Les fortes chaleurs s’abattent sur les céréales à paille, ce qui interroge sur leur impact agronomique. Si certaines parcelles ont récemment vu la moissonneuse-batteuse, la majorité des orges et des blés sont encore sur pied. « Nous sommes à un moment crucial pour beaucoup de céréales, déclare Jean-Charles Deswarte, ingénieur d’études chez Arvalis. Elles approchent le stade de la « maturité physiologique », lorsque se termine le remplissage des grains. » Pour les cultures ayant déjà atteint ce stade, les fortes chaleurs n’auront pas d’impact.
Impact des chaleurs sur les céréales à paille : danger sur le PMG
Elles affecteront toutefois le Poids Mille Grains (PMG) des céréales plus tardives. « Le remplissage des grains a déjà commencé. Les épisodes de sécheresse de cette fin juin 2025 risquent de compromettre la fin du processus, en limitant la migration des sucres vers les grains », explique Jean-Charles Deswarte.
Juste avant la maturité physiologique, les céréales soumises à des températures de 30 à 35°C se précipitent pour finaliser leur développement biologique, alors que la photosynthèse est perturbée, voire ne fonctionne pas. Ce stress thermique altère le remplissage des grains.
Les céréales à paille ont 10 jours d’avance
« Cette année, les cultures présentent un développement en avance d’une dizaine de jours par rapport à la moyenne, constate l’ingénieur d’études. Cette avance physiologique atténue les dégâts des conditions chaudes et sèches.
En effet, l’impact aurait été plus fort sur les stades précédents. » Par exemple, un stress thermique entre la floraison et le stade grain laiteux aurait affecté la multiplication cellulaire dans les grains. En aurait résulté des petits grains, autrement dit un faible PMG. « Si on prend du recul sur cette campagne, les stress hydriques subis depuis ce printemps expliqueront la majorité des pertes de rendements des céréales à paille », analyse l’ingénieur Arvalis.

Les épisodes de sécheresse risquent de générer des taux de protéines trop importants dans les orges brassicoles. (© Entraid Médias)
Effet sur les taux de protéines des céréales à paille
Les stress hydriques et thermiques en fin de remplissage des grains et à maturité physiologique augmentent leur teneur en protéines. Un lot de consolation pour compenser une éventuelle perte de rendement due à ces phénomènes ? Oui pour les blés et certaines orges, mais pas pour les orges brassicoles.
« Pour les orges destinées aux malteries, c’est la double peine, commente Jean-Charles Deswarte. Le risque est d’avoir à la fois moins de rendements et un taux protéique supérieur à celui du cahier des charges des industries brassicoles. De plus, des PMG trop faibles peuvent générer des grains aux calibres insuffisants en vue de leur bonne intégration dans les process de transformation des brasseries. »

Les céréales ont une dizaine de jours d’avance en cette fin juin 2025. Cela atténue les impacts des fortes chaleurs sur leur physiologie. (© Entraid Médias)
Mettre la moiss batt au diapason
L’impact des fortes chaleurs sur les céréales à paille implique-t-il des ajustements spécifiques pour la récolte ? « Il suffit de respecter les basiques des réglages des moissonneuses batteuses, pose Eric Canteneur, conseiller machinisme à l’Union Des cuma Des Pays De La Loire. Au niveau de la coupe, le rabatteur pourra tourner à la vitesse d’avancement de la machine, tout en effleurant les épis.
Si la barre de coupe possède un tablier, je recommande de l’allonger au maximum, pour éviter le phénomène de bouquet en entrée de convoyeur. » Le conseiller ajoute : « Le batteur ne doit pas tourner trop vite, de façon à ne pas casser les grains secs. Des conditions sèches requièrent moins de friction pour extraire les grains. Par conséquent, le chauffeur pourra augmenter la distance entre le batteur et le contre-batteur. »
Ces conditions demandent des réglages qui ont aussi un effet positif sur la qualité de la paille, moins chahutée durant son voyage dans les entrailles de la machine.

En conditions sèches, s’assurer que les réglages réalisent une récolte en douceur. (© Entraid Médias)
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