À Loriol-sur-Drôme, l’Earl Clair est une exploitation arboricole de 40 ha depuis quatre générations avec des cerisiers, des abricotiers, des kiwis, des grenadiers et des figuiers. Découvrez comment il utilise l’agrivoltaïsme comme protection pour ses cultures.
L’agrivoltaïsme à la rescousse des cerisiers
« Depuis déjà quelques années, nous avons des aléas climatiques de plus en plus fréquents », indique Adrien Clair, qui dirige l’exploitation avec son père. « Le gel en 2020 et 2021, la grêle en 2018, sans compter les canicules qui sont de plus en plus fréquentes. Sur l’exploitation, la volonté était d’augmenter la surface des cerisiers », précise-t-il.
« Par contre, il fallait pouvoir sécuriser la production en luttant contre la principale problématique de la culture qui pour nous est l’éclatement des fruits. » Cela se produit quand la cerise est en train de mûrir et qu’elle est exposée à la pluie. Des bâches de protection existent, « mais l’installation est coûteuse et il faut renouveler les bâches tous les 5 à 8 ans. »
La solution apparaît en 2019 avec la rencontre de Sun’Agri qui présentait le concept de l’agrivoltaïsme lors du salon Tech & Bio.

Pour Adrien Clair, « l’agrivoltaïsme est avant tout un outil permettant de résoudre des problématiques de protection de la culture des cerisiers ».
Agrivoltaïsme et protection des cultures : la solution adoptée
« Le concept nous a plu, explique l’agriculteur. En plus d’une protection contre la pluie, on pouvait espérer autre chose. Profiter de l’ombre des panneaux photovoltaïques pour lutter contre les canicules précoces, une protection contre la grêle et aussi le gel. »
Ensuite tout est allé très vite. En 2022, une première installation est mise en place sur une parcelle 1 500 m² de cerisiers d’une vingtaine d’années. « Cette parcelle, à laquelle est accolée une parcelle témoin sans couverture de panneaux, sert pour l’expérimentation. Elle permet de tester l’orientation des panneaux pour trouver le juste milieu entre la production d’électricité et les besoins de la culture », souligne l’agriculteur.
À la fin de la même année commence l’installation d’une structure de 2,7 ha sous laquelle viennent prendre place plus de 3 000 plants de cerisier de 23 variétés différentes. Dans ce cas aussi, une parcelle témoin est installée à proximité avec les mêmes variétés.
Chacun son métier
On en vient maintenant à une question que beaucoup se posent. Qui gagne quoi ? Ou plutôt, comme dirait un président de l’autre côté de l’Atlantique : quel est le deal ? « C’est très simple, explique Adrien Clair. Sun’Agri installe la structure à ses frais et nous, nous mettons les cerisiers en dessous. Sun’Agri produit de l’électricité et nous, nous produisons des fruits. Nous profitons ainsi de la protection des cultures par les panneaux solaires et Sun’Agri dispose de place pour son installation. » Il n’y a donc aucun échange d’argent ou pratiquement aucun. Pour l’installation de la structure, un bail emphytéotique a été signé, mais avec un loyer extrêmement symbolique.
Pour que le deal fonctionne, il faut que ce soit du gagnant-gagnant. Il faut donc prendre en compte la production d’électricité, mais aussi les besoins de la culture. « Pour les cerisiers, nous avons besoin de soleil de la mi-mars pour la floraison jusqu’à la mi-juillet, soit la fin de la récolte. » Durant cette période, les panneaux sont orientés de manière à optimiser la culture. Ensuite, c’est la production d’électricité qui est privilégiée.
Mais l’agriculteur garde la main pour modifier l’orientation des panneaux en cas de besoin. « S’il y a un risque de pluie ou de grêle, il est possible, via une application sur smartphone, de mettre les panneaux à plat en mode protection en moins de deux minutes. »

Installée sur une parcelle de 2,7 ha, la jeune plantation de cerisiers bénéficie de la protection des panneaux photovoltaïques avec des premiers résultats encourageants.
Agrivoltaïsme et protection des cultures : 3 ans de recul avec des observations positives
Il est déjà possible de tirer des enseignements sur la jeune culture de cerisiers installée sous la structure. « Par exemple, on remarque que par rapport à la parcelle témoin, on gagne entre 30 et 50 % d’irrigation suivant les années », calcule-t-il. Il y a aussi des différences sur la vigueur entre les deux parcelles. « L’année dernière, le printemps était plutôt froid et pluvieux. La parcelle témoin a mieux poussé. En revanche, quand les températures ont augmenté durant l’été, nous avons constaté que le feuillage restait plus vert sous les panneaux et que la pousse des arbres était plus importante. »
Concernant la protection contre la pluie, il n’y a pas encore de résultats étant donné que le jeune verger n’est pas encore en production. « Mais l’année dernière, nous avons subi un épisode de grêle. La parcelle témoin a été fortement impactée, mais nous n’avons constaté aucun dégât sous les panneaux. Ils ont protégé les arbres. Un bon résultat qui peut être extrapolé pour les épisodes pluvieux. »
Au début du mois de mars 2025, il y a aussi eu un épisode de gel. « Nous n’avons observé aucune conséquence sur les cerisiers, mais visuellement, on remarquait de la gelée blanche sur les entre rangs, mais pas sur les rangs qui ont bénéficié d’une protection des panneaux. Toutes ces observations s’étalent sur trois ans seulement. Il faut encore attendre un peu pour tout valider, même si les résultats sont très encourageants. »
Un voisinage à prendre en compte
« C’était pour nous une obligation de mettre au courant le voisinage de notre projet », assure Adrien Clair. « Il y a trois ans, nous étions parmi les premiers à nous lancer dans l’aventure de l’agrivoltaïsme. Il fallait expliquer, éviter les confusions avec les champs photovoltaïques. » Pour cela, tout le voisinage était invité à une réunion à la mairie. Nous avons présenté le projet. Chacun a pu avoir une réponse à ses questions.
« Nous avons même proposé de faire un déplacement sur un projet existant pour lever les derniers doutes. Nous avons également trouvé un maire compréhensif. La parcelle était aussi parfaite pour le projet, entourée de haies et sans résidences secondaires à proximité. Pour des projets comme le nôtre, tout doit commencer par de la communication », conclut Adrien Clair.
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