En Eure-et-Moir, la cuma de la relance

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En Eure-et-Moir, la cuma de la relance

Sylvain Cousseins et Frédéric Bellanger (de gauche à droite), respectivement trésorier et président de la cuma des Jonqueuses en Eure-et-Loir, en avril 2025. (©Entraid)

La cuma des Jonqueuses ou l'histoire d'une relance. Dans cette dernière, il y a un « avant covid » de réflexion et un « après » d’action. En 2020, le groupe d’Eure-et-Loir récupère 11 adhérents et lance de nouveaux projets. Et en 2025, il reste sur le qui-vive.

Charnière, l’année 2020 le fut à plus d’un titre. Par chance et par opportunisme, la cuma des Jonqueuses a saisi l’occasion du Plan de relance pour repartir de plus belle. Créée en 1992 entre Beauce et Yvelines, sur des terres variées, riches à difficiles, son activité a d’abord réuni cinq-six adhérents autour d’un tracteur et d’une suceuse à grains, avant de connaître une « traversée du désert ».« Puis en 2020, on a mené un travail de réflexion avec François Ferrando, conseiller machinisme de la fédération, pour savoir s’il fallait tout arrêter ou s’il y avait un espoir de repartir, se rappelle Frédéric Bellanger, président de la cuma. C’était juste avant la crise sanitaire du Covid-19. Ensuite, le Plan de relance était mis sur la table. Au cours de ces mois de 2020, nous avons recherché des adhérents et récupéré onze agriculteurs ! »

Remise à niveau pour la relance de la cuma

Ce virage de 2020 a permis de remettre la cuma en conformité sur le plan juridique et d’équerre au niveau financier. La cuma des Jonqueuses a ainsi pu profiter du Plan de relance pour investir. « Nous avons obtenu des aides et acheté un broyeur de couverts végétaux, une houe rotative Agriser, une bineuse Carré 12 rangs pour betteraves avec doigts Kress non guidée, etc. », décrit Frédéric Bellanger. Au préalable, les agriculteurs se sont beaucoup concertés. « L’objectif est de ne pas acheter seul. Et nous avons aussi eu beaucoup d’échanges techniques », précise le président.

Les adhérents ont réfléchi à la relance de la cuma.

Il y a en plus Patrice Guyot, éleveur adhérent de la cuma des Jonqueuses, autour de la herse étrille Horsch du groupe, ce mois d’avril 2025 en Eure-et-Loir. (©Entraid)

Une fois la dynamique lancée, l’utilisation des outils a nourri d’autres échanges et a permis de créer de nouvelles activités. « Nous avons profité du PCAE en 2022 pour investir dans une herse étrille Horsch de 12 m de large », complète-t-il. Malins et énergiques, les cumistes ont aussi su profiter d’une compensation agricole collective – ou CAC – dans la foulée. « Nous avons pu alors faire entrer dans le groupe une faucheuse andaineuse, souligne-t-il, avant d’ajouter. Car des agriculteurs se diversifient avec de la production de semence, luzerne semence, foin et pour du sarrasin. »

Les idées carburant de la relance de la cuma

Les adhérents ne manquent pas d’idées et aimeraient mutualiser encore d’autres moyens de production. « On réfléchit à un semoir SD, à une épareuse, à une herse à paille, à une mini-pelle, etc., énumère Frédéric Bellanger. Un tracteur de 150 ch polyvalent et d’occasion pourrait aussi être intéressant pour les outils de désherbage mécanique. Dans l’immédiat, avec les subventions SIAP à venir, on voudrait concrétiser un déchaumeur ou un scalpeur à petites dents, pour faire du faux semis. Mais c’est délicat, car limite pour le scoring qui aide à discriminer et valider les dossiers. »

Vu la dynamique, des recrutements d’adhérents sont possibles dans le rayon d’action du groupe, 15 à 20 km entre Roinville et Saint-Symphorien. « Mais l’objectif est de garder le matériel disponible, et de présenter des coûts accessibles. Sans compter l’esprit cuma », souligne l’agriculteur. Pour ça, on peut compter sur eux !

Polyvalence et transversalité des outils

Qui dit variété des productions, dit adaptation dans le choix des outils. Car dans la cuma des Jonqueuses, les adhérents cultivent colza, blé et orge. Il y a une trame commune dans les grandes cultures. Mais on trouve aussi des pommes de terre et de la betterave. Et certains conduisent des troupeaux de brebis, d’autres ont aménagé un poulailler. « On doit donc avoir des outils polyvalents et communs à plusieurs ateliers », confient Frédéric Bellanger et Sylvain Cousseins.

La houe rotative paraît être un bon exemple. « Elle sert à désherber, bien sûr. Mais elle est aussi utilisée pour écrouter, pour travailler les sols limoneux, et même pour aérer les prairies ! Elle fait aujourd’hui trois fois la surface prévue au départ. On était deux au départ sur cet outil qui vaut 18 k €. Maintenant, tout le monde est intéressé. Donc, on préconise systématiquement 5 ha d’engagement. On démontre ainsi à l’adhérent que les gains agronomiques peuvent être obtenus à un prix dérisoire. » À l’inverse, la cuma fait face à quelques « couacs ». Comme avec la bineuse à inter-rangs 50 cm. « C’est difficile de trouver du multiple de rangs entre adhérents ». S’ajoute à cela une usure importante des socs, à cause de terres plus sableuses et pouvant receler quelques galets.

La compétence dans la stratégie et la finance

Les Jonqueuses, c’est une cuma de « jeunes » – moyenne d’âge environ 43 ans – qui pour beaucoup ont bossé « à l’extérieur », dans d’autres secteurs ou dans l’agriculture amont/aval. Ces gars aiment échanger, réfléchir, gérer et ainsi « capter le plus intelligemment possible la subvention publique ». Au niveau organisationnel, ils échangent sur WhatsApp. Une boucle de discussion par matériel. Photos, avis, calendrier de disponibilité, tout y passe. « Ça fait grimper les heures d’utilisation et ça fait baisser le prix », soulignent-ils.

Et au niveau financier, ils peuvent compter sur des compétences dans le groupe. « J’étais dans la banque pendant un temps, glisse Sylvain Cousseins, le trésorier. J’aime toujours la finance et la gestion, donc je peux proposer des choix judicieux pour la cuma. Par exemple, ces temps-ci, garder de la trésorerie et emprunter quand on peut obtenir des taux bas. Cela permet de payer le quotidien avec sérénité. Je n’aime pas fonctionner sur de l’amortissement et de la plus-value. Mon meilleur conseil à la création ou à la remise en route de la cuma, c’est vraiment d’aller voir l’AGC » Stratèges, enfin. Car onze des treize adhérents n’ont pas d’autre choix que d’être administrateurs ! « Comme ça, on est sûr qu’ils restent, s’amuse presque Frédéric Bellanger. Et on fait tourner le bureau de la cuma. Il a été renouvelé d’un tiers en février. »

Les deux font la paire

Une histoire de longue date. Frédéric Bellanger et Sylvain Cousseins se connaissent depuis le BTA. Ils étaient dans la même classe en 1992. Puis chacun a suivi sa voie. Le premier vendeur en concession. Tandis que le second exerçait ses talents dans la banque ainsi qu’en semence potagère. Les deux ont repris l’exploitation familiale. Ils expriment avec enthousiasme leur fierté et leur envie de continuer.

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