Entretien des matériels: 5 réflexes pour éviter la casse

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Entretien des matériels: 5 réflexes pour éviter la casse

Le manque de graissage peut engendrer l’usure et la chauffe des pièces de roulement, le tout accentué par la poussière ambiante. (©New Holland)

Dans la vie d’une cuma, l’entretien du matériel tient une place centrale. Le défaut de maintenance peut avoir des conséquences techniques qui empêchent la bonne conduite des chantiers. Plus ennuyeux, cela peut déteindre sur l’ambiance au sein du collectif. Comment prévenir les principaux problèmes ?

SOMMAIRE

Suivons Thomas, un adhérent imaginaire dans cinq situations fictives mais inspirées de la réalité. Objectif: identifier les bons réflexes à avoir concernant l’entretien des matériels agricoles pour éviter la casse.

1 / On utilise le matériel, on le lave

Une bonne chose de faite, les vaches ont été changées de pré sans encombre. Il faut dire qu’avec le pâturage tournant, elles sont habituées à monter et descendre de la bétaillère. Thomas est satisfait. Surtout, il n’a rien cassé, rien plié. Il va pouvoir ramener la bétaillère au hangar de la cuma pour Florent, l’adhérent suivant. Il reste quelques traces de son usage. Une vache a uriné et une génisse a laissé une bouse, plus quelques traces de terre. Mais Thomas juge que la caisse est propre. Elle partira donc ainsi chez Florent.

entretien matériels agricoles

Bétaillère mal nettoyée = augmentation du risque sanitaire + corrosion du revêtement + ambiance plombée. (Crédit: Promodis)

Ce qui coince: L’impasse du nettoyage comporte un risque sanitaire en favorisant la diffusion des germes et autres parasites entre les élevages. Les déjections qui restent dans la caisse accélèrent également la corrosion du revêtement. Enfin, cela contribue à plomber l’ambiance et la confiance mutuelle entre les adhérents.

2 / Un bon graissage pour un bon entretien des matériels agricoles

Matériel crucial pour assurer la bonne qualité des fourrages, la presse à balles rondes est parfois soumise à rude épreuve lors des chantiers. En ce mois de mai, Thomas est au four et au moulin. Il doit faire entrer la fenaison, les semis et les pâturages dans son planning. Autant dire qu’il va à l’essentiel. Dans ces moments-là, souffler et graisser le roundbaler sont des tâches dont il se passerait bien. La moindre urgence est un prétexte pour sauter cette étape. Après un bon chantier sans bourrage, Thomas profite du temps gagné pour remiser le roundbaler et atteler la herse dans la foulée. Le graissage attendra.

entretien matériels agricoles

L’entretien des matériels agricoles tient une place importante dans le bon fonctionnement de la cuma. (Crédit: Krone)

Ce qui coince: En pleine campagne, le matériel a besoin d’un suivi régulier et rigoureux. Le manque de graissage peut engendrer l’usure et la chauffe des pièces de roulement, le tout accentué par la poussière ambiante. Une panne à ce moment-là pénalise tous les chantiers et crispe les esprits.

3 / Traiter une crevaison, même lente, dès son constat

Thomas n’a pas eu les yeux assez aiguisés. Parti pour désherber avec la nouvelle herse étrille de la cuma, il n’a pas repéré qu’une roue de jauge était crevée. Il s’en est aperçu dans l’avant-dernier champ mais s’en est accommodé. A-t-on idée de mettre tous ces pneus sur un simple matériel porté ! Le pneu n’a pas l’air endommagé, aussi Thomas se fait une raison en pensant que les collègues vont faire de même. Il hésite à gonfler le pneu pour camoufler la crevaison lente, mais chasse vite cette idée tordue. Tant pis, espérons que l’incident soit noyé dans la masse du collectif.

entretien matériels agricoles

Sur cette herse étrille, toutes les roues sont bien gonflées. Mais attention aux « crevaisons discrètes » ! (Crédit: Horsch)

Ce qui coince: Les roues de jauge servent à quelque chose. Elles assurent la régularité de profondeur et le respect de ce réglage. En second lieu, laisser la tâche au suivant risque d’engendrer la perte de confiance des collègues.

4 / Attention aux branchements électriques lors des dételages

Décidément, Thomas est tête en l’air. La journée s’annonçait chargée et cela s’est confirmé. Après avoir soigné les vaches, le semis de 15 ha était prévu avec le combiné de la cuma. Vite car Wilfried souhaitait enchaîner juste derrière. Pour Thomas, il faut rajouter un rendez-vous avec la comptable. Pas une minute à perdre, tout passe si aucun incident ne vient s’immiscer dans l’emploi du temps. Jusqu’au semis tout va bien. C’est en dételant que Thomas fait l’erreur fatale. Après être monté et descendu plusieurs fois pour poser l’outil convenablement, il engage la marche avant et arrache les câbles électriques qui alimentent le boîtier en cabine du combiné de semis. Le boîtier qui était resté dans la cabine a fait une chute libre. « Oh non ! Wilfried va le hacher menu », pense Thomas. 

Thomas laisse piteusement le matériel sur place et file à son rendez-vous, préférant ne pas être en défaut une deuxième fois. Il préviendra son collègue plus tard. Celui-ci risque de s’en rendre compte une fois sur place, après avoir fait le déplacement en tracteur pour rien. 

Ce qui coince: L’erreur d’étourderie arrive à tout le monde. Les emplois du temps chargés n’arrangent pas les choses. On perd en concentration. En revanche, vis-à-vis des collègues, l’excuse du rendez-vous urgent ne marche souvent qu’une fois.

5 / Participer à la mise en service du matériel

Moins grave mais tout aussi casse-pied, Thomas n’a pas pu se rendre à la mise en route du dernier épandeur à fumier de la cuma. Quelque chose l’en avait empêché, il ne s’en souvient plus. Pas plus bête qu’un autre et fort de 20 ans de pratique, il attelle l’épandeur pour son premier chantier. Ça promet, le matériel a l’air chouette si ce n’est ce terminal qui semble plus complexe que le précédent. Maintenant, il faut compter avec la table d’épandage et le DPAE. 

Bon, « commençons par remplir l’épandeur », se dit Thomas. Trop facile. Maintenant la vidange. Là, les choses se gâtent. Le terminal s’est mis en sécurité. Pourquoi ? Thomas l’ignore. Contraint d’appeler le responsable, il se fait encore une fois remonter les bretelles.

console épandeur de fumier

Les mises en service servent à bien comprendre le fonctionnement de matériels, qui gagnent en complexité. (©Rolland-Sima)

Ce qui coince: Utiliser un matériel sans vraiment savoir s’en servir est source de problèmes. On risque la panne et l’immobilisation du matériel dans beaucoup de cas. Une absence à ce type de moment fort dans une cuma peut être mal vécue par les adhérents présents. Ces derniers ressentent alors un décalage vis-à-vis de l’implication de chacun. Cela crée de mauvaises bases pour une confiance collective.

Réflexion: comment cultiver la confiance ?

Bien que les incidents cités ci-dessus concernent des faits techniques, d’autres conséquences ont une portée sur l’ambiance dans le groupe. En effet, on solutionne rapidement une panne ou une casse. Il est en revanche plus compliqué de regagner la confiance d’un groupe si elle a été trahie. C’est pourtant comme cela que certains adhérents perçoivent le comportement d’un collègue qui n’assume pas sa part dans l’effort collectif, notamment dans l’entretien des matériels agricoles.

Pour y remédier ou prévenir ces désagréments, une bonne communication au sein de la cuma est nécessaire. Certaines cuma se montrent très réactives pour prévenir en cas de panne par le biais des SMS ou de WhatsApp. My Cuma planning et travaux permet également de communiquer en temps réel.

Favoriser la prise de conscience de l’enjeu à tenir le matériel fonctionnel est efficace. Faire remarquer aux adhérents que le temps d’entretien et de nettoyage est du temps de travail l’est aussi. Les journées d’entretien et autres temps forts dans l’année (AG, repas…) sont de bons moments pour user de pédagogie.

Enfin, le rappel des règles est judicieux pour indiquer à quelqu’un qu’il sort des rails. Les règlements intérieurs et les statuts des cuma sont faits pour cela.

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