Utilisée seulement quelques semaines par an, la moissonneuse-batteuse ne peut pas se permettre la moindre panne. Un chantier de moisson à l’arrêt peut vite se transformer en calvaire et compromettre la qualité d’une récolte. Les météos capricieuses de ces dernières années, mais aussi la crainte de voir les frais d’entretien s’envoler avec la forte inflation sur le prix des pièces et de la main-d’œuvre ont pu finir de convaincre certains groupes de renouveler leur machine plus fréquemment.
Nous avons simulé l’impact économique d’un passage de huit à quatre ans de renouvellement. Un calcul réalisé pour deux catégories de moissonneuses-batteuses : six secoueurs et non conventionnelles (hybrides ou axiales). Le surcoût ressort à 31 €/h pour une machine à six secoueurs, et grimpe à 39 €/h pour une non conventionnelle.
11 €/ha de différence entre un renouvellement à 4 et à 8 ans
En le ramenant à l’hectare avec des débits de chantier respectifs de 2,7 et 3,5 ha/h, on obtient un supplément quasiment identique d’environ 11 €/ha pour les deux technologies de machines. En effet, les non conventionnelles coûtent plus cher à l’heure, mais leur productivité supérieure leur permet d’afficher un coût à l’hectare légèrement plus bas.
Dans les deux cas, la moissonneuse-batteuse nous coûte ainsi 12 % plus cher pour passer d’un renouvellement de 8 à 4 ans. Nous avons également simulé un renouvellement plus long à 10 ans, équivalent à la durée de l’emprunt. Une solution qui réduit encore le coût d’utilisation d’environ 9 à 11 €/h, soit environ 3,5 % d’économie. On aboutit ainsi à un écart d’un peu plus de 15 % entre la stratégie à 10 ans et celle à 4 ans.

Renouvellement sur 4 ans

Renouvellement sur 8 ans
Des frais d’entretien très disparates
L’écart en faveur du renouvellement long apparaît significatif, sans être démesuré. En situation réelle, l’équation peut être chamboulée par des offres commerciales intéressantes pour le neuf ou la reprise de l’ancienne machine. Les frais d’entretien peuvent aussi être maîtrisés par la souscription d’un contrat d’entretien. Ils peuvent aussi exploser dans le cas d’une grosse panne lorsque la moissonneuse vieillit.
Ce n’est pas par hasard que les bases de données de cuma font état d’écarts allant du simple au triple sur les frais d’entretien pour un même échantillon de machines. Dernier argument en défaveur du renouvellement court : son coût carbone supérieur lié à la fabrication des machines. Un aspect qui peut faire mouche chez les adhérents engagés dans une stratégie bas carbone.

Renouvellement sur 10 ans
Hypothèses de calcul de renouvellement
Cette simulation de coût d’utilisation d’une moissonneuse-batteuse se base sur les chiffres moyens annoncés dans le guide des prix de revient en cuma. Le prix d’achat moyen d’une machine neuve (hors coupe) atteint 300 000 € pour une 6 secoueurs, valeur stabilisée ces derniers mois. Quant au montant demandé pour une machine non conventionnelle (hybride ou axiale), il atteint 390 000 €.
Dans cette dernière catégorie, les cuma choisissent le plus souvent des modèles d’entrée de gamme, bien plus abordables que les versions les plus puissantes, dont le tarif peut approcher le million d’euros. Concernant les tarifs pour les renouvellements, nous avons retenu un taux d’actualisation de 3 % par an, en considérant que l’inflation se stabilise après les hausses marquées de ces dernières années. Quant au taux de dépréciation, nous l’avons fixé à 10 %.
Nous prévoyons que la machine à 6 secoueurs couvre une surface de 500 ha/an, soit 180 h au batteur en prenant un débit de chantier de 2,7 ha/h. Pour la non conventionnelle, nous tablons sur un débit de 3,5 ha/h, ce qui aboutit à une surface de 630 ha pour le même volume horaire. À noter que ce sont des surfaces plutôt élevées pour des moissonneuses-batteuses utilisées en cuma.
Pour les financer, nous nous sommes basés sur un début d’activité avec au premier achat un apport de capital social équivalent à 10 % du prix d’achat. Pour le reste, un prêt a été souscrit au taux de 3,8 % sur dix ans aussi bien pour le renouvellement court que pour le long. À chaque renouvellement, le capital restant dû est soldé avant un nouvel emprunt, sauf dans l’hypothèse 10 ans.
Le coût d’entretien a été évalué à 22,50 €/h pour la 6 secoueurs et à 24,20 €/h pour la non conventionnelle en renouvellement court. Ces chiffres grimpent à 24 et 36 €/h en renouvellement long. On note que les machines à secoueurs vieillissent mieux que celles à rotors. Ces montants sont ajustés à chaque changement de machine afin d’intégrer l’effet de l’inflation sur la main-d’œuvre et les pièces, fixé à 5 % par an.