Le Campus Hectar va-t-il disrupter l’enseignement agricole?

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Le Campus Hectar va-t-il disrupter l’enseignement agricole?

Pinar Tekinsen a suivi la formation «Tremplin», en cinq semaines.

Chahutées par la pandémie liée au Covid19, les premières promotions de formations courtes du Campus Hectar arrivent à terme. Cet acteur privé, récemment ouvert, bouscule dans le paysage des formations agricoles traditionnelles. Mais les séquences proposées semblent plutôt complémentaires de l’offre classique.

Côté communication, c’est assez clair: «Hectar n’est pas une école», souligne Valérie Fuchs, chargée des relations avec la presse pour Hectar. «Il s’agit d’un campus, d’un écosystème» précise-t-elle. Un positionnement logique. En effet, la création du Campus Hectar, dans les Yvelines, a été accueillie avec circonspection, crainte, et même hostilité dans certains cas par la profession agricole et les établissements d’enseignements existants.

Premiers retours positifs des élèves

Et les arguments exprimés portent: l’enseignement agricole souffre effectivement de réductions d’effectifs et de moyens. Il lutte pour son image, et l’irruption de cet acteur a pu effrayer. D’autant plus qu’Hectar est auréolé d’une réputation «tech» sexy et s’appuie sur des investisseurs bien dotés(1) qui donnent des moyens pour bien travailler: tout ce à quoi rêve n’importe quelle équipe enseignante mobilisée pour ses élèves. La crainte d’une privatisation de l’enseignement a sans doute aussi largement sous-tendu ces réactions.

Néanmoins, les retours des premières recrues d’Hectar, dotées de profils plutôt entrepreneuriaux pour ceux qui ont suivis les courtes séquences Tremplin, sont positifs.

Ces élèves ne venaient pas pour «apprendre» le métier d’agriculteur, mais plutôt pour conforter un projet existant. Certains sont d’ailleurs déjà passés par l’enseignement agricole classique. Loin d’opposer les cursus, ils profitent plutôt des avantages de chacun d’entre eux.

Pour les autres formations proposées (voir ci-dessous), l’équipe d’Hectar a plutôt capitalisé sur les «vides» et les besoins exprimés par la profession agricole elle-même. Il faudra un peu de temps pour évaluer l’adéquation de ces formations à la réalité de l’agriculture. Mais pour le moment, l’offre semble plutôt enrichir le paysage et répondre à la demande de certains candidats à l’installation: devenir des entrepreneurs aguerris, se construire un réseau.

Les formations dispensées via le Campus Hectar

Le campus Hectar recouvre 600ha dans la Vallée de la Chevreuse, à 1h30 de Paris. Il se conçoit comme un lieu d’enseignement, mais aussi un accélérateur de start-up et une ferme-pilote. Les programmes proposés à aujourd’hui:

  • Hectar Entrepreneur(e): 6mois en présentiel pour apprendre les compétences entrepreneuriales.
  • Tremplin: 5 semaines (présentiel / distanciel) pour faire mûrir et tester son projet d’entreprise.
  • Devenez Salarié(e) viticole: 12 à 16semaines dans le vignoble de Sauternes pour apprendre les compétences nécessaire au travail dans les vignes.

Et les formations des partenaires:

  • Get onto farming: sensibiliser un public éloigné de l’emploi aux métiers de l’agriculture (par Inco).
  • Développeur IA (intelligence artificielle) agricole: former des développeurs d’applications, logiciels, outils informatiques pour l’agriculture (par l’Ecole 42).
  • Formation B-Corp: former à l’impact positif des responsables d’entreprises agricoles et agroalimentaires (par David Garbous)

A découvrir également: [Sondage] Les agriculteurs sont-ils satisfaits de leur formation initiale?

(1)Dont l’actionnaire Xavier Niel, fondateur de Free, notamment mobilisé sur les questions de l’installation des agriculteurs, mais aussi de bien-être animal et de nouvelles technologies.