« La robotisation de la distribution de l’alimentation, je suis sur le sujet depuis 2018 », avance Serge Masse. Cette idée avait pour objectif de diminuer la charge de travail, mais aussi quelque part d’être une aide à transmettre l’exploitation. « J’ai bien trois enfants, trois garçons, mais aucun n’avait la volonté de s’installer. Il faut dire qu’ils m’ont vu me lever à 5 heures du matin et finir tard le soir. En plus, durant des années, j’étais pluri-actif. Alors, j’ai pensé que plus tard, peut-être, les petits-enfants souhaiteraient reprendre l’exploitation », résume l’agriculteur. Mais, tout à fait conscient d’avancer en âge, « il fallait, à 61 ans, trouver une solution pour simplifier et soulager le travail tout en gagnant du temps. » Retour sur le robot d’alimentation des ovins.
Un événement qui accélère le projet
Après l’épisode Covid-19, un des fils de Serge Masse décide de rejoindre son père sur l’exploitation. Est-ce que le travail de recherche sur la robotisation de la distribution de l’alimentation a été un facteur déclenchant ? « Je ne pense pas, c’est surtout un besoin d’indépendance », affirme le père.
Du coup, les recherches d’une solution s’intensifient. « J’ai rencontré de nombreux constructeurs. Il y a des solutions pour les bovins, mais peu ou pas pour les ovins. »
Il faut dire aussi que la configuration des bâtiments est particulière. « Les animaux sont regroupés dans trois tunnels. Il y a donc peu de place pour un robot au sol. Ce que je recherchais, c’est un système se déplaçant sur des rails aériens. »

La préparation de l’alimentation passe par une rampe dans laquelle se retrouvent les différents éléments de la ration. Ils passent par des rouleaux déchiqueteurs puis par une mélangeuse avant de rejoindre le wagon distributeur.
Robot alimentation ovins : un pari sur l’avenir à 250 000 €
La solution est venue d’Autriche avec le constructeur Hetwin. Ce dernier a complètement adapté son robot de distribution initialement destiné aux bovins. Le prix de la solution ? 250 000 € amortis sur 20 ans.
« Oui, c’est une somme. Ça fait parler. Mais si on ne regarde que le prix, alors on ne fait rien, on n’investit plus, on stagne. C’est un pari sur l’avenir et aussi une façon de s’adapter à une génération qui n’est pas la mienne. Aujourd’hui, nous sommes en gaec avec mon épouse et mon fils. Cet investissement facilitera peut-être plus tard l’arrivée d’un nouvel associé pour la pérennité du gaec. Aujourd’hui, les jeunes ont besoin de temps pour eux en dehors du travail. C’est comme ça. Ma génération a fonctionné d’une certaine façon et la nouvelle génération fonctionne autrement. Il faut le prendre en compte, sinon ça ne marchera pas. »

Pour Serge Masse, « mécaniser la distribution de l’alimentation devrait permettre de gagner jusqu’à 4 heures par jour dans les périodes de pointe. »
Robot alimentation ovins : des améliorations attendues
Les 550 brebis Préalpes du Sud du troupeau sont à l’intérieur durant 5 mois par an. « L’objectif est de gagner 4 h/jour dans la distribution de la nourriture lors des périodes de pointe », indique Serge Masse.
« Nous pourrons ainsi nous consacrer plus aux soins des animaux. Quand on voyait une bête qui souffrait et qu’il fallait attendre plusieurs heures par manque de temps pour s’en occuper, pour moi, éleveur, ce n’est pas supportable. »

Installé sur des rails aériens, le wagon de distribution a une contenance de 700 litres.
Un troupeau en meilleure santé est bien sûr aussi un objectif. « Le robot va aussi permettre de distribuer plusieurs fois par jour. Par exemple, une bête plus faible dans un lot ne devrait plus être en compétition avec les autres, car il y aura toujours de la nourriture à disposition. Je suis aussi allé voir un éleveur bovin équipé d’un robot. Les animaux étaient calmes. Certains se déplaçaient pour aller chercher de la nourriture quand le robot arrivait, mais d’autres non. La distribution est silencieuse et il y a moins de stress. L’éleveur avait gagné 4 heures sur la distribution journalière et 15 heures dans la période d’engraissement. Cela ouvre des perspectives. »
Encore quelques jours avant la mise en route du robot et un prochain retour pour voir si toutes les attentes sont bien au rendez-vous.
Faire du sur-mesure pour les rations
Quand la routine de la distribution de l’alimentation avec le robot sera installée, Serge Masse souhaite mettre en œuvre un autre projet qu’il envisage depuis longtemps.
« J’aimerais travailler avec un nutritionniste spécialiste des ovins. Avec le robot d’alimentation, il est possible de faire du sur-mesure et d’être très pointu dans les rations et dans la distribution. Faire par exemple une ration de base et d’autres spécifiques et personnalisées. Cela permettra d’affiner les différents lots d’animaux, d’améliorer la qualité de l’engraissement et l’état sanitaire du troupeau tout entier. Ce sera, j’espère, une nouvelle façon de travailler avec aussi du plaisir en plus. »
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