Le commissaire européen à l’Agriculture planche sur la future PAC

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Le commissaire européen à l’Agriculture planche sur la future PAC

Phil Hogan veut proposer aux Etats membres le "plafonnement" des aides pour qu'elles puissent bénéficier à davantage de petits agriculteurs et éviter le phénomène de concentration actuel des aides.

Le Commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan a planché mardi pour la première fois devant les députés français pour tracer les perspectives de la future Politique agricole commune (PAC) d'après 2020, donnant quelques leçons "d'équité" au passage.

« La réforme de la PAC a bel et bien commencé », a dit le Commissaire en réponse à une question du député PS Dominique Potier s’inquiétant d’un risque de report de la PAC au delà de 2020.

« Le cadre budgétaire sera publié en mai 2008, et je vais proposer une proposition législative en juin: entre cette date et les élections européennes, il y aura eu un débat » a-t-il dit, en estimant la « fenêtre d’opportunité » pour parvenir à boucler la PAC à « neuf mois », et en rappelant avoir reçu 322.000 réponses à la consultation lancée par la Commission sur le sujet.

Interrogé sur la répartition des aides dans la future PAC, il s’est dit « d’accord avec le mot équitable, juste, loyal ».

Il a notamment souligné qu’il allait « réessayer » de proposer aux Etats membres le « plafonnement » des aides pour qu’elles puissent bénéficier à davantage de petits agriculteurs et éviter le phénomène de concentration actuel des aides. Cette option a été refusée dans le passé par le conseil des ministres (donc les Etats-membres), et notamment la France.

« Je vais proposer un filet de sécurité pour garantir un certain revenu aux petits exploitants », a-t-il ajouté. « Evidemment il faudra aussi utiliser d’autres outils de stabilisation des revenus », a-t-il précisé. Il a notamment cité les assurances pour gérer les incidents climatiques, mais sans répondre à la question posée par un député du seuil de déclenchement de ces assurances.

Interrogé sur la crise laitière et la responsabilité de la Commission qui a supprimé les quotas laitiers, il a semblé faire une sorte de mea culpa, au moins sur la date choisie pour libéraliser le marché laitier européen.

« A l’époque, il y avait un excédent de l’offre de 3%, donc le moment, en mars 2015, n’était vraiment pas opportun », a-t-il dit.

« Nous avons appris de cette leçon, a-t-il ajouté en faisant référence à la suppression des quotas sucriers qui vient d’être prise en Europe cet automne, après un report de deux ans pour permettre à l’industrie de se préparer.

« Nous avons les stocks de sucre les plus bas qu’on ait jamais eus », a-t-il dit en soulignant néanmoins que « cinq millions de tonnes de sucre arriveront sur le marché l’an prochain car les agriculteurs ont augmenté leur production ». « Nos indicateurs sont au vert pour 2018, et bien entendu, nous devons continuer à surveiller la situation pour qu’il n’y ait pas de surplus de production sans marché pour l’écouler », a-t-il ajouté.

Le Commissaire a par ailleurs vivement défendu les accords commerciaux en cours de négociation comme celui du Mercosur, tout en reconnaissant que la question de la viande bovine est un sujet « très, très sensible » auquel il essayait de sensibiliser le reste de la Commission.

Les accords sont du « donnant-donnant », a-t-il rappelé. « Dans l’ensemble des accords de libre echange, nous essayons d’atteindre un équilibre raisonnable. Par exemple, des améliorations obtenues auprès du Japon ont pu récemment selon lui, « compenser les pertes sur la viande bovine avec le CETA ».