Colère agricole : que propose le Gouvernement à 3 jours de l’ouverture du SIA ?

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Colère agricole : que propose le Gouvernement à 3 jours de l’ouverture du SIA ?

Le Premier ministre entend inscrire l’objectif de souveraineté agricole et alimentaire dans la future loi d’orientation.

Ce mercredi 21 février, le Premier Ministre entouré des Ministres de l’économie, de l’agriculture et de l’écologie a tenté de calmer la tempête, à trois jours de l’ouverture du salon de l’agriculture. Que propose-t-il ?

Une certaine fébrilité agite l’exécutif face à la colère agricole qui a commencé à s’exprimer depuis près d’un mois maintenant. Pour appuyer son propos, le Premier ministre Gabriel Attal avait convoqué à ses côtés le 21 février, Bruno Lemaire, Marc Fesneau et Christophe Béchu.

Exit le Nodu, place au HRI1

Une des annonces susceptibles d’apaiser le mécontentement des agriculteurs protestataires est l’abandon de l’indicateur Nodu, utilisé jusqu’ici pour mesurer la réduction d’usage des produits phytosanitaires. Il serait remplacé par l’indicateur HRI1. Un choix que dénonce les organisations écologistes qui considèrent qu’il s’agit là d’une entourloupe pour masquer l’abandon pur et simple de l’ambition affichée par les pouvoirs publics de réduction de pesticides en agriculture. Le Premier ministre a sur ce point évoqué l’anomalie que constituait l’usage exclusivement franco-français de cet indicateur.

Cette annonce intervient après le prolongement de l’exonération des taxes TICPE sur le GNR. Pour certains observateurs, c’est le symbole d’un recul du gouvernement en matière d’objectifs environnementaux.

Egalim : un texte complémentaire d’ici l’été

D’autre part, le non-respect des principes constitutifs de la loi Egalim hérisse les poils des exploitants. Ceux-ci estiment en effet ne pas être rétribués à la hauteur de leurs coûts de production réels. Or, c’était précisément l’objectif de cette loi.

C’est pourquoi, après les trois versions successives Egalim 1, 2 et 3, le Premier Ministre annonce un texte complémentaire sur le sujet, d’ici l’été

Plus de souveraineté

La question de la souveraine alimentaire est revenue en force dans la déclaration du Premier Ministre. Même si cette notion est sujette à interprétation. Pour étayer son projet dans ce domaine, il annonce vouloir « accélérer dans la restauration collective», en augmentant la part des produits durables, de qualité, et bio. Le gouvernement va organiser sur ce sujet « une conférence des solutions » associant les collectivités locales et l’Etat.

Plan élevage, retraites, emplois saisonniers étrangers, …

Dans son discours, Gabriel Attal annonce des initiatives sur différents points qui ont fait l’objet récemment de revendications portées par les organisations syndicales agricoles. Citons : l’adoption d’un plan d’élevage d’ici l’été alors que ce secteur est confronté à différents écueils telles que les épidémies bovines ou aviaires qui fragilisent les exploitations.

Le niveau des retraites agricoles, plus faible que dans les autres secteurs professionnels, va faire aussi l’objet d’un travail approfondi. L’enjeu serait de réaligner des modalités de calcul des pensions de retraite des agriculteurs sur celles des autres catégories socio-professionnelles, pour ne pas désavantager les chefs d’exploitation à la retraite.

Le Premier Ministre est intervenu aussi sur la problématique de la main d’œuvre saisonnière qui manque dans les exploitations pour assurer le travail à certaines périodes de l’année. C’est pourquoi, il est prévu de « faciliter grandement l’attribution de visas ».

Calmer la colère agricole : un exercice ardu !

Au final, cette intervention traduit l’intention du Gouvernement de ne pas laisser pourrir la situation à quelques mois seulement des prochaines élections européennes, et à quelques jours de l’ouverture du salon de l’agriculture ! Sinon le coût politique risquerait d’être élevé. Alors que l’opinion prend fait et cause en effet pour ses paysans. L’exercice est cependant ardu. La situation des finances publiques, très tendue, n’ouvre guère de marge de manœuvre. Et paradoxalement, la société comprendrait mal que l’on recule excessivement sur les exigences environnementales…

Enfin, le contexte pré-électoral des élections aux Chambres d’agriculture présente un risque de surenchère entre organisations syndicales. On observe en parallèle un cumul de revendications quelque peu disparates, d’un secteur à l’autre ou d’une région à l’autre. Dans ces conditions, difficile prioriser les principales demandes à satisfaire pour soulager le malaise actuel que vit une fraction importante d’agriculteurs.

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