Trophée des cuma 2025 : la cuma de la Blanche récompensée pour son passage de relais aux plus jeunes

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Trophée des cuma 2025 : la cuma de la Blanche récompensée pour son passage de relais aux plus jeunes

Poussés par leurs ainés, les jeunes prennent les rênes de la cuma pour la pérenniser.

À Seyne-les-Alpes, la cuma de la Blanche a accueilli la quatrième génération aux responsabilités. Les jeunes ont été naturellement poussés à prendre les rênes. Une passation de pouvoir en toute logique, dans un groupe où l’entraide et la bonne entente sont les socles d'un bon fonctionnement.

La cuma de la Blanche a donc logiquement recueilli le Trophée des cuma 2025 dans la catégorie ‘Renouvellement des générations’.

À Seyne-les-Alpes, une cuma à taille humaine et à l’esprit solidaire

À partir de Digne-les-Bains dans les Alpes-de-Haute-Provence, le plus simple pour rejoindre la cuma de la Blanche est de partir de la chambre d’agriculture. Un bon repère pour commencer l’ascension vers le village de Seyne-les-Alpes, perché à plus de 1 200 m d’altitude. Il faut environ 45 minutes pour arriver au village, tout en prenant soin d’éviter les motards qui semblent aimer cette route plutôt tortueuse.

Une fois arrivé au village, l’ascension continue pour accéder au point de rendez-vous chez Benjamin Ferrand, président de la cuma. Pour poser le décor, la cuma de la Blanche, ce n’est pas une cuma high-tech, pas (encore) de bâtiment, pas de salarié, et un chiffre d’affaires annuel qui tourne autour de 14 000 €. « La cuma, c’est d’abord un outil pour nos exploitations. C’est aussi un groupe qui s’entend bien, le socle pour un bon fonctionnement. Une bonne ambiance et de l’entraide sont de bonnes bases pour construire », introduit le président.

Cuma de la Blanche : des matériels qui s’adaptent à la demande

La cuma de la Blanche, c’est 46 ans de fonctionnement. En 1977, les premiers investissements sont deux pulvérisateurs avec, un peu plus tard, la mise en place d’un groupe pour l’ensilage. Quelques années après, une moissonneuse-batteuse vient rejoindre le parc des matériels. Depuis, les matériels ont changé. « La moissonneuse-batteuse s’est arrêtée en 2003. Plus assez d’hectares pour rentabiliser l’activité », souligne le président.

« Pareil pour l’ensilage. Depuis 10 ans, il y a eu des changements dans les types de matériels, surtout pour la récolte. Nous avons des fenêtres météo favorables de plus en plus courtes. En montagne, le temps change très vite, et c’est tout de suite plus compliqué. » La tendance est donc d’être moins nombreux par matériel.

« Par exemple, nous avons maintenant deux groupes, avec chacun une enrubanneuse au lieu d’une seule pour tous auparavant. Les chantiers sont plus performants, avec des groupes plus petits et des adhérents plus proches pour limiter les déplacements. Le suivi du matériel est plus facile, la communication est meilleure. Chaque groupe est responsable de son matériel et de l’entretien. »

Cuma de la Blanche : impliquer les jeunes dans les décisions

« Pour la continuité de la cuma, son développement et aussi s’adapter à de nouveaux besoins, il est normal de passer le relais » résume Emmanuel Silve, précédent président de la cuma. « Nous avions de plus en plus de jeunes dans la cuma. Il était normal, après plus de 10 ans en tant que président, de pousser cette nouvelle génération à prendre les rênes de la cuma. Pour les jeunes, la cuma doit devenir leur outil pour construire et consolider leurs exploitations. La cuma doit aussi répondre à leurs besoins dans le fonctionnement et dans les investissements. C’est notre vision des choses. À un moment, il faut savoir partir. Président de cuma ce n’est pas un métier. »

La passation de pouvoir s’est effectuée tout naturellement lors d’un repas où l’ancien bureau a transmis le flambeau à la jeune génération. En 2016, Benjamin Ferrand est ainsi devenu président de la cuma à l’âge de 21 ans. Les autres nouveaux membres du bureau sont de la même génération. « En revanche, nous ne sommes pas seuls », indique le nouveau président. « C’était une passation de pouvoir tout en douceur. L’ancien bureau reste toujours présent et disponible en soutien ou pour des conseils. C’est un vrai fonctionnement de groupe. Pour nous, la cuma nous permet d’avoir accès à du matériel qu’on ne pourrait pas avoir en individuel et avoir des exploitations performantes. »

Mais prendre les rênes de la cuma, c’est aussi gérer le côté administratif, juridique, comptable. « Nous avons la chance d’avoir Liliane Masseboeuf, animatrice à la fdcuma. Les cuma du département lui doivent beaucoup pour sa disponibilité et son engagement. » Mais la cuma c’est aussi de bons moments. « Depuis le Covid, nous avons perdu l’habitude de faire un repas après l’assemblée générale. C’est quelque chose que nous allons remettre en place pour cultiver la convivialité qui fait partie du bon fonctionnement de la cuma » conclut Benjamin Ferrand.

Chiffres clés de la cuma de la Blanche

  • 18 adhérents en polyculture élevage dont 9 Gaec ;
  • 16 matériels pour une valeur comptable de 149 000 € : 2 enrubanneuses, 3 bétaillères, 2 rouleaux, 2 caissons frigorifiques, vis à grain, plateau fourrager, broyeur à chaînes, fendeuse de bûches ;
  • Une circonscription territoriale sur huit communes : Seyne-les-Alpes, Auzet, Barles, Montclar, Saint Martin lès Seyne, Selonnet, Verdaches et le Vernet ;
  • Chiffre d’affaires de la cuma : 14 000 €.

Des projets parfois difficiles à réaliser

Avancer, c’est aussi avoir des projets. La cuma avait l’intention de se doter d’un bâtiment. Un DiNA avait été réalisé. L’idée était un bâtiment pour regrouper le matériel, surtout durant la période hivernale. Un point de rendez-vous pour l’entretien du matériel. Il aurait aussi été partagé avec la mairie. Il fallait trouver un terrain près d’un transformateur électrique pour l’installation des panneaux photovoltaïques qui devait financer le projet. « Nous avons passé pas mal de temps sur ce projet, mais nous nous sommes heurtés à un problème de PLU », regrette Benjamin Ferrand. « Ensuite nous sommes rentrés dans la période Covid et depuis, le projet est suspendu, mais pas enterré. Avec le DiNA, nous avons aussi remis à jour le règlement intérieur, indispensable pour un bon fonctionnement. »

Un salarié pour la cuma a aussi été étudié. Le point de départ était l’investissement dans une désileuse automotrice, avec une tournée réalisée par le salarié. « Le problème, c’est qu’il n’existait pas de désileuse automotrice disposant de 4 RM. Autour de 1 500 m d’altitude, il fallait un équipement spécifique pour l’hiver pour se déplacer sur les différentes exploitations. » Avec le groupement d’employeurs en cuma, les adhérents pensaient aussi au salarié pour les récoltes et des travaux dans les exploitations. Un projet qui n’est pas allé à son terme, « mais qui, comme avec le bâtiment, a permis de réfléchir ensemble. »

Le choix du jury

Frédéric Bondoux

Frédéric Bondoux, directeur d’AgriSima.

La moitié des agriculteurs et agricultrices actifs en 2020 seront à la retraite en 2030. C’est dire si en agriculture la notion de transmission est un enjeu majeur. Face à ce challenge, chacun peut agir à son échelle pour favoriser la transmission de savoir-faire et anticiper les passages de relais.

C’est le choix qu’à fait la cuma de la Blanche en mettant le pied à l’étrier à celui qui était peut-être aujourd’hui le plus jeune président de cuma de France.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com

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