Agroalimentaire, engrais, machines… comment l’industrie se décarbone-t-elle ?

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Agroalimentaire, engrais, machines… comment l’industrie se décarbone-t-elle ?

Comme ici à l'usine Pellenc, l'un des principaux défis des fabricants de machines est de réduire leurs émissions indirectes liées à l'acier. (©Entraid)

Les agriculteurs ne sont pas les seuls à devoir décarboner leurs pratiques : les fournisseurs, les coopératives et les clients sont aussi à pied d'œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à leurs procédés industriels. Tour d'horizon de différentes initiatives.

L’industrie se décarbone elle aussi, en amont et en aval de l’agriculture. Comment donc s’y prennent les fabricants d’engrais, l’agroalimentaire et les constructeurs de machines agricoles ?

Les engrais azotés

Les engrais azotés sont fabriqués en combinant l’azote de l’air avec de l’hydrogène issu du gaz naturel pour produire de l’ammoniac, puis de l’ammonitrate. Mais ce procédé engendre d’importants rejets de CO2. L’approvisionnement des fermes françaises dépend fortement de l’étranger, notamment de la Russie. Partant de ce constat, certains acteurs se sont lancés dans les engrais azotés bas carbone produits en Europe. Soit ils captent le CO2 produit lors de la fabrication de l’engrais, soit ils utilisent l’électrolyse de l’eau ou des énergies renouvelables pour produire de l’ammoniac vert. FertigHy, un consortium d’entreprises européennes, dont l’union de coopératives InVivo et le brasseur Heineken, porte un projet d’ampleur dans les Hauts-de-France.

Il devrait permettre de produire 500 000 tonnes d’engrais azoté décarboné par an, soit environ 15% de la consommation française. Quant au numéro un mondial, Yara, le groupe a investi 650 millions d’euros depuis 2014 sur ses trois sites de production français. L’installation d’un nouveau réacteur sur le site d’Ambès (Gironde) a, par exemple, permis de réduire les rejets de protoxyde d’azote. L’usine du Havre devrait aussi produire de l’hydrogène vert à partir de 2028.

 Comme l'industrie, l'agriculture se décarbone

Le machinisme

L’un des principaux défis des fabricants de machines est de réduire leurs émissions indirectes liées à l’acier. « Une tonne d’acier équivaut à 2 tonnes de CO2 », explique Déborah Gohard, la responsable développement durable de M-Extend. Le constructeur de chargeurs sur tracteur travaille notamment sur la diminution du taux de chute et l’utilisation des déchets d’acier. À l’avenir, un travail sur les propriétés de l’acier pourrait permettre de réduire la quantité de matière utilisée pour une même garantie de solidité.

« Il y aura certainement un enjeu de communication auprès de nos clients. Car épais ne veut pas dire forcément robuste, et inversement », poursuit-elle. Autre levier possible : se tourner vers de l’acier décarboné, mais le surcoût est important. M-Extend a investi pour réduire ses émissions directes liées à l’énergie Il a ainsi équipé toutes ses usines d’ampoules LED, en faisant évoluer ses procédés de peinture et en installant des panneaux photovoltaïques pour approvisionner ses sites. L’entreprise travaille également sur d’autres postes d’émissions indirectes comme la transition vers des moyens de transport bas carbone (fret) et la réduction des emballages.

L’alimentation animale

Dans le secteur de l’alimentation animale, les matières premières représentent une grande partie du poids carbone des produits finis. Une soixantaine d’entreprises se sont déjà engagées à s’approvisionner exclusivement en soja non déforestant. L’énergie ne représente qu’une petite partie de l’empreinte carbone. Pour autant, comme dans les autres secteurs, les fabricants s’attachent à réduire leur consommation, à l’instar de Sanders qui a développé un outil pour optimiser l’utilisation d’énergie dans ses usines et ainsi faire baisser de 2% par an ses dépenses. La Cavac, quant à elle, fait rouler une partie de sa flotte au B100. C’est un carburant fabriqué à partir de l’huile de colza (produit par ses adhérents) extraite pour fabriquer des tourteaux. Son objectif est de faire rouler la moitié de ses véhicules avec ce carburant d’ici 2026.

 L’agroalimentaire

L’agroalimentaire représente 12 % des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie française. Pour contribuer à l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, les besoins d’investissements des entreprises sont chiffrés entre 12 et 16 milliards d’euros, dont 9 à 11,5 milliards pour les trois filières les plus émettrices : le sucre, l’amidon et les produits laitiers.

L'industrie agroalimentaire doit se décarboner

Le sucre

Les procédés pour transformer les betteraves en sucre sont extrêmement énergivores. Seules 20 usines fabriquent du sucre en France métropolitaine. Pourtant elles émettent à elles seules 3% des émissions de GES de toute l’industrie française. Pour décarboner leurs activités, les groupes sucriers cherchent à réduire leur consommation d’énergie. Ils se tournent donc vers des énergies moins émettrices que le gaz, comme l’électricité ou des chaudières à biomasse. Ces dernières fonctionnent avec de la pulpe de betteraves. « Nous explorons toutes les pistes, y compris d’avoir des mini réacteurs nucléaires sur nos sites », explique Patrick Roiron, responsable de la veille industrielle chez Cristal Union.

L’amidon

Même problématique dans le secteur amidonnier qui investit dans la cogénération, l’électrification des procédés et les énergies alternatives (chaudières à biomasse, géothermie). Certains industriels utilisent les coproduits pour alimenter des méthaniseurs et renforcer leur autonomie énergétique. En effet, l’énergie représente près de 20% des coûts de production et la diversification est un moyen pour eux de moins dépendre du prix du gaz, très instable.

Le lait

Le maillon industriel représente 14% des émissions de gaz à effet de serre d’un litre de lait à la sortie de l’usine. Comme les autres secteurs, les laiteries ont avancé dans la réduction de leur consommation d’énergie et la transition de leur mix-énergétique. Elles ont également travaillé sur leurs systèmes de refroidissement pour éliminer les fluides frigorigènes les plus contributeurs à l’effet de serre d’ici 2030. « Tous les investissements sont pensés en termes de décarbonation et d’économie d’eau », assure le président du Cniel et de la Coopération laitière, Pascal Le Brun. L’optimisation de la collecte de lait et la réduction des emballages – constitués en partie de matières recyclées – sont deux autres leviers importants.

La grande distribution

En bout de chaîne, la grande distribution contribue aussi à faire baisser les émissions des produits alimentaires. Même si elle ne représente qu’une petite partie de leur empreinte carbone. Les émissions de GES du secteur ont baissé de 60 % depuis 2012, grâce à des efforts sur le transport, la consommation d’énergie, l’aménagement des magasins (portes sur les meubles réfrigérés), la réduction des prospectus et du gaspillage.

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