« On fait ce qu’il faut pour se préserver ». C’est avec ces termes que Benoît Carré, PDG de l’entreprise vendéenne Carré, a expliqué, mardi 29 avril 2025, le placement de sa société familiale en redressement judiciaire par le Tribunal de Commerce de la Roche-sur-Yon. « Aujourd’hui, l’activité continue. On a une trésorerie qui permet de poursuivre nos activités. On a simplement eu une baisse brutale de notre chiffre d’affaires, avec une division par quatre du nombre de machines produites. Il fallait donc trouver une solution qui nous permette de décaler et d’étaler nos échéances ».
Redressement judiciaire de Carré : vers une recapitalisation financière
Pour passer la tempête puis tenter de rebondir, la stratégie de Carré repose sur deux piliers.
« Il y a deux phases dans notre plan, confie Benoît Carré. D’une part, il s’agit de se préserver. D’où le placement de la société. D’autre part, sur le second semestre de 2025, nous lançons une campagne de recapitalisation financière à l’aide de fonds vendéens. Plusieurs vont s’associer pour apporter au capital. Nous espérons réunir un million d’euros d’ici à la fin de l’année. Ces fonds proviendront de tous les horizons, dont l’économie agricole. Une partie devrait rentrer au capital de façon très minoritaire ».
Objectif inverser la tendance
Les futurs bienfaiteurs n’entreront pas au conseil d’administration. « La contrepartie est plutôt qu’ils aident à former un conseil stratégique qui se réunirait régulièrement. D’autant qu’ils ne se connaitront pas forcément tous. Il y a donc une forme de mise en relation et de réseau ». Ou comment mutualiser les expertises au sein d’un groupe.
Cette double action de placement en redressement et de recapitalisation s’inscrit enfin dans une stratégie qui verrait « un inversement de tendance » pour Carré dans le courant de l’année, avec si ce n’est une stabilisation du chiffre d’affaires, sinon une reprise de l’activité à la hausse.
Sous-traitance et exports comme leviers
Si la crise économique dans le machinisme agricole touche principalement les fabricants d’outils pour les grandes cultures, sans avoir encore comment sera la moisson 2025, Carré a depuis longtemps d’autres activités.
« La sous-traitance nous permet d’aller chercher d’autres activités, explique Benoît Carré. C’est une branche qui s’est bien portée jusqu’à l’an dernier. Mais nous avons subi une baisse de 15 % de son CA. En parallèle, depuis début 2025, nous arrivons à pénétrer de nouveaux marchés à l’export sur la machine agricole. Il s’agit notamment de la Grèce, de la Roumanie et de la Croatie. Ce ne sont pas de gros marchés, mais c’est nouveau pour nous. Aujourd’hui, 35 % du CA machines est à l’export ».
Redressement judiciaire de Carré : un maintien de l’emploi
Des notes optimistes et un plan stratégique, certes de court et moyen terme, mais qui permet à Carré de garder 80 salariés en activité. « Nous avons quand même dû diminuer le personnel, en supprimant les postes intérimaires et en ne renouvelant pas les CDD et les départs. Cela s’est ajouté à un plan qui concernait six personnes en mai dernier ».
En effet, Benoît Carré avait déjà dû prendre des décisions face à une baisse du CA entamée il y a deux ans. « On est passé de 22 M € de CA en 2022 à 9 M € en 2024. C’est vraiment brutal ». Il était donc devenu indispensable de mener une réflexion stratégique visant à assurer la pérennité de l’entreprise et la protection de ses emplois.
Dans un précédent communiqué, l’entreprise Carré écrivait qu’elle tenait à « rassurer ses clients et partenaires sur sa volonté de maintenir la qualité de ses services et produits durant cette période [de placement en redressement judiciaire]. L’entreprise s’engage à communiquer de manière transparente sur l’avancement des démarches et à tout mettre en œuvre pour retrouver une situation financière saine ».
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