Avec le New Holland T7 270 Méthane Power, le constructeur poursuit son développement du tracteur roulant au biométhane. Nous avons publié en avril 2025 un comparatif entre un T6 180 Méthane Power et son alter ego carburant au gazole non routier. Ce test concernait un segment de puissance correspondant au tracteur de tête d’une exploitation de polyculture-élevage moyenne. Ici, on parle de 270 chevaux, carrément une catégorie au-dessus. Pourquoi le constructeur italien explore la catégorie de puissance plutôt typée « grandes surfaces » ?
Biogaz carburant pour tracteur de tête
« Des agriculteurs-méthaniseurs expriment des attentes en termes de puissance, de confort, d’autonomie et de polyvalence supérieures à celles que fournit notre T6 de 180 ch, explique Nicolas Morel, responsable produit « carburants alternatifs » chez New Holland. Nous avons choisi de tester notre motorisation biométhane sur notre modèle de 270 ch. » L’essai démarre sur le site Agribiométhane, à Mortagne-sur-Sèvre, à la frontière de la Vendée et du Maine-et-Loire. 10 agriculteurs exploitent un méthaniseur dont une partie du biogaz alimente une station de biométhane compressé.
A première vue, on retrouve quelques aménagements spécifiques aux tracteurs transportant des bouteilles de gaz : quelques capotages plus volumineux sous la cabine, ainsi qu’une coque frontale abritant elle aussi des recharges. Pas de bouchon bleu au-dessus d’un réservoir, la motorisation au biométhane n’ayant pas besoin d’additif à base d’urée pour satisfaire les normes anti-pollution.
New Holland T7 270 Méthane Power : 270 ch en continu
Sous le capot, le classique moteur FPT de 6,7 litres est présent, déshabillé de ses accessoires de dépollution. Seul un catalyseur trois voies traite les émissions de monoxyde de carbone et d’oxydes d’azote. « Comparé au T7 270 standard, qui développe 260 ch en continu avec un boost de 10 ch si nécessaire, le moteur biométhane fournit toujours 270 ch, précise Nicolas Morel. Cela donne davantage de confort et de polyvalence. »

Le moteur du New Holland T7 270 Méthane Power est quasiment le même que celui des T7 « GNR ». Il possède par exemple moins de composants anti-pollution.
La technique d’un moteur tournant au biogaz ressemble beaucoup à celle d’un moteur standard. Ce sera un atout lorsqu’un mécanicien devra intervenir : il ne sera pas dépaysé même s’il s’agit d’une nouvelle technologie. « Il constatera quelques différences, comme la présence de bougies et des détendeurs pour diminuer la pression de 11 à 8 bars dans la rampe d’admission », détaille le responsable produit New Holland.
Il est temps de grimper la volée de marchepieds pour accéder à la cabine. Entre deux marches, on remarque un cadran de manomètre : c’est une jauge de carburant. Quand il affiche 200 bars, cela signifie que les recharges de méthane sont pleines. À 100 bars, elles le seront à 50 %. Une alarme avertira le chauffeur à 40 bars.
Le manomètre sert lors du ravitaillement, le tableau de bord affiche aussi une jauge. Le chauffeur est dans un environnement connu, le T7 Méthane Power est équipé de la cabine Horizon Ultra.
La conduite du New Holland T7 270 Méthane Power
Contact : sur ce prototype, le bloc FPT se réveille avec un son semblant plus aigu que lorsqu’il s’abreuve au GNR. Les versions plus abouties seront mieux insonorisées. Le New Holland T7 270 Méthane possède la transmission à variation continue Auto Command bien connue sur les New Holland.
Premiers tours de roue : la conduite se fait de la même manière que s’il s’agissait d’un tracteur conventionnel. Le tracteur tire une tonne à lisier Joskin Tetraliner de 26 m³, pleine à ras-bord. De quoi occuper les 270 chevaux sur les routes vallonnées du bocage vendéen.
La principale différence à la conduite se remarque dans les descentes et à l’abord des zones de freinage. Le frein moteur est moindre que sur une motorisation classique. New Holland l’explique par le taux de compression plus bas de la motorisation au méthane, et par l’absence de ralentisseur sur l’échappement. Certes, la quarantaine de tonnes du tonneau à lisier n’arrangeaient rien, mais Nicolas Morel admet qu’il faut anticiper un peu plus tôt les phases de décélération.

Le T7 270 Méthane Power possède la même cabine que les T7 classiques.
La prise en main demeure simple pour le chauffeur lambda. Le pilote habitué aux New Holland Auto Command sera encore plus vite à l’aise.
Souvent, « énergie alternative » signifie une baisse d’autonomie. Le T7 « GNR » possède un réservoir de 400 litres. La version Méthane Power embarque 1200 litres, soit 200 kg de gaz. À terme, le réservoir frontal comportant quatre bouteilles sera amovible, porté sur un relevage avant.
Autonomie intéressante
Selon Nicolas Morel, bouteilles de biométhane pleines, il aurait fallu promener une telle tonne à lisier sur la route environ 10 heures pour venir à bout des derniers kg de biogaz.
Au travail lourd, New Holland annonce qu’il faut 1,5 plein par jour. Direction la station pour voir comment cela se passe. Des camions équipés de moteurs au biométhane sont déjà là, nous attendons notre tour. Une fois à la pompe, il suffit d’insérer l’embout standard de gaz dans un orifice à travers le marchepied, proche du manomètre.

New Holland indique 1,5 plein par jour aux travaux lourds. À peine un par jour au transport et à l’épandage.
« Faire le plein prend 15 minutes avec une recharge rapide, assure Nicolas Morel. L’autonomie sera augmentée de 10 % si on procède à une charge lente, en 6 heures. Le gaz chauffe moins, se dilate moins, on en met plus dans les bouteilles. »
Il existe des racks composés de quatre bouteilles de biogaz. « Un rack se transporte dans la benne d’un utilitaire, commente Nicolas Morel. C’est une solution d’appoint, fournissant un bonus de 15 km d’autonomie pour prévenir une panne sèche. »
Encore un surcoût à l’achat
Côté investissement, New Holland raisonne en termes de surcoût par rapport à une solution « GNR ». « Le biométhane est l’alternative au carburant fossile la moins onéreuse, a calculé Nicolas Morel. Nous estimons le surcoût à 25 %. Il s’explique par des composants spécifiques, avec des standards supérieurs en matière de sécurité, pour l’instant produits en petites séries. » Selon les régions, des programmes d’aides pourront diminuer le surcoût.
À noter que pour un tracteur au biométhane, le surcoût pourra être différent selon le modèle économique de l’unité de méthanisation.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces essais sur www.entraid.com :