Comme pour beaucoup d’autres groupes du réseau, c’est par le partage de matériels agricoles en cuma que tout a commencé, le 9 août 1984 à Feuges, en périphérie de Troyes. « À l’époque, une cuma communale autour de l’arrachage de betteraves », raconte Éric Hamot, président de la cuma. Au fil des années, les projets se succèdent, et les liens se renforcent. Les réflexions communes s’approfondissent, tout comme la volonté de travailler ensemble. En 1999, c’est ensemble que les quatre adhérents se lancent dans le semis direct. En 2003, six exploitations adhérentes décident d’aller plus loin et passent à une organisation en cuma intégrale. Et en 2007, ces six adhérents font le choix de partager la production en plus du matériel. Un assolement commun est mis en place et une société en participation créée, la SEP du Signal. Enfin, en 2016, une partie du groupe se tourne vers l’agriculture biologique et la SEP Terobio remplace progressivement la SEP du Signal.
Une grande diversité de productions
Aujourd’hui, la cuma des Ormes regroupe des exploitants en agriculture conventionnelle et en agriculture biologique. En outre, elle compte treize exploitations adhérentes et deux salariés, pour un chiffre d’affaires de 650 k€ en 2024.
Le noyau dur du groupe correspond aux huit exploitations bio engagées dans la SEP Terobio, sur une surface de 1 200 ha. Précisons que le groupe valorise une grande diversité de productions, allant des céréales aux herbes aromatiques, en passant par le chanvre et la lentille.
Un neuvième adhérent, en agriculture conventionnelle, partage les matériels agricoles en cuma intégrale. Les quatre derniers adhérents sont utilisateurs d’outils de travail du sol, de matériel pour la récolte de chanvre, ou encore de l’aire de lavage et remplissage du pulvérisateur.
Partage de matériels agricoles en cuma : « Accepter les erreurs des autres »
Alors, pourquoi ça fonctionne ? Il s’agit sans aucun doute d’une histoire d’hommes et d’état d’esprit. La volonté de travailler ensemble constitue notamment un socle commun parmi les adhérents. « Le groupe est toujours plus fort que le plus fort du groupe », rappelle Éric Hamot. Il concède cependant « qu’il faut être capable d’accepter les erreurs des autres. » Une alchimie qui s’explique aussi par le fait que chacun a sa spécialité au sein de la SEP :
- Matériel ;
- Agronomie ;
- Gestion des ressources humaines.
« Les spécialités sont basées sur les appétences des personnes, et au final, cela permet au groupe d’être plus efficace, car l’équipe est une somme de profils complémentaires », analyse Sonia Meirhaeghe, trésorière de la cuma. Cet esprit d’ouverture et l’attachement au territoire caractérisent la cuma des Ormes. « Seuls sur nos exploitations et avec moins de projets, nous nous ennuierions sans doute », s’amusent les deux administrateurs.

Adhérents et salariés apportent chacun leur spécialité à la force du groupe.
La communication est un autre pilier fondamental pour la coordination et le fonctionnement de ce groupe. Par exemple, chaque lundi, trois adhérents de la SEP se réunissent pour planifier les travaux. Un salarié et l’adhérent en agriculture conventionnelle à la cuma intégrale sont également là pour garantir la disponibilité des machines pour chacun.
Un taux de fidélisation des saisonniers de 75 %
Ces valeurs humaines et d’échanges sont présentes dans le groupement d’employeurs de la cuma des Ormes. Ce dernier emploie une quarantaine de saisonniers par an pour les travaux de désherbage. Quelques-uns restent aussi pour la récolte des pommes de terre et des courges.
« Nous sommes attentifs à ce qu’ils se sentent bien sur notre structure, et nous avons besoin d’eux », explique Sonia Meirhaeghe. En outre, le groupement d’employeurs a une véritable politique de mobilité, avec la mise en place de minibus pour les salariés, mais il est également sensible aux conditions de travail. « Nous avons investi dans des lits de désherbage, et nous adaptons les périodes de travail en cas de fortes températures pour réduire la pénibilité. »
Et ça marche, puisque le groupement d’employeurs peut afficher fièrement un taux de fidélisation de ses saisonniers de 75 %. Précisons aussi que la cuma a travaillé au départ avec la Croix Rouge pour favoriser l’insertion à travers ses emplois de saisonniers.
Partage de matériels agricoles en cuma : se faire conseiller et continuer d’évoluer
Le groupe n’hésite pas à se faire conseiller et reste en perpétuelle évolution. « Celui qui n’avance pas recule », rappelle le président. La cuma des Ormes fait notamment appel à une coach en relations humaines une fois par an. « C’est un minimum et nous pourrions faire plus en cas de besoin, comme l’intégration d’un nouvel adhérent », explique Sonia Meirhaeghe.
Cette capacité d’adaptation se retrouve dans les techniques culturales de la SEP. Par exemple, le groupe n’a pas hésité à ressortir la charrue sur la dernière campagne pour gérer l’enherbement de certaines parcelles. Autre exemple, le groupe se forme en juin à l’agriculture régénérative.
La cuma a aussi intégré la robotique agricole dès 2020. « La robotique agricole répond à un problème de main-d’œuvre, mais aussi à un réel enjeu de préservation des sols face au changement climatique, avec des machines moins lourdes. »

Dès 2020, la cuma intègre la robotique agricole pour optimiser le désherbage des parcelles en agriculture biologique de la SEP et limiter la pénibilité pour ses travailleurs saisonniers.
La réflexion collective pour aller plus loin
Vous l’aurez compris, pour ce groupe, la force est dans le collectif. « La cuma n’est qu’un outil, la réflexion collective permet d’aller plus loin », conclut la trésorière. « Travailler ensemble facilite les investissements, mais pousse aussi les réflexions et permet de trouver des solutions face aux défis actuels. »
6 dates clés de la cuma des Ormes
- 9 août 1985 : création d’une cuma communale autour de l’arrachage de betteraves.
- 1994 : projet d’investissement d’un pulvérisateur automoteur et création de la section pulvérisation au sein de la cuma des Ormes (quatre adhérents)
- 1999 : quatre adhérents se lancent dans le semis direct
- 2003 : passage en cuma intégrale pour six exploitations adhérentes
- 2007 : adoption de l’assolement en commun et création de la SEP du Signal
- 2016 : une partie du groupe se tourne vers l’agriculture bio. Création de la SEP Terobio en remplacement de la SEP du Signal
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