Un déséquilibre du marché foncier constaté en 2025

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Un déséquilibre du marché foncier constaté en 2025

Les terrains sont toujours recherchés, que ce soit pour l'artificialisation ou les besoins écologiques ou énergétiques.

L'année 2025 marque un grand déséquilibre sur le marché du foncier. Selon le potentiel et le devenir des terrains, leur valeur et leur attractivité varient. Le point avec la fédération nationale des safer.

Déséquilibré et orienté à la baisse, voilà comment on pourrait résumer le marché du foncier rural en 2024. Les surfaces vendues sont en repli de 2,7 % marqué par une baisse de consommation de foncier pour l’urbanisation. Le point sur le prix du foncier agricole en 2024.

Prix du foncier agricole en 2024, la baisse amorcée

Pour ce qui est du marché des terres et des prés, celui dominant du foncier agricole analysé par la FNSafer, les surfaces échangées et leurs valeurs sont en berne. Dans le détail, « on observe un repli de 5,2 % des surfaces échangées et de 5,9 % du nombre de transactions, annonce Loïc Jégouzo, responsable adjoint du service études, veille et prospective de la FNSafer. On note une baisse de transactions de biens libres bâtis, que sont les bâtiments d’exploitations, mais une progression du marché d’achat de biens loués. Les fermiers acquièrent davantage via des sociétés. » Phénomène surtout remarqué dans le nord de la France où les terres sont facilement en fermage. En revanche, la FNSafer remarque moins d’achats par des personnes physiques.

Quant aux prix, ils sont variables et dépendent de la localisation. On remarque toujours une graduation entre le nord et le sud de la France. « Pour les terres libres, le prix moyen est de 6 400 euros, soit en hausse de 3,2 % par rapport à 2023, en progression depuis trois ans », explique le responsable de la FNSafer.

Rentabilité locative en hausse

En grandes cultures, le prix du foncier agricole en 2024 s’établit à 7 820 €/ha, en légère hausse de 1,4% par rapport à 2023. Cela peut s’expliquer par des années compliquées d’un point de vue climatique et économique. La FNSafer continue tout de même de relever une forte demande dans le nord du pays, ce qui fait grimper davantage les prix. Pour l’élevage, la conjoncture plutôt positive impacte les prix des prés. Avec une progression de 3,3 % de leur valeur. Passant ainsi à un prix moyen de 4 790 €/ha.

Pour les terres louées, la valeur est aussi en progression. En effet, le rendement locatif a bien évolué ces dernières années grâce aux indices de fermages revus dans la lignée des revenus des agriculteurs. Il est établi à 2,93 %. « Le prix moyen des terres louées est de 5 220 €/ha », précise Loïc Jégouzo.

Prix du foncier agricole en 2024 : effondrement des terrains viticoles

Si le marché des terres et des prés se maintient, c’est moins le cas pour celui des terres viticoles qui reflète la crise actuelle. Le marché reste atone avec peu de transactions, voire moins que d’habitude. Ainsi, « les vignobles du Sud-ouest, du Val de Loire ou encore du Languedoc sont impactés par une baisse des transactions et du prix, précise le responsable. En revanche, les autres bassins de production restent stables. »

Quant aux prix des parcelles AOP en 2024, l’hectare est estimé à 17 400 € en moyenne. Dans le détail, les terrains dans la vallée du Rhône, en Alsace et en Corse profitent d’un prix stable. En hausse, on note les parcelles viticoles de Bourgogne, Beaujolais, Savoie, Jura (+11%) et Champagne (+ 1,7 %). « La baisse est plus marquée dans les vignobles du Bordelais et de l’Aquitaine, avec un repli de 18,4% des prix des terres, précise Loïc Jégouzo. Dans le Sud-Ouest, Languedoc et Centre Val de Loire aussi, les prix sont à la baisse. »

Beaucoup de ventes en sociétés

Si on se concentre maintenant sur le marché sociétaire agricole, on remarque qu’il est progression depuis dix ans maintenant, surtout dans le nord de la France. « C’est dû à nombre de sociétés agricoles qui s’amplifie, reconnaît le responsable. En nombre de transactions, les échanges par sociétés représentent 8%. Mais en valeur, c’est près de 47 % des échanges totaux. Quant aux surfaces, elles représentent plus de 214 % des surfaces agricoles. »

Cependant, il faut être prudent avec ces chiffres puisque si la transaction ne concerne qu’une partie des surfaces, la totalité est retenue. Pour ce qui est de la cession de la totalité des parts, elle a été multipliée par deux depuis dix ans. Enfin, plus de deux tiers de cessions se font entre des membres d’une même famille ou entre associés sans liens familiaux.

Coup de frein sur l’artificialisation

De manière plus positive, le marché de l’urbanisme est, quant à lui, au ralenti depuis dix ans après avoir connu de fortes progressions ces quarante dernières années. « On note un nombre de transactions divisé par 3,2 en dix ans, annonce Isabelle Robert, du service de la statistique au ministère de l’Agriculture. En 2022, 50,4 % de la surface française était destinée à l’agriculture, contre 55 % en 1982. Cette diminution s’est faite à la faveur des sols naturels (+0,5 % en 40 ans) et des zones artificialisées. Ces dernières représentaient que 5,7% en 1982. Aujourd’hui c’est 9,5%. »

Cette intensification est principalement due à l’augmentation de la population et du besoin de se loger. Moins de cohabitation intergénérationnelle, rupture d’union, besoins de résidence secondaire, augmentation de la surface des logements, attachement aux pavillons, logement en périphérie des villes qui demande davantage d’infrastructures… bref les causes sont nombreuses.

Changement d’habitudes sur le foncier agricole

« Toutefois, cette utilisation à tout va du foncier semble ralentie, constate la statisticienne. On construit moins de pavillons et la loi « zéro artificialisation nette », y est pour beaucoup. Sans prendre en compte l’économie incertaine et l’inflation. »

Si le signal est positif pour les agriculteurs, la FNSafer tient tout de même à alerter sur le détournement de foncier. C’est une consommation masquée qui vise à utiliser un terrain agricole pour une autre activité que la production de denrées alimentaires. Le foncier agricole reste toujours sous pression, même si la planification semble plus sobre. Les terrains sont toujours recherchés. Que ce soit pour l’artificialisation ou les besoins écologiques ou énergétiques.

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