Pommes de terre: trop sec, trop chaud pendant toute la saison

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Pommes de terre: trop sec, trop chaud pendant toute la saison

Benjamin Janssen a constaté une baisse de rendement de 20 % pour une variété.

Si les pommes de terre ont été implantées dans de bonnes conditions au printemps 2022, la sécheresse et les fortes chaleurs ont laissé planner le doute sur les rendements. Récolte terminée, qu'en est-il vraiment ? Témoignage de Benjamin Janssen, agriculteur dans le Nord.

L’été chaud et sec a longtemps fait planner le doute quand aux rendements 2022 de pommes de terre. Tout le long du mois d’août et de septembre encore, la filière française de la pomme de terre alertait sur les volumes potentiellement en berne. Finalement, les rendements sont plutôt mitigés.

-20% de rendement

À l’image de Benjamin Janssen, agriculteur à Quaëdypre, dans le Nord. « Cet été les pesées m’annonçaient un rendement autour des 35t/ha pour la variété Fontane, se souvient l’agriculteur. Ca n’a pas loupé, après arrachage, mes rendements sont dans les valeurs prédites, soit une baisse de 20% par rapport à mes résultats habituels. »

Ce qui tracasse cet agriculteur, c’est son prix de revient à peine atteint et le respect de ses contrats. « J’ai contractualisé avec McCain et un négociant de la région l’équivalent de 35t/ha, précise-t-il. Ca va être tout juste pour honorer mes engagements. J’ai prévenu mes acheteurs, on verra lorsqu’elles auront toutes été livrées. » Pour cela il faudra attendre le verdict en mars et en avril.

Autre variété réussie

Heureusement, il n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier et cultive aussi des Markies, variétés plus tardives. Celles-ci ont profité des pluies de septembre pour se développer et donner le meilleur d’elles. Résultat chez Benjamin Janssen: 52t/ha.

Ces bons résultats pour cette variété n’ôtent pas les inquiétudes de ce Flamand qui stocke jusque mai. « J’appréhende la période de stockage des pommes de terre, avoue-t-il. Depuis la fin des arrachages, mi octobre, les températures étaient très élevées. Impossible de refroidir le tas dans le bâtiment. » Récoltées à 15 degrés, il aura fallu attendre mi-novembre et que le mercure redescende pour obtenir 9,5 degrés dans les tubercules. »

Entre-temps, la marchandise a déjà tendance à germer. « J’ai déjà gazé une fois mes pommes de terre au Dormir, début novembre, raconte Benjamin Janssen, qui a encore peu de recul sur la nouvelle technique de conservation des tubercules. Je dois attendre sept semaines avant de faire un nouveau passage. J’espère que les températures froides des prochains jours aideront. »

Accumulations

Ces thermonébulisation, en plus des coûts d’électricité font grimper la facture de stockage. « De ce point de vue là, je n’utilise que des ventilateurs, moins gourmands en énergie que des réfrigérateurs, relativise-t-il. Je suis moins impacté. » D’autant qu’il a un compteur à faible puissance et un contrat qui date d’il y a deux ans.

« Au final, ces petites choses mises bout à bout me poussent à m’interroger, déclare le jeune agriculteur. Je ne compte pas augmenter mes surfaces de pommes de terre quand je vois le risque que je prends, le travail que j’y consacre, les investissements que cela engendre et la marge au final. Il y a des cultures plus simples à mener, pourquoi pas y consacrer davantage de surfaces. D’autant que cela permettra d’allonger la rotation. »

Pas une mauvaise chose dans un secteur où la pomme de terre revient dans la parcelle tous les trois à quatre ans. « Je ne vais pas arrêter, je ne suis pas du genre à changer d’assolement en fonction des opportunités, mais lever le pied sur cette production sera peut-être bienvenu dans la conjoncture actuelle…  » À moins que les industriels jouent le jeu et proposent des contrats revalorisés à la hauteur des charges des agriculteurs. À bon entendeur, salut !

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