Deuxième campagne pour apprendre le semis direct

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Deuxième campagne pour apprendre le semis direct

Xavier Ringot, président de la cuma et utilisateur du semoir, s'appuie sur le chauffeur de la cuma pour semer ses couverts, colza et une partie de de ses céréales.

Une quinzaine d’adhérents de la cuma d’Audinghen, située dans le Pas-de-Calais, s’est lancée l’année dernière dans les semis directs avec l’achat d’un semoir spécifique mais aussi beaucoup d’apprentissages.

Ce sont encore les balbutiements pour la nouvelle activité de la cuma d’Audinghen, située dans le Pas-de-Calais. Il faut dire qu’elle demande de l’expertise et de la technique, avec l’utilisation d’un semoir à semis direct. « On s’est lancé dans cette méthode avec 13 autres agriculteurs un peu par conviction, avance Xavier Ringot, président de la cuma et utilisateur du semoir. On voulait augmenter nos débits de chantiers de semis d’hiver, car c’est une période très chargée pour nous. On voulait également répondre aux attentes sociétales, réduire nos coûts d’implantation. Mais aussi préserver nos sols, les rendre plus riches en matière organique et moins sensible à l’érosion. »

Plus que prévu

C’est ainsi qu’à l’automne 2022, le Weaving GD6000T de six mètres de large a foulé pour la première fois quelques parcelles des adhérents. « Nous avons semé 350 hectares de couverts, de colza et de céréales confondus alors que seulement 200 étaient engagés, fait remarquer l’agriculteur. Mais nous sommes encore en phase d’apprentissage de l’outil et de la technique. »

En effet, conduire ce type d’outil demande de la rigueur. « Il faut savoir commencer les semis tôt, mais aussi s’arrêter tôt, estime le chauffeur et salarié de la cuma, François. Il faut apprendre à l’avoir en main, l’étalonner, peaufiner les réglages. »

C’est pourquoi le semoir est conduit par le même chauffeur et le même tracteur, tous deux en commun dans la cuma. Une manière de perdre le moins de temps possible lors des attelages et des réglages. Le débit est alors estimé à 2 ha/h en moyenne, réduisant aussi le coût d’utilisation. L’année dernière, il s’est établi à 40 €/ha, 20 €/ha en moins de prévu car plus de surfaces ont été emblavées.

Matériel subventionné

Outre pour les essais de technique, se lancer dans le semis direct demande, tout de même, un sacré investissement financier. Le semoir a été acheté 102 000 €, subventionné à hauteur de 20 000 €. Impossible pour ces agriculteurs d’investir seuls. D’autant plus qu’ils ont tous conservé leurs combinés de semis classiques.

« Nous avons choisi ce modèle, car nous avons rencontré un utilisateur auparavant qui était ravi de son achat, se souvient Xavier Ringot. Nous avons opté pour sa simplicité d’entretien et sa robustesse. » « Ici les deux disques sont montés sur pivots, ainsi la graine reste implantée à une profondeur identique, même en cas d’obstacles, démontre le salarié. Un pneu vient rappuyer ensuite la graine. Les essieux à l’avant ne se positionnent pas derrière les roues du tracteur et évitent ainsi de tasser les sols. »

Cependant, le semis direct ne correspond pas à tous les types de sols et climats. « Nous sommes dans une région humide, et si on poursuit nos semis lorsque l’ambiance n’est pas au sec, la levée devient très délicate », ajoute le président. Les précédents jouent également un rôle important dans la réussite des semis.

Gérer la date de semis

L’année dernière, 50 ha n’ont pas levé, car ils ont été semés pour la plupart après le 15 octobre. « Dès que la terre est trop humide ou dès qu’il y a la présence de débris de récolte dans la parcelle, les plantules peinent à lever, voire elles ne germent pas, indique Xavier Ringot. Pour éviter ce risque, j’ai décidé de décompacter la parcelle auparavant. Mais c’est une technique qui est souvent débattue dans notre groupe. »

Cette année, l’agriculteur a décidé de limiter les risques en implantant des cultures qui se sèment assez tôt : la totalité de ses engrais verts, toutes ses parcelles de colza et 25 ha de céréales, soit un tiers de sa surface. Ces cultures sont implantées après du lin ou du colza. L’agriculteur a pour ambition d’arriver à la technique de semis sous couvert, mais il veut laisser aux sols le temps de s’habituer. Mais la vraie réussite, « c’est que personne n’a abandonné la technique, les 14 agriculteurs restent motivés », fait remarquer le président.

La trémie du semoir est séparée en deux, ce qui permet d’apporter de l’engrais ou de l’anti- limaces au moment du semis ou de semer des couverts avec des espèces de différentes granulométries. « L’engrais joue un effet starter non négligeable pour cette méthode de semis, avoue l’agriculteur. Il permet à la graine de germer et pousser plus rapidement. Sans quoi, la levée est nettement plus longue qu’avec des semis plus classiques. »

Si les adhérents de la cuma d’Audinghen peuvent profiter de ce joujou, c’est grâce aux investissements en commun. Mais aussi aux conseils et expériences qu’ils mènent ensemble. Sans cela, difficile de se lancer sans l’appui d’un technicien… faute de le trouver.

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