Décompacteur : un outil pas si ringard

Le décompacteur agricole revient en force. Face à l’accroissement du tassement des sols lié à l’alourdissement des matériels et aux conditions climatiques humides, les agriculteurs recherchent des solutions d’ameublissement profond. Le constat est sans appel : « Nous n’avons jamais fait autant de démonstrations de fissurateur et de décompacteur que ces deux dernières années », selon Daphné Baudoin d’Agrisem. Cette tendance est portée par le discours des agronomes et l’impact du semis direct. Les agriculteurs sont en quête d’un travail en profondeur sans mélanger les horizons. Cet article fait le point sur les nouveaux décompacteurs du marché (Kuhn, Lemken, Grégoire-Besson) et les innovations technologiques, notamment la modulation de profondeur.

Une demande de décompacteur agricole pour le travail profond

Le travail profond conserve une place dans les itinéraires culturaux. De fait, dernièrement, trois constructeurs ont successivement exposé de nouveaux décompacteurs, dont certains annoncent un travail pouvant aller jusqu’à 60 cm de profondeur.

Grégoire-Besson a présenté le GB Helios 70, en deux largeurs de travail et pouvant être équipé de deux types de dents.

Sur le décompacteur Hélios 70, la dent droite Low Disturbance permet une fissuration en profondeur sans mélange des horizons. Disponible aussi, la dent Helikrak réalise plus un travail de mélange des horizons travaillés. (@Entraid)

Kuhn lance le décompacteur DT en complément du fissurateur DC déjà au catalogue.

Le nouveau décompacteur Kuhn DT est donné pour travailler jusqu’à 60 cm de profondeur. (@Entraid)

Lemken, qui n’avait pas de décompacteur dans sa gamme d’outils de travail du sol, lance l’Onyx.

Ce dernier est aussi proposé avec deux types de dents. Bien entendu, les constructeurs ne lancent pas une mode, mais répondent à une demande du marché.

Deux types de socs pour le décompacteur Lemken Onyx. Sur la photo, le soc OM monté sur un étançon courbé avec un déflecteur est conçu pour mélanger la terre à une profondeur de 25 à 40 cm. Un autre soc monté sur un étançon droit est conçu pour un ameublissement en profondeur jusqu’à 60 cm. (@Lemken)

Ce marché n’est pas forcément français, même si des agriculteurs de l’ouest et du nord de la France sont en demande d’outils pouvant travailler profond. Le marché est plus porté par l’export.

En cause, des matériels de récolte et de traction de plus en plus lourds et des problèmes de compaction en profondeur, qui demandent des outils pouvant travailler encore plus profond.

Les zones concernées sont, entre autres, les pays de l’Est, l’Amérique du Sud notamment dans les zones de semis direct, et les États-Unis.

Des dents qui s’adaptent aux différents marchés

Des constructeurs présentent des décompacteurs agricoles avec deux types de dents, surtout pour s’adapter à différents marchés. Par exemple en Italie, les agriculteurs recherchent des décompacteurs pouvant travailler au-delà de 40 cm de profondeur. C’est moins le cas en France où la demande se concentre sur des dents pouvant passer juste sous la semelle de labour.

Les trois constructeurs ayant récemment présenté des décompacteurs sont aussi des fabricants de charrues. Le marché montre que le décompacteur, suivant le type de dent utilisé, peut réaliser un travail de pseudo-labour. Et certains pays subventionnent une réduction du labour.

Avoir un ou plusieurs décompacteurs dans sa gamme d’outils de travail du sol est donc aussi une manière de ne pas perdre de part de marché.

Piloter la profondeur de travail via une carte de préconisation

Le décompacteur Alpego Craker SkatMax adopte l’Isobus, ce qui lui donne notamment la possibilité de moduler automatiquement la profondeur de travail. Branchées sur Load Sensing, les commandes hydrauliques des différentes fonctions sont réalisées directement via le terminal du tracteur.

Durant le travail, l’utilisateur dispose de plusieurs choix. La façon traditionnelle, avec un choix de la profondeur de travail directement contrôlée par le chauffeur.

Le décompacteur Alpego Craker SkatMax peut adopter différentes profondeurs de travail dictées par une carte de préconisation. (@Alpego)

Ou alors de manière semi-automatique, avec différentes profondeurs de travail enregistrées. Cela permet au chauffeur de choisir une profondeur en fonction des différents types de sols qui composent la parcelle.

La dernière solution permet une modulation de la profondeur de travail en continu. De la même manière que la modulation de semis, le décompacteur agricole suit les consignes de profondeur données par une carte de préconisation. Cela permet de travailler à une profondeur définie en fonction de la position de l’outil dans la parcelle.

À la clé, quelques avantages, comme une diminution de la consommation de carburant en travaillant juste à la bonne profondeur. Des débits de chantier plus importants et une réduction de l’usure des pièces de rechange.

Et pourquoi pas des étoiles pour le décompacteur agricole ?

Le DM Air, du constructeur canadien DM Machinery, décompacte jusqu’à une profondeur de 30 cm? (@DM Machinery)

Le DM Air, proposé par l’entreprise canadienne DM Machinery, est un matériel particulier qui permet, d’après le constructeur, une décompaction jusqu’à 30 cm. Pas de dents, mais des étoiles, avec une pression de terrage hydraulique.

Autre particularité, l’angle de travail des étoiles est ajustable. En position droite, elles permettent par exemple d’aérer les prairies. En positionnant les étoiles avec un peu d’angle, on obtient la fonction décompacteur. Encore un peu plus d’angle, et l’outil peut remplacer la charrue.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :