Une mélangeuse, des hommes, et un nouvel horizon pour la cuma

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Une mélangeuse, des hommes, et un nouvel horizon pour la cuma

La cuma de l’Horizon regroupe aujourd’hui 10 exploitations adhérentes pour un chiffre d’affaires de 180 000 €. (©Entraid Médias)

Proche de la dissolution à la fin des années 2000, la cuma de l’Horizon, située dans le Bas-Rhin, fête cette année ses 30 ans. Ayant su rebondir, elle connaît aujourd’hui une nouvelle dynamique autour d’une mélangeuse automotrice. Histoire d’une renaissance.

Bien avant l’achat de la mélangeuse partagée, en 2023, l’histoire de la cuma de l’Horizon commence à Minversheim, au nord de Strasbourg, dans le Bas-Rhin, en 1995. “Mon père, Pascal, a créé la cuma autour d’une section houblon”, raconte Anthony Fuchs, l’actuel président. À l’époque, quatre agriculteurs partageaient du matériel pour cette culture, du travail du sol à la récolte.” Malheureusement, plusieurs structures adhérentes ont arrêté la production du houblon au fil du temps, si bien que la cuma finit par se retrouver sans activité à la fin des années 2000.

La Cuma de l’Horizon, l’histoire d’un redémarrage réussi

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais grâce à la volonté de Pascal Fuchs, le groupe redémarre en 2010-2011 autour de six entités adhérentes. “De petites structures laitières pour lesquelles certains matériels étaient plus pertinents en cuma”, explique l’agriculteur. Il s’agissait principalement de petits matériels dont les fenêtres annuelles d’utilisation étaient insuffisantes pour des investissements en individuel, comme le décompacteur, la balayeuse ou encore un rouleau.

Petit à petit, la cuma de l’Horizon retrouve son dynamisme et réalise plusieurs investissements successifs :

  • un épandeur à fumier (2012) ;
  • une tonne à lisier (2014) ;
  • un tracteur (2020).

“La mise en place de la traction partagée fut assez logique dans l’évolution du groupe, observe Pascal Fuchs. Certains adhérents commençaient à manquer de puissance pour les outils partagés et avaient des projets de renouvellement de tracteur de tête. Nous avons donc fait le choix d’investir ensemble dans un Fendt 720 Vario. Un tracteur qui réalise 1 000 heures chaque année et qui sera renouvelé en 2025.”

La mélangeuse partagée transforme la cuma en groupement d’employeurs

Mais le matériel qui représente aujourd’hui le mieux le dynamisme de la cuma est incontestablement la mélangeuse automotrice partagée. D’une part, “elle représente le plus gros investissement jamais réalisé par la cuma”, affirme Anthony Fuchs, avec un prix d’achat de 240 000 €.” D’autre part, “c’est le matériel qui demande de l’organisation au quotidien et qui nous a conduits à recruter le premier salarié de la cuma. C’est un projet qui a demandé beaucoup de réflexion”, souligne-t-il.

Plus de la moitié des utilisateurs actuels de l’automotrice avaient, à ce moment-là, besoin de renouveler leur bol mélangeur. Et aujourd’hui, “même une mélangeuse traînée à une vis représente un investissement conséquent”, constate le président.

L’autre problématique sur les exploitations concernait le temps de travail. “Les structures avaient besoin de gagner du temps. Objectif réussi, puisque la mélangeuse fait gagner 30 minutes à une heure chaque jour à chaque adhérent.”

En parallèle de l’achat de la machine, la cuma crée en 2023 un groupement d’employeurs pour recruter un chauffeur (25 heures de travail sur les 35 hebdomadaires). “C’était un pari sur l’avenir”, se souvient Anthony Fuchs, “car nous ne connaissions pas précisément le temps de conduite réel.”

45 tonnes distribuées par jour grâce à la mélangeuse partagée

Chaque matin, la mélangeuse Storti réalise une boucle de 45 km en 4 heures. Elle distribue ainsi 45 tonnes chez huit exploitations adhérentes. “Nous avons organisé la tournée selon l’éloignement des adhérents, du plus proche au plus loin, de manière à optimiser le nombre de kilomètres quotidiens”, révèle le président de la cuma de l’Horizon. Si la conduite est assurée par Alexis Sudre, salarié de la cuma, Anthony Fuchs prend le relais le dimanche matin (tournée organisée de juin à septembre) et durant les congés.

Nouvelle étape importante en 2025 avec le recrutement d’un second salarié : Romain Lanoix. “Il fallait un second chauffeur pour les jours fériés et les congés d’Alexis, précise-t-il. De plus, “le besoin de main-d’œuvre se renforçait chez les adhérents et le temps de travail d’Alexis avait tendance à augmenter.”

En plus de la conduite de la mélangeuse, les deux salariés sont capables d’intervenir sur tous les travaux agricoles. Ils sont également en charge de l’entretien des matériels de la cuma, notamment la mélangeuse. L’arrivée du second salarié a demandé plus d’organisation pour définir les missions prioritaires.

La cuma teste actuellement Mycuma Planning, un outil qui semble “faciliter l’organisation et le planning du matériel, mais surtout des salariés” reconnaît Anthony Fuchs. L’heure de main-d’œuvre est facturée 15 € aux adhérents.

14,60 € les 1 000 l de lait

Par ailleurs, concernant la facturation de la mélangeuse automotrice aux adhérents, la cuma a souhaité “un partage équitable de l’usure du matériel”. Aussi, le prix facturé correspond pour 50 % au temps passé sur l’exploitation.

La seconde moitié est proportionnelle au volume de lait livré à la laiterie par l’adhérent. “C’est une facturation plus juste que celle basée sur le tonnage distribué”, justifie Anthony Fuchs. Au quotidien, chaque adhérent prépare les silos. Quand la mélangeuse arrive, elle n’a plus qu’à charger. Ainsi, le cycle chargement/distribution dure 7 à 15 minutes selon les exploitations.

Au final, la mélangeuse coûte par exemple 900 €/mois à Anthony Fuchs, qui a calculé le coût moyen 2024 à 14,60 €/1 000 l de lait (tous adhérents confondus).

Et bientôt un bâtiment

Enfin, dans la continuité du tracteur partagé, de la mélangeuse et du groupement d’employeurs, la cuma de l’Horizon prépare son prochain projet : un bâtiment. “Nous avons besoin de place pour stocker le matériel, mais nous voulons aussi un lieu de vie et d’échanges où nous pourrions aussi organiser un atelier”, prévoit le président.

Le groupe recherche actuellement l’emplacement de ce bâtiment et espère finaliser la construction à l’horizon 2027-2028. “Tout le développement de la cuma, c’est d’abord grâce aux hommes qui sont dans le groupe, conclut le président. Sans eux, la cuma de l’Horizon n’en serait pas là aujourd’hui.”

Mélangeuse partagée : conseils pour réussir

Selon Pascal et Anthony Fuchs, pour partager une mélangeuse automotrice, il faut idéalement que les adhérents soient le plus proches possible et qu’ils fassent preuve de souplesse. “En cas de problème ou d’une simple difficulté sur la route, la mélangeuse peut avoir du retard le matin, il faut être capable de l’accepter dès le départ.”

Par ailleurs, concernant le choix du modèle à partager, il faut bien entendu tenir compte des bâtiments où sera distribuée la ration. Leurs dimensions délimitent le gabarit maximal de la mélangeuse.

Pourquoi cette histoire ?

D’abord parce que l’histoire est belle ! Un exemple qui illustre bien la devise des cuma : “Ensemble, on va plus loin”. Rendez-vous compte, la cuma de l’Horizon est passée en 15 ans d’un groupe sans activité proche de la dissolution à une cuma dynamique qui partage une grande diversité de matériels, dont un tracteur et une mélangeuse automotrice.

Mais c’est aussi groupement d’employeurs (deux salariés) qui se projette à court terme sur un projet de bâtiment partagé. D’autre part, cette histoire montre bien les grands jalons dans le développement d’une cuma : le tracteur, le salarié, le bâtiment.

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