Une drôle de bineuse à caméra s’aventure dans les parcelles de céréales de la Ferme les champs de Bray lors d’une démonstration le 21 mai. Son nom ? Caméléon ! Quelles sont les spécificités de cet outil ? Est-il efficace ? Éléments de réponse avec les avis des deux premiers utilisateurs du Caméléon en France.
Le Caméléon sème, bine et fertilise
À l’automne, c’est avec ce même matériel que Thomas Fourdinier, associé de l’exploitation, avait semé la culture. Il explique : « L’idée, c’est de semer en bandes et de générer de l’écartement. » Ainsi, l’agriculteur crée une partie où il reste possible de biner, tandis que dans la bande de culture, très dense, la forte concurrence freine le développement des mauvaises herbes. « En binant ainsi 70 % de la surface de la parcelle toute l’année », le cultivateur espère gérer sur le long terme la pression, notamment des vivaces. De plus, « ça nous évitera de devoir consacrer le mois d’août à scalper le terrain. Donc, nous pourrons implanter plus tôt nos couverts, ainsi restaurer la fertilité de la terre que l’on perd facilement en bio. »
Le nombre de ses passages sera en fonction de la problématique principale de la parcelle, le Caméléon autorisant des binages tardifs. D’ailleurs, fin mai 2025, la démonstration de binage avait notamment lieu dans un blé. « En même temps, on peut semer un engrais ou un couvert dans l’interrang », glisse Victor Leforestier. Il est le second propriétaire du nouveau matériel. C’était pour lui une motivation essentielle de l’investissement. « On sait que semer des légumineuses dans les céréales est bénéfique. Mais la réussite est très aléatoire. »
L’agriculteur de Sainte-Colombe, dans le Pays de Caux, se définit comme « exigeant ». Il compte sur cet outil à dents, « précis et polyvalent » pour sécuriser ce genre d’itinéraires.
Impact attendu sur la pression des adventices et la vie du sol
La précision du guidage repose sur un double système. D’une part, un détecteur d’angle sur l’attelage K80 force l’outil à rouler exactement au même endroit que le tracteur. D’autre part, une caméra détecte les bandes de culture afin d’affiner le placement des éléments. Ces derniers sont fixés sur un bâti décalé par vérin hydraulique.
Thomas Fourdinier explique : « Le principe est qu’au binage, chaque élément retombe à côté de son passage au semis. Ainsi, on vient vraiment au ras de la bande. » Les copropriétaires apprécient en outre le débit de chantier de leur machine semi-portée de 8 m. Avec un tracteur d’à peine 150 ch, « on sème à 7 km/h ».

Thomas Fourdinier et Victor Leforestier, agriculteurs respectivement installés à Avesnes-en-Bray et Sainte-Colombe, sont les premiers utilisateurs du Caméléon en France (©Entraid).
Avis d’utilisateurs du Caméléon : peu gourmand en puissance
Les deux agriculteurs ont opté pour un écartement de 25 cm, arguant que des essais montrent qu’il n’y a pas d’impact sur les rendements par rapport à des implantations classiques. « Néanmoins, je n’étais pas prêt à aller jusqu’à un écartement de 33 cm. » exprime Victor. Tout en reconnaissant que des utilisateurs 100 % bio privilégieraient plutôt un écartement de 33 cm pour maximiser la proportion de surface binée et ainsi pour favoriser l’action de nettoyage.
Les rubans de culture dans les parcelles de démonstration faisaient 8 cm de largeur. Pour autant, selon les pièces adaptées, l’engin bine ou sème en bande plus ou moins large (voire en ligne). Les utilisateurs précisent que changer l’ensemble des éléments nécessite une intervention d’une heure à une heure et demie.
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