La question de la lutte contre les limaces fait son baveux retour. La pression des gastéropodes s’affirme sur les colzas et couverts émergents. Jusqu’à pousser des agriculteurs à ressemer des parcelles en ce mois de septembre 2025. Dans le cadre du programme Re-Sources, plusieurs organismes publics (syndicats d’eau et de bassins versants) ont organisé une réunion technique sur la lutte contre les limaces sur les cultures. La fédération des cuma des Deux-Sèvres et l’entreprise De Sangosse ont rappelé les enjeux et les méthodes de lutte.
Détection et comptage des limaces automatique et connecté
La gestion des limaces commence par détecter leur présence et évaluer la pression. En la matière, l’entreprise De Sangosse a présenté un outil connecté, nommé Limacapt. Une alternative intéressante aux pièges de type « tapis » de 50 cm de côté. Si ces derniers requièrent des déplacements pour réaliser les comptages, le Limacapt envoie automatiquement ses relevés à l’agriculteur.
Posé dans un champ, il prend une photo du sol toutes les 20 secondes. Comme il est capable d’identifier chaque limace passée sous sa caméra, le système ne comptera pas plusieurs fois le même individu. Le Limacapt envoie le comptage à l’agriculteur. Un algorithme prend en compte les conditions de la parcelle (type de sol, stade de la culture…) pour transmettre une préconisation d’action.
Un kit de piégeage classique coûte autour de 25 €, le Limacapt s’affiche à 1400 €, plus 200 € d’abonnement annuel. Le surcoût se relativise selon les pressions habituelles des limaces dans une exploitation. À mettre en relation avec ce que coûte un ressemis (semences, mécanisation, temps…).

Le Limacapt est autonome pour compter les limaces et envoyer des préconisations d’action à l’agriculteur. (© Entraid Médias)
Travailler le sol gère limaces et adventices
Selon De Sangosse et l’Acta, le labour divise par 5 la pression des gastéropodes. Un travail superficiel élimine 75 % de la population de limaces. D’abord, un outil de travail du sol blesse ou tue les jeunes et les adultes.
Ensuite, il déstructure les grappes d’œufs et les met à la merci de la dessication. Ensuite, en désagrégeant les mottes et en dégradant la végétation, il réduit leur habitat.

En plus de ses actions sur la dégradation des pailles et le faux-semis, une herse à paille diminue la pression des limaces. (© Entraid Médias)
Avantage de la lutte mécanique par travail du sol, elle s’articule avec la gestion des adventices. Les déchaumeurs, scalpeurs ou autres herses à paille posent un problème aux herbes indésirées comme aux limaces.
Le roulage possède aussi un effet anti-limace. Son action émiette les mottes et réduit les cachettes des limaces sous la surface du sol.
Mickaël Madier, animateur à la Fdcuma des Deux-Sèvres, conseille de travailler à 2 – 3 cm de profondeur, avec des outils larges. Selon lui, de telles opérations peuvent être efficaces tout en limitant les charges de mécanisation et le temps passé.

Un déchaumage superficiel ou un scalpage permet d’agir sur la pression limace avec un prix de revient contenu. (© Entraid Médias)
Lutte contre les limaces : l’épandage des granulés en question
Les granulés anti-limaces seront plus efficaces s’ils arrivent entier au sol, avec une répartition homogène. La nature des granulés (forme, densité, solidité) est à considérer lors du choix du produit.
Concernant l’épandage, l’Irstea (désormais intégré dans l’Inrae) avait mesuré une répartition hétérogène des granulés lorsqu’ils sont distribués avec un épandeur anti-limaces standard. Pour une dose cible de 4 kg/ha, l’institut avait relevé deux fois plus de produit épandu à gauche de l’appareil que sur sa droite.
De 800 à 4 400 € pour épandre l’anti-limace
De Sangosse promeut son épandeur Spando, qui fournit une meilleure répartition. La vitesse de rotation du disque d’épandage (1900 tr/min), la dépose des granulés sur cet organe et la forme des pales réduisent le taux de granules cassés.
L’appareil possède un mode « bordure » pour épandre au plus près des ZNT sans envoyer de granulés dans ces zones ni dans les fossés et cours d’eau. Le Spando est DPAE. Les autres épandeurs du marché peuvent recevoir du DPA en option.
À noter que des quads sont disponibles avec des régulateurs de vitesse. Cela compense l’absence de DPA au moins dans les allers-retours, mais pas lors des phases d’accélération et de décélération. Un Spando coûte 4 400 €, tandis qu’un appareil de type Delimbe, selon le modèle et ses options, peut rester inférieur à 1 000 €.

L’épandeur De Sangosse Spando reçoit un DPAE et un mode bordure. (© Entraid Médias)
Lutte contre les limaces : deux matières actives seulement
De Sangosse produit des granulés anti-limaces. Malgré tout, la majorité de son discours consistait à donner des clés pour raisonner les apports de microgranulés :
- éviter les apports préventifs inutiles ;
- apporter les doses adaptées ;
- alternatives au chimique.
Cela peut paraître curieux à court terme.
Toutefois, on comprend que cette entreprise, dont les revenus dépendent majoritairement de la lutte chimique anti-limaces, a intérêt à ce que les produits basés sur les deux matières actives autorisées, le méthaldéhyde et le phosphate ferrique, gardent leur autorisation de mise sur le marché. Ce qui serait compromis en cas de détection de doses supérieures aux normes, notamment dans les eaux de captage.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :