Co-construire des projets durables avec les Cuma

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Co-construire des projets durables avec les Cuma

De droite à gauche : Guenael Hamelin (président de la Cuma), Jean-Christophe Rolland (chargé d’affaires au Crédit agricole), Frédéric Pavy (responsable des salariés de la Cuma).

Le Crédit Agricole accompagne les Cuma dans la transition énergétique. En Ille-et-Vilaine, le Crédit Agricole a spécialisé un chargé d’affaires pour conseiller les Cuma dans ces nouveaux investissements. Reportage à la Cuma Les landes fourragères à Martigné-Ferchaud.

A l’occasion de ses soixante ans fêtés en juin, la Cuma Les landes fourragères à Martigné-Ferchaud (Ille-et-Vilaine) s’est offert un bâtiment tout neuf dédié à un projet taillé pour l’avenir. « Chaque exploitation compte en moyenne six à huit kilomètres de haies, estime Guenael Hamelin, président de la Cuma. Et il y a des projets de replantation en lien avec le programme Breizh Bocage piloté par la Région Bretagne. » La Cuma est donc équipée depuis plusieurs années d’une déchiqueteuse pour valoriser les tailles de haies, via l’association Collectif bois bocage 35 (CBB 35) qui fournit les chaufferies à biomasse du département.

« De vraies petites PME »

A la communauté de communes « Roche aux fées communauté », l’ambitieux Plan climat air énergie territorial (PCAET) visant à devenir Territoire à énergie positive, soutient le développement de ces réseaux de chaleur bois : à Janzé, Retiers, Martigné-Ferchaud et Coësmes. Le chauffage des bâtiments publics et collectifs mobilise près de 3 000 tonnes de bois par an dont 30 % issus de la ressource bocagère. « Avec l’objectif d’atteindre 50 % de bois bocager local, CBB 35 avait besoin de louer une nouvelle plateforme de stockage, explique Guenael Hamelin. Du côté de la Cuma, le conseil d’administration souhaitait développer des projets vertueux répondant aux attentes sociétales. Nous avons donc proposé de créer cette plateforme. »

Batiment stockage cuma bois déchiqueté

Le bâtiment a vocation à stocker 700 tonnes de bois déchiqueté.

D’une surface de 1 275 m2, le bâtiment a vocation à stocker 700 tonnes de bois déchiqueté ainsi que du matériel pour la Cuma. Le devis s’élève à 350 000 euros incluant un pont bascule. La Cuma étant déjà équipée de panneaux photovoltaïques, elle envisage de couvrir aussi le nouveau bâtiment, soit un budget additionnel de 250 000 euros. « Les Cuma, de même que les ETA, sont de vraies petites PME, constate Jean-Christophe Rolland, chargé d’affaires Cuma et ETA au Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine. Certaines fusionnent, les chiffres d’affaires se développent et les besoins en financement deviennent conséquents. C’est pour mieux répondre à leurs demandes que le poste de chargé d’affaires spécialisé a été créée en Ille-et-Vilaine il y a quatre ans. L’objectif est d’être un interlocuteur privilégié et expert dans leur domaine d’activité. »

Un expert en énergies renouvelables du Crédit Agricole en appui

Le banquier s’est donc impliqué au-delà du financement, dans la co-construction avec la Cuma. Le projet de bâtiment avec panneaux photovoltaïques a été étudié par un expert en énergies renouvelables appartenant au Pôle environnement du Crédit Agricole, qui a épaulé le chargé d’affaires. « Nous avions deux devis qu’il nous a aidés à analyser, indique Guenael Hamelin. Nous n’avons pas choisi l’option la moins chère. Nous avons plutôt veillé à l’aspect qualitatif et à la productivité des panneaux, et nous avons demandé une extension de garantie à quinze ans sur son conseil. Cette expertise extérieure et neutre fût appréciable. »

Pont bascule cuma batiment

Le pont bascule permet de peser le bois vert arrivant des exploitations et payé par CBB, puis le bois sec livré par la Cuma aux chaufferies.

Récupération des eaux de pluie

La Cuma a finalement contracté plusieurs emprunts auprès du Crédit Agricole : deux prêts d’une valeur totale de 352 000 euros financent le bâtiment, dont 180 000 euros sur quinze ans, et 172 000 euros sur 24 mois remboursables à échéance pour couvrir les subventions à venir (Fonds européens Leader, Ademe, Roche aux fées communauté). Un troisième prêt de 255 000 euros sur quinze ans finance les panneaux photovoltaïques. La production de 250 kWc revendue à 12 centimes/kW devrait générer un chiffre d’affaires de 31 500 euros/an. « Cette vente d’électricité est un moyen de générer de la capacité de remboursement » souligne Jean-Christophe Rolland. « Nous valorisons la toiture tout en renforçant la durabilité de notre projet, justifie de son côté Guenael Hamelin. D’ailleurs, nous avons aussi installé un système de récupération des eaux de pluie avec 11 000 litres de stockage, pour le lavage de nos machines. »

Enfin, un quatrième prêt de 244 000 euros finance 60 % de l’investissement en copropriété avec une autre Cuma (subventionné par le Conseil départemental), dans un ensemble autonome tracteur et nouvelle déchiqueteuse pour faire face aux chantiers.

« Un rôle à jouer »

« Face à un tel volume d’emprunts, nous avons besoin d’un interlocuteur bancaire disponible et réactif » reconnaît Guenael Hamelin. « C’est important d’être présent aux côtés des agriculteurs afin qu’ils s’adaptent avec ces projets de transition, répond Jean-Christophe Rolland. Nous avons un rôle à jouer, nous voulons être proactif. Un collectif comme une Cuma représente un noyau solide, rassurant pour un financeur. Le contrat de douze ans pour l’achat de bois bocager contracté avec le gestionnaire des chaufferies de Roche aux fées communauté est aussi un atout. »

Le président de la Cuma Les landes fourragères est convaincu qu’il faut encourager l’usage du bois bocager, une source d’énergie locale non soumise à la spéculation. « Avec la flambée des prix en 2022, les utilisateurs des chaufferies bois ont vu l’avantage pour maîtriser la hausse des charges, observe-t-il. Les projets de valorisation du bois bocager sont vertueux et donnent en outre une image innovante de l’agriculture. »


La Cuma Les landes fourragères en chiffres :

  • 90 adhérents polyculteurs-éleveurs
  • 20 membres au conseil d’administration
  • 9 salariés et 2 apprentis
  • 10 tracteurs, 3 moissonneuses-batteuses, 2 ensileuses, 2 tonnes à lisier
  • Chiffre d’affaires = 1,45 M€