[Série 2/3] Pourquoi intégrer l’Ukraine dans l’Union européenne ?

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[Série 2/3] Pourquoi intégrer l’Ukraine dans l’Union européenne ?

Le sujet de l'adhésion de Ukraine à l'Union européenne revient sur le devant de la scène. Entre motivations des Ukrainiens et réticence des Européens, quel compromis ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les discussions autour de l'adhésion du pays à l'Union européenne s'activent. Mais pourquoi intégrer l'Ukraine, un pays dont l'agriculture est très différente de celle française ? Pour tout comprendre, découvrez notre série de trois articles dédiés au sujet.

Grandes plaines de terre noire et riche. Openfield à n’en plus finir. Parcelles gigantesques et moyens de production à grande échelle. Voilà comment les Européens s’imaginent l’agriculture ukrainienne. Alors comment les agriculteurs français, fer de lance d’une agriculture familiale, peuvent intégrer sur leurs marchés leur propre concurrent, dont la production agricole est aux antipodes ? Pour cela, le think-tank AgrIdées s’est penché sur ce sujet et plus largement, sur louverture de l’Union européenne à l’Ukraine et sept autres pays.

Pourquoi intégrer l’Ukraine à l’Union européenne est une question actuelle ?

L’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne est en outre une acuité particulière en lien avec l’actualité. Le plan de paix proposé par l’équipe de Donald Trump le 19 novembre 2025 inclut une proposition stipulant que l’Ukraine est éligible à l’adhésion à l’Union européenne, et bénéficierait à court terme d’un « accès préférentiel au marché européen » pendant que cette question est à l’étude.

Au-delà de cette actualité, l’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne serait avant tout un pari et un investissement stratégique dans la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité du continent. L’ouverture des négociations d’adhésion fin 2023, qui a également relancé le processus pour six pays des Balkans, vise à « arrimer » l’Ukraine à l’Union européenne. Processus fortement accéléré par l’agression russe en 2022. Les auteurs, Yves Le Morvan Responsable Filières et Marchés chez Agridées, et Bernard Valluis, consultant également pour Agridée, identifient l’Ukraine comme « la frontière disputée entre deux mondes ». Frontière entre la Russie, qui cherche à reconstituer un empire, et l’Union européenne.

Comment les Ukrainiens envisagent-ils leur adhésion à l’UE ?

Pour les Ukrainiens, leur adhésion à l’Union européenne peut devenir la clé à la problématique de souveraineté alimentaire auquel se confronte les 27. « L’Ukraine peut être une solution si tout est bien organisé, annonce Olga Trofimtseva, ancienne ministre de l’Agriculture en Ukraine. Nous produisons beaucoup de soja, cela éviterait à l’Union européenne d’en importer de l’Amérique du Sud.  » Les céréales produites peuvent être des sources de bioéthanol ou encore de biogaz.  » Enfin, l’Ukraine exporterait ses productions vers des pays tiers, bien plus économiquement favorables, que vers l’Europe », illustre-t-elle.

Des exemples parmi tant d’autres. Ainsi, selon l’ancienne ministre, l’Europe peut être plus forte avec l’Ukraine d’un point de vue de la sécurité alimentaire, l’autonomie stratégique des filières, mais aussi en favorisant une chaine de valeur résiliente. D’ailleurs, elle le rappelle, entre la France et l’Ukraine, ce sont l’équivalent d’environ 750 millions de dollars de marchandises échangées. « Nous exportons du maïs, de l’huile de tournesol et de colza ainsi que du miel, fait-elle remarquer. Tandis que la France exporte dans notre pays des machines agricoles, des semences, intrants et produits alimentaires. »

Quelles sont les propositions d’Agridées concernant l’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne ?

Face aux défis agricoles posés par l’Ukraine, notamment ses structures agricoles uniques (agro-holdings), Agridées propose trois pistes :

  • Construire pour l’Ukraine un cadre spécifique d’intégration différentielle, qui l’associerait plus étroitement à la gouvernance de l’Union et lui permettrait de déployer des politiques publiques et des moyens financiers sans bouleverser le marché européen ;
  • Encadrer l’impact concurrentiel des agro-holdings ukrainiennes. « Leurs structures, étrangères au modèle entrepreneurial européen, ne sauraient en effet bénéficier des aides au revenu de la Politique Agricole Commune (PAC) sans déséquilibrer la concurrence, » écrivent les auteurs ;
  • Anticiper un soutien innovant aux zones intermédiaires européennes fragilisées par l’élargissement. Si l’adhésion était prononcée, Agridées préconise des soutiens de type sociaux et structurels pour les petits agriculteurs en Ukraine (plutôt que des aides aux surfaces), et un filet de sécurité pour les agriculteurs des zones intermédiaires françaises face à une concurrence asymétrique.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

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