L’herbe, seule option durable et possible

Partager sur
Abonnés

L’herbe, seule option durable et possible

Pour protéger la zone de captage, le syndicat mixte des eaux de Seille et Moselle a imposé la mise à l’herbe du périmètre. (©Etienne Baland)

Sur la zone de captage des sources de Moulins à Bouxières-aux-Chênes, en Meurthe-et-Moselle, la mise en herbe des parcelles s’est imposée pour améliorer de façon durable la qualité de l’eau.

Fin des années 1990, les analyses réalisées sur la zone de captage de Bouxières-aux-Chênes mettaient en évidence une dégradation de la qualité de l’eau de consommation, avec des pics en nitrates supérieurs à la norme de 50 mg/l en distribution. Pour inverser cette tendance, les agriculteurs concernés ont expérimenté différentes pratiques. Parmi celles-ci : allongement de la rotation, réduction des apports azotés, cultures de chanvre ou de tournesol, mise en place de mesures agroenvironnementales (MAE), etc.« Faute de résultats concluants, il fallait des actions plus strictes, explique Étienne Baland, administrateur de la cuma de Chambille. Malgré les efforts déployés sur le terrain, la qualité du captage continuait de se détériorer. »

Agir vite et bien

Face à ce constat, le syndicat mixte des eaux de Seille et Moselle a fait le choix d’acquérir du foncier sur la zone de protection prioritaire. L’objectif est d’y imposer progressivement la mise en herbe des parcelles. À noter que les terres du captage sont situées sur un plateau calcaire particulièrement sensible. « Le sol réagit très vite au moindre apport d’intrant, surtout en cas de pluie après l’intervention », précise Étienne Baland.

Aujourd’hui, seuls les mélanges d’espèces prairiales sont autorisés sur les parcelles du périmètre de captage. Ils appartiennent désormais au syndicat. Ce dernier s’engage d’ailleurs depuis de nombreuses années dans l’amélioration de la qualité de l’eau. Dans certains cas, l’herbe est exploitée par d’autres éleveurs selon une convention spécifique.

Solution au problème, ce couvert permanent est peu exigeant en intrants. Un léger apport d’azote suffit en effet à la pousse et à la production de biomasse. Aucune intervention phytosanitaire n’est en revanche nécessaire. « Pour des agriculteurs en système céréalier conventionnel, la mise en herbe sur cette zone était la seule option possible », reconnaît l’agriculteur.

Adapter des pratiques pour une eau de qualité

Dominique Labaye, chargée de mission Protection des ressources en eau au syndicat mixte des eaux de Seille et Moselle livre son analyse.

« Les solutions testées par les exploitants sur la zone de captage se sont révélées peu pérennes. D’où le choix du syndicat d’investir dans le foncier. Ainsi, selon les cas, des baux ruraux à clauses environnementales ou des conventions de mise à disposition (CMD), voire des obligations réelles environnementales (ORE), ont été signés afin d’assurer une protection durable du captage. Aujourd’hui, un analyseur mesure en continu les nitrates contenus dans l’eau. Résultats : leur concentration est inférieure à la norme de 50 mg/l et les métabolites présents sont nettement réduits.

Actuellement, les deux tiers du périmètre de protection rapprochée sont couverts de bois, de cultures biologiques ou d’herbages dont la fauche reste la méthode la plus efficace pour préserver la qualité de l’eau. Malgré les bénéfices d’une telle approche, l’acquisition foncière sur une zone de captage demeure complexe. Elle implique parfois des échanges de parcelles, des compensations (partielles ou totales), voire des montages financiers spécifiques. »

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

CADEAU PREMIUM DE BIENVENUE

Profitez-en !
Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer