Retrouver un second souffle

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Retrouver un second souffle

Grâce à l'implication de ses adhérents, la cuma de Paulhac, dans le Cantal, a retrouvé un second souffle.

La cuma de Paulhac (15) perdait ses repères et était vouée s’éteindre lentement… C’était sans compter sur la motivation d’un groupe déterminé à ne pas voir disparaître leur outil cuma. Une reprise en main avec comme priorité de replacer l’humain au centre du fonctionnement.

Fondée en 1992 avec cinq adhérents, la cuma cantalienne de Paulhac présente la particularité ne pas avoir été créée avec une activité ensilage comme beaucoup de cuma du secteur. Elle est venue compléter les besoins en matériel des agriculteurs de la commune. Les premiers investissements rassemblaient des matériels divers comme un nettoyeur haute pression, une bascule, une benne ou un round baller. Par la suite, la liste des matériels a augmenté, tout comme le nombre d’adhérents.

La cuma de Paulhac au bord du gouffre

À un moment de la vie de la cuma, il y a eu un président comme on en voit parfois. Un président qui s’occupait de tout. Cela satisfaisait évidemment tout le monde. Durant cette période, la cuma et les adhérents se sont entièrement reposés sur lui. Mais brusquement, le président est parti à la retraite. Un successeur pour son exploitation avait été trouvé. « Ensuite, il y a eu une succession sans véritablement de préparation, une relève de 2-3 ans en apprenant sur le tas. Mais avec peu de dynamisme et un groupe qui avait pris l’habitude de ne pas s’occuper de la cuma alors rien n’avançait », témoigne François Hivernat, l’actuel président de la cuma. Ensuite est arrivée la période Covid qui a coupé un peu plus le peu de communication qu’il y avait dans le groupe. Quand les adhérents se sont réveillés, la cuma ne tournait plus. Plus de trésorerie, des comptes en déficit, du matériel vieillissant qui tournait moins donc moins de rentrées d’argent. « Et plus de communication, plus de réunion. On voit bien que quand on ne se réunit pas aucune décision n’est prise. Difficile dans ces conditions d’impulser une dynamique ou de se fixer des objectifs », constate-t-il.

Redonner une place à l’humain

Le réveil s’est produit en 2021 lors de l’assemblée générale de la cuma. « Un nouveau conseil d’administration a été élu avec l’envie d’avancer, poursuit François Hivernat. Il fallait absolument arrêter de laisser pourrir la situation pour ne pas perdre l’outil cuma. Il n’y avait pas beaucoup de solutions. Soit on se bougeait soit on arrêtait tout et on revendait les matériels sur Le Bon Coin. » La première année, le conseil d’administration se réunit une quinzaine de fois pour tout reprendre à la base. « Nous sommes partis tout de suite sur les constats de notre échec, c’est-à-dire l’humain, indique-t-il. Il fallait retrouver et recréer de la communication. Pas s’occuper du matériel ou du côté financier mais redonner la place principale à l’humain. C’est la base. Le but était que tout le monde puisse prendre la parole, qu’il n’y ait pas de non-dit. Il fallait reformer un groupe, une équipe car une équipe est plus forte qu’un individu. »

Retravailler sur les fondamentaux

Le nouveau conseil d’administration voulait donner plus d’agilité à la cuma, plus de lisibilité pour les adhérents et plus de transmissibilité pour le renouvellement des responsables et l’accueil de nouveaux adhérents. « Il fallait que nous ayons des places interchangeables, souligne le président. Chacun avec des responsabilités suivant ses motivations mais pas chacun dans son coin, toujours en s’appuyant sur le groupe. » La première étape a été de reprendre les fondamentaux. Les statuts d’une cuma ont été posés sur la table et réexpliqués à tous. Ensuite, le règlement intérieur a été entièrement repensé. « Il précise les statuts et s’adapte au fonctionnement désiré de la cuma. Le règlement intérieur définit les règles, c’est l’arbitre. »

Des boîtiers connectés pour remplacer les carnets

La cuma a aussi fait le choix d’investir dans des boîtiers connectés Karnott. Cela répondait à des problématiques comme des carnets perdus ou des suspicions entre adhérents. « Pour nous, les boîtiers sont considérés comme des matériels, précise l’agriculteur. Nous avons donc, comme pour tous les autres matériels, un responsable des dix boîtiers connectés que possède la cuma. » Celui-ci s’occupe de la recharge des batteries et de leur installation sur les matériels. Le boîtier est impartial et c’est ce que nous recherchions. Dans l’avenir c’est un outil qui conservera sa place dans la cuma. Il permet aussi de géolocaliser les matériels et de mieux organiser les chantiers.

La cuma de Paulhac développe l’intercuma

Durant cette période de redressement de la cuma, le conseil d’administration est aussi allé à la rencontre d’autres cuma. Pour étudier des fonctionnements différents, prendre des idées, échanger et aussi pour solliciter des avis avant d’investir dans certains matériels. « Nous avons constaté que dans notre cuma comme dans les autres, les adhérents s’éparpillaient, note François Hivernat. Certains viennent chez nous pour un seul matériel. Puis ils vont dans une autre pour un autre matériel. On se retrouve alors aujourd’hui avec une cinquantaine d’adhérents et un noyau dur de seulement vingt personnes. On ne peut pas dans ces conditions créer un vrai groupe. » La cuma a donc communiqué avec ses voisines car « plutôt qu’une valse des adhérents entre différentes cuma, il serait mieux de travailler en intercuma et c’est ce que nous avons fait pour l’investissement dans une mini-pelle. L’intercuma, c’est aussi plus gérable au niveau humain. Cela permet aussi d’investir dans des matériels et de mieux les rentabiliser. »

Pour l’avenir, la cuma de Paulhac pense développer l’intercuma. « L’agriculture va continuer d’évoluer. Il nous faut trouver des solutions pour conserver des charges de mécanisation les plus basses possibles tout en n’augmentant pas notre temps de travail. Pour cela, il faut continuer à augmenter les débits de chantier avec des matériels de plus en plus performants. Or, seule la cuma nous permet de les acquérir. »

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