour les volailles, la répétition permet d’apprendre plus vite. » C’est ici que la cuma a pris toute son importance.
La cuma, un levier technique et humain pour s’installer hors cadre familial
Avec seulement 40 hectares, investir seul dans des équipements performants aurait été impossible. « J’ai priorisé l’investissement dans la volaille. Pour les cultures, la cuma de Mazerolles m’a permis d’accéder à du matériel récent et très performant », note-t-il. Tracteur, outils de travail du sol, semoirs, pulvérisateur : une large part des travaux agricoles est aujourd’hui réalisable grâce à la coopération.
Mais l’apport de la cuma dépasse la seule question du matériel. « Dès que j’avais un souci, il y avait toujours quelqu’un pour m’expliquer. C’est beaucoup plus simple que de rester seul face à une machine que je ne connais pas », raconte-t-il. Au-delà de la formation pratique, le groupe lui a offert un espace d’échanges, de conseils et de partage d’expérience, particulièrement précieux dans son contexte d’installation.
Tony a même rapidement intégré le conseil d’administration. Une manière d’être reconnu et de participer activement à la vie locale. « Ce n’était pas prévu mais ça m’a permis de mieux m’imprégner de l’agriculture et de m’intégrer dans le groupe », avoue-t-il. Les réunions, les journées d’entretien ou encore les discussions informelles renforcent en effet le sentiment d’appartenance.
Briser l’isolement
On évoque souvent l’isolement des agriculteurs. Ici, la dynamique collective a joué un rôle clé. Les échanges autour des machines, des cultures ou des aléas climatiques nourrissent une solidarité concrète. « On est tous dans le même panier. Discuter du prix du maïs, des problèmes d’irrigation ou des essais de cultures, ça aide à se sentir moins seul et à créer du lien social », témoigne-t-il.
S’il se décrit encore comme « le petit de la cuma » avec ses 40 hectares, il souligne que chaque adhérent a sa place : « Il n’y a pas de petits ni de grands. Sans les exploitations de taille plus modeste, la cuma ne tiendrait pas non plus. »
Un outil indispensable
Aujourd’hui, il ne cache pas que sans la cuma de Mazerolles, son installation aurait été bien plus compliquée. « Entre l’achat des terres, la construction des bâtiments et la mécanisation, il aurait été impossible de tout financer. La cuma est essentielle. » Elle lui permet non seulement d’accéder à des équipements adaptés, mais aussi de construire un réseau humain indispensable à son intégration et à la réussite de son projet.
En définitive, son parcours illustre la fonction clé des cuma : donner à de jeunes agriculteurs les moyens techniques, financiers et relationnels de s’installer et de durer. Dans un contexte où chaque exploitation compte, la coopération reste un pilier d’avenir pour l’agriculture.
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