Stockage, savoir préserver la qualité des fourrages

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Stockage, savoir préserver la qualité des fourrages

Le stockage est le dernier maillon de la chaîne avant la distribution du fourrage au troupeau. Pour chaque mode de récolte, le stockage final est important pour conserver les caractéristiques et les qualités des différents fourrages. Il faudra avoir respecté en amont l’ensemble des préconisations.

L’enrubannage est la technique qui offre le plus de souplesse par rapport aux rendements des parcelles. Cette méthode est préconisée lors des coupes à faible rendement pour limiter le coût de la récolte, mais elle apporte une plus grande variablité de la valeur alimentaire de chaque balle. Que ce soit en monoballe ou en continu, il faut apporter une grande importance à la formation de la balle ronde (beaucoup plus utilisée que la balle cubique en enrubannage) et à sa densité. Avoir une botte bien cylindrique et régulière permet une pose parfaite du film, sans manque de couche, ni surépaisseur. Cela est nécessaire pour limiter l’oxygène dans le fourrage et permettre une bonne conservation. Il faut limiter le temps entre le pressage et la mise sous film pour éviter la déformation des balles et éviter que le fourrage devienne agressif. L’utilisation d’un combiné presse-enrubanneuse est à privilégier du fait de la non déformation de la botte et du court laps de temps entre la formation de la balle et l’enrubannage. Il est conseillé de mettre au minimum 4 couches de film de 100 microns avec un taux d’étirage autour de 60%. Veiller également à protéger l’enrubannage des oiseaux et des rongeurs.

Le silo tour

Silo conservation fourrages

Sur le silo, des boudins de sable placés à la périphérie et tous les 2 m sur le dessus sécurisent l’étanchéité.

Les silos couloirs ou horizontaux sont les plus répandus en France au détriment des silos tours ou verticaux. Pour ces derniers, le fourrage est donc entreposé dans une structure verticale dans laquelle le tassage se fait naturellement par gravité. Ils garantissent une bonne étanchéité et sont bien adaptés aux systèmes d’alimentation automatisés. L’investissement important et le faible débit de chargement sont les deux points négatifs de ce système.

Bien tasser

tasser le silo

Poids des engins sur le silo occupés à tasser : viser le tiers de ce qui est livré en MS à l’heure.

Les silos «classiques», taupinière ou couloir, sont au contraire plus adaptés à une mise en place rapide à la récolte et facilement adaptables à une reprise plus classique à la désileuse. Si la largeur et la hauteur de la taupinière se déterminent à la récolte, pour le silo couloir, les murs ont une hauteur et une longueur données. Ces dimensions doivent être réfléchies et adaptées au cheptel pour permettre une avancée régulière du front d’attaque et éviter les échauffements (viser 20 cm par jour, attention au silo de printemps !). Pour ces silos, un sol stabilisé bétonné est à privilégier pour garantir de bonnes conditions lors de la confection et à la reprise. Le but est d’obtenir rapidement un milieu anaérobie, avec un pH inférieur à 4, en favorisant les fermentations lactiques. Ces conditions permettent d’éviter les échauffements et les moisissures à la reprise du front d’attaque. Le tassage est donc primordial pour chasser le maximum d’oxygène et pour cela il faut respecter deux critères principaux : une longueur de coupe adaptée, 8 à 12mm pour le maïs et de 20 à 40mm pour l’herbe (attention, plus le taux de MS est élevé plus la longueur de coupe sera réduite), et un matériel en adéquation avec le débit d’arrivée au silo. Attention aussi à tasser des couches régulières de 20-30cm de maïs ; au-delà le tassage est moins efficace.

Une couverture étanche

Enfin l’étanchéité finale doit également être faite rapidement (maximum une heure après la fin du tassage). Elle sera obtenue grâce à un film plastique dont le choix et la mise en place sont à faire avec rigueur. L’optimum est d’utiliser un film transparent (50microns) qui se plaque parfaitement au silo et un film de couleur plus épais (de 150 à 180microns) pour la couverture finale. Pour lester au mieux le silo, les boudins de sable sont conseillés pour leur simplicité de mise en place. A positionner sur toute la périphérie du silo et tous les 2mètres maximum sur la largeur. Un filet peut être positionné par dessus l’ensemble pour éviter les dégâts causés par les nuisibles (oiseaux, renards…).

Silo boudin fourrages

Le stockage en gaine souple assure un démarrage rapide de la fermentation.

Le silo boudin

L'avis d'Yves-Marie Le Cozannet

Les avantages du boudin
« J’utilise le stockage en boudin depuis depuis 2012, avec une pause en 2014 car je n’avais pas de prestataire», explique Yves-Marie Le Cozannet.
Ce type de stockage à, selon lui, plusieurs avantages : «Il permet un chantier propre pour un maïs ensilage bien tassé et bien conservé.» Le chantier est un peu plus lent du fait du temps de vidange des remorques mais reste correct : «Il faut un peu plus de 3 minutes pour vidanger une remorque de 15 tonnes.» Pour la mise en place, il faut privilégier une surface dure, «au moins stabilisée, voire bétonnée, pour éviter les risques de perçage et faciliter la reprise», et penser également «à protéger le boudin des corneilles et des renards».
La fermentation se fait plus rapidement du fait de la mise en anaérobie rapide et de la fermeture complète de la gaine : «En 10 jours contre un mois auparavant en silo couloir», soit moins de perte au tas, de très bonnes valeurs en acides acétique et lactique. Les problèmes de butyriques, de front d’attaque et d’étourneaux, sont également écartés. Pour la reprise : «Il y a beaucoup moins de manutention, je coupe simplement la bâche au fur et à mesure de l’avancement et je charge mon godet. La première année d’utilisation, j’ai ensilé mes 15 ha, quand finalement 9 ha auraient été suffisants du fait de la perte proche de zéro et du gain en valeur.»
La bonne qualité a permis finalement «une augmentation de la production de lait et une évolution sensible des taux». Le surcoût est estimé à 300 €/ha par rapport à un silo couloir avec tasseur «mais apporte une sécurité, un confort et une qualité sans comparaison".

Témoin silo boudin

Yves-Marie Le Cozannet, éleveur à Minihy-Tréguier (22), avec 35 pies rouges, 15 ha de maïs ensilage. «Le stockage en boudin ? 0 perte, 0 butyrique et une reprise sans effort.»

Autre type de silo de type horizontal : le stockage en gaine souple ou silo boudin. Cette technique très utilisée pour les céréales ou le maïs grain humide reste encore marginale pour les fourrages. Le chantier d’ensilage se déroule de la même façon qu’un chantier classique (plutôt à l’ensileuse qu’à l’autochargeuse) à la différence qu’il n’y a pas de tasseur et qu’il n’y a pas de silo à couvrir à la fin. Le boudin se fait grâce à une machine, tractée le plus souvent par un tracteur. Une trémie de réception permet de vidanger les remorques avant qu’un rotor charge et comprime le fourrage dans la gaine. Celle-ci se déroule au fur et à mesure du remplissage. Le principal avantage est la mise en anaérobie presque instantanée du fourrage et donc une fermentation qui démarre très rapidement. La densité est proche de celle d’un stockage en silo classique, autour de 220kg MS/m3. La reprise est relativement simple et adaptée avec un godet (distribution au godet classique, au godet désileur, ou avec mélangeuse).

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