Les cuma d’Eure-et-Loir prennent un virage. Car à l’ouest du département, dans le Perche, le premier hangar photovoltaïque cumiste est sorti de terre. Il est le fruit de l’engagement de 36 adhérents de la cuma des Buthons. Des agriculteurs en polyculture, élevages et grandes cultures, dont la plupart sont tout ou partie installés sur les 3 000 ha de la commune de Saint-Victor-de-Buthon. Particularité de ce projet : il appartient entièrement à la cuma. Démarré pendant le covid, il est aujourd’hui effectif et attend les premiers paiements d’Enedis.
Mobilisation autour du hangar photovoltaïque
La cuma sait se mobiliser quand il le faut, démontre Didier Barbet, son dynamique président depuis 2010. Par exemple, pour le hangar, après plusieurs prises d’avis sur le projet, non seulement les adhérents ont opté pour une indépendance financière, mais en plus, ils ont su tirer les prix.
Et ils se sont retroussé les manches pour des travaux. « Nous avons acquis le foncier attenant à un silo. Et c’est nous qui avons défriché la parcelle, se souvient Didier Barbet. Puis, nous avons creusé les tranchées, monté les murets, le local pour l’onduleur, la pièce d’eau, la salle de réunion, récupéré le mobilier, etc. »
Côté hangar, les cumistes comptent installer du chauffage pour le prochain hiver.

Les adhérents de la cuma des Buthons se sont retroussé les manches pour la construction du hangar. (©Entraid)
En plus du hangar, du matériel bien renouvelé
La cuma vient donc de passer des années très actives. Car outre le bâtiment, « l’an dernier, nous avons concrétisé plusieurs projets d’achats grâce aux dossiers de subventions sur les aides au matériel, décrit le président. La cuma a investi dans une faucheuse arrière déportée, un épandeur à fumier, un andaineur deux rotors, une faneuse huit toupies, une enrubanneuse, un broyeur sous clôture, etc. »
Le groupe polycultures élevages porte presque tous les derniers renouvellements et achats. Au total, la cuma compte 37 matériels. Le compte est bon. « On peut dire qu’il y en a un par adhérent ! », souffle-t-il avec malice.
Dans la perspective de faire leur semence, certains adhérents expriment aussi des envies de trieur, mais encore faut-il s’assurer d’engagements sûrs.
Prudente, la cuma a d’ailleurs fait machine arrière sur un dossier d’aide validé pour une bineuse. « Il n’y a pas eu assez d’adhérents prêts à s’engager », confirme le président.
Des projets… ou des rêves
À moyen, voire à long terme, il se dit également qu’une station de lavage pourrait être pertinente, notamment pour nettoyer les outils parfois très sales. « Cela pourrait aller jusqu’au pulvé, mais c’est un investissement plus gros et plus complexe », tempère Didier Barbet. Les idées fusent et les cumistes aiment à débattre. S’ils ne sont pas toujours d’accord, les groupes sont solides. Comme celui sur la presse. « Il y a eu huit presses en 25 ans. La dernière a posé beaucoup de problèmes. Heureusement, il y a une très bonne entente et le groupe a tenu. »
Malgré tous ces projets et cette bonne entente, Didier Barbet souhaite quitter la présidence. Désormais en retraite et lassé de la paperasse, même si la compta est réalisée par une AGC, le président veut en effet laisser sa place afin de faire rentrer des jeunes têtes. Justement, deux jeunes veulent mettre un pied dans la gestion collective.
En outre, une réflexion sur l’engagement d’un salarié est amorcée. Mais le sujet n’est pas encore assez mûr.
Un hangar, premier du genre
Aux Buthons, le collectif est divers, habile, prudent, mais il ose le changement, quitte à être les premiers du secteur avec un hangar. Et le groupe assume ses divergences. Il débat et met sur la table l’avenir du groupe et le renouvellement des générations.
28 ans, 36 matériels
Fondée en juin 1997 par quatre adhérents, la cuma des Buthons compte aujourd’hui 36 adhérents. Les plus éloignés ne sont distants que d’une quinzaine de kilomètres. « Grosso modo, 90 % des agriculteurs adhérents sont de la commune de Saint-Victor-de-Buthon », précise Didier Barbet.
Les agriculteurs se fédèrent autour des activités de travail du sol, de semis, de fenaison, d’épandage, etc. Il n’y a pas encore de traction à proprement parler. Ni de moissonneuse. Sauf trois automoteurs particuliers. Un chargeur télescopique pour la manutention au fumier, une mini-pelle de 3,8 t et un tracteur d’occasion qui ne sert qu’au débroussaillage.
Rassembler, protéger, pérenniser et produire sans frais pour les adhérents
Premier bâtiment neuf de cuma dans l’Eure-et-Loir. Et en plus en bois et avec du photovoltaïque. C’est dire l’importance du projet dans le réseau. Sorti de terre et raccordé en 2024, le hangar photovoltaïque de la cuma des Buthon est inauguré le 13 décembre 2024. « Le projet date de 2019 et les subventions ont été obtenues en 2021. L’objectif était de rassembler tout le matériel en un point central, de le protéger et de pérenniser la structure », décrit François Ferrando, animateur de la fédération de proximité.
Pas moins de 37 outils sont possédés par la cuma. Son chiffre d’affaires 2023 dépasse les 100 k €.
Un hangar photovoltaïque
D’une surface de 1 000 m², 80 % de la toiture est couverte de panneaux photovoltaïques, la puissance installée est de 176 kW. C’est une subvention de 90 k € qui donne un sérieux coup de pouce au projet. Cela grâce à un DiNAcuma, puis à une aide de la Région et du fonds européen Feader. Cela sur un coût total d’environ 340 k €. Sur consultation de la Frcuma et de banque notamment, la cuma est propriétaire de tout.
« On avait la capacité d’emprunt, commente Didier Barbet. On a ainsi une autonomie et une indépendance. Le photovoltaïque paie tout, sur 20 ans. Même une année faiblement ensoleillée comme 2024. Ça ne coûte rien aux adhérents. »
Parmi les derniers aménagements, une dalle béton a été coulée dans l’hiver. Elle permet la création d’une salle de réunion, d’une pièce de stockage et de pièce d’eau. « Un outil sympa pour la nouvelle équipe. » Un bureau qui pense au prochain. C’est aussi ça, la coopération.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :