Des collectifs agricoles en mouvement

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Des collectifs agricoles en mouvement

François Purseigle, sociologue et chercheur, interviendra à l’assemblée générale de la fdcuma des Deux-Sèvres le 7 décembre.

De grandes ruptures écologiques, sanitaires, culturelles et économiques ont profondément modifié le monde agricole. Ces mutations s’intensifient. Elles façonnent un nouveau panorama de l’agriculture, où la place des groupes est à repenser.

Hier encore, les agriculteurs étaient les garants implicites d’un équilibre entre l’économie des marchés agricoles et la gestion de l’environnement naturel sur leur exploitation. Aujourd’hui, ils sont soumis aux règles des marchés financiers agricoles. Et dans le même temps, chaque jour ils sont interpellés par la fragilité du système vivant. Cette réalité se traduit par une difficulté aigue : conjuguer développement économique et développement durable.

Minoritaires

Autre mutation, démographique cette fois : en France, la population rurale augmente à un rythme annuel identique à la population nationale (0,7 %). Mais la part des ménages agricoles dans les espaces ruraux ne cesse de diminuer. Durant le XXe siècle, 4,5 millions d’actifs agricoles ont arrêté leur activité ! En dix ans, 26 % des exploitations agricoles ont disparu, selon les dernières estimations du recensement agricole de 2010. La population agricole au sein de la société française est minoritaire. Y compris au sein même des espaces ruraux.

Plus divers 

Dans cette sphère minoritaire, on retrouve des disparités croissantes. Les agriculteurs ne paraissent pas toujours faire le même métier ! Ils ne partagent pas forcément la même vision de leur profession, les mêmes logiques techniques ou stratégiques. A côté des formes d’agriculture « traditionnelles », construites autour de la figure paternelle du chef d’exploitation avec une main-d’œuvre majoritairement familiale, émergent maintenant des formes « plus entrepreneuriales », parfois financiarisées où le personnel est majoritairement salarié. Désormais, coexistent plusieurs types d’agricultures sur les territoires, qui se substituent à une profession autrefois homogène. Cette disparité des objectifs et des moyens de production, engendre des métamorphoses.

Nouvelles trajectoires

L’une d’elles est la mort de la figure du paysan naissant et mourant sur une même ferme. Désormais, l’agriculture est davantage une activité qui se choisit en avançant dans l’âge et qui peut également se quitter plus précocement. C’est une activité qui ne passe plus forcément par un héritage.

L’insertion dans le monde agricole n’est plus prédéterminée par les origines de sexe, âge ou filiation. On peut voir ainsi le nombre croissant d’installations plus tardives, de néo-ruraux et/ou de femmes. Ces nouveaux profils d’agriculteurs représenteront un nombre important d’installations dans le futur paysage agricole.

À chacun son propre « modèle »

Les « modèles » d’exploitations agricoles se font et se défont. Ceux qui arrivent dans le métier refusent parfois de s’intégrer d’emblée dans un cadre préétabli. En revanche, ils sont ouverts aux échanges d’expériences avec des questions qui ne se résument pas aux techniques de production.

Exemples : comprendre et gérer les risques de commercialisation, comment bien évaluer la solidité financière d’un projet. Il s’agit pour eux d’aller chercher des informations ou des références propres à leurs activités agricoles de manière à lever au maximum les incertitudes. Face à ces questionnements multiples, les agriculteurs qui s’appuient sur une diversité de coopérations et de groupes peuvent avancer plus facilement dans leur changement de pratiques ou de système. Entraide, copropriété, cuma, partages d’expériences, échanges de matières, ne sont-ils pas toujours de ce point de vue, des mots essentiels en agriculture ?