Les éleveurs se lancent avec une nouvelle rampe d’épandage

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Les éleveurs se lancent avec une nouvelle rampe d’épandage

Installé depuis 2014 en Gaec à trois avec ses parents à Annebecq, Adrien Letellier est le trésorier de la cuma du Don.

Après avoir temporisé pendant deux ans, la cuma du Don s'apprête désormais à investir dans une tonne à lisier avec rampe d'épandage de nouvelle génération.

La cuma du Don, à Landelles-et-Coupigny dans le Calvados, va bientôt acheter une nouvelle rampe d’épandage. Elle envisage d’acquérir, notamment, une tonne à lisier de nouvelle génération. En janvier, elle a déposé un dossier de financement par le PCAE (plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles). Il se chiffre à 300 000 euros. Son choix se porte aussi sur un andaineur et un pulvérisateur. Elle se crée en 1998 sur les secteurs d’Annebecq et Saint-Martin-Don avec une dizaine de polyculteurs-éleveurs laitiers à peine. Puis, la cuma s’élargit en 2014 au secteur de Campeaux, autour du projet de renouvellement de la tonne à lisier avec rampe d’épandage. De cinq adhérents impliqués à l’origine, le groupe passe alors à dix. L’équipement est un Joskin à buses de 18 000 m3. Le volume total épandu s’élève à 1 100 tonnes de lisier.

Renouvellement de la tonne et de la rampe d’épandage

« La question du renouvellement de la tonne s’est de nouveau posée en 2020. Nous changions habituellement tous les cinq ans depuis le premier équipement arrivé en 2000, explique le trésorier Adrien Letellier. Nous étions alors plusieurs à vouloir solliciter le soutien du PCAE pour passer d’une rampe d’épandage à buses classique à une rampe à pendillards. Notre motivation était l’évolution de la réglementation mais aussi le souci de mieux valoriser nos effluents. Il fallait pour cela réduire la volatilité de l’azote ammoniacal. Mais l’investissement était très supérieur aux 70 000 euros déboursés cinq ans auparavant. »

Frileux vis-à-vis de la somme à investir, le groupe décide de prolonger la durée d’utilisation de sa tonne. Une stratégie se traduisant en un montant de 18 000 euros de frais d’entretien sur deux ans. Au cours de l’été 2022, le trésorier prend alors les devants. Il se renseigne sur l’évolution des aides auprès de la fédération des cuma. Dans la foulée, il contacte les concessionnaires. « Nous avons constitué un groupe de travail de quatre personnes pour avancer concrètement, indique Adrien Letellier. Nous allons ensemble aux présentations des concessionnaires afin d’avoir le même niveau d’information. L’un d’eux a même réalisé une démonstration d’épandage pour laquelle les dix agriculteurs engagés sur la tonne se sont déplacés. »

Rampe d’épandage à pendillards ou à patins

Pour chaque marque, le groupe étudie plusieurs options : rampe d’épandage à pendillards, rampe à patins ou injecteur à disques. « L’injecteur est intéressant pour les prairies qui représentent 500 tonnes épandues. Mais par rapport à quinze mètres de pendillards, le débit de chantier est réduit d’un tiers du fait de sa largeur de six mètres », souligne Adrien Letellier. Même si la fenêtre d’intervention est plus large avec l’injecteur, l’agriculteur craint, notamment, un engorgement pour les épandages avant maïs. Ces derniers représentent en effet la pointe de travail de la tonne à lisier. En revanche, acheter les deux outils pour répondre à toutes les préférences est est peu envisageable selon lui. Car ce choix représenterait au moins 35 000 euros de plus.

Étaler le financement de la rampe d’épandage

Adrien Letellier a résumé dans un tableau les tarifs pour l’ensemble des marques et des types d’équipements. La fourchette s’écarte de 130 000 à 235 000 euros. L’investissement à prévoir, une fois la reprise de l’ancien matériel et les 30 % de subventions déduites, s’élève par conséquent entre 65 000 et 135 000 euros.

Le choix définitif sera tranché début 2023, pour une première utilisation programmée à l’automne 2024. « Nous devons encore discuter de la nouvelle tarification, précise le trésorier. Mais nous avons tous conscience qu’elle augmentera parallèlement à la hausse du coût du matériel. Ce nouvel outil nous permettra toutefois de mieux valoriser nos effluents et d’économiser sur l’achat d’engrais. » Par ailleurs, Adrien souhaite proposer à ses collègues d’étaler le financement sur neuf ans plutôt que sept, en y intégrant les frais d’entretien qui tendent à augmenter. Le responsable aimerait en même temps simplifier le système de facturation, en passant de cinq factures par an à un versement mensuel d’acomptes sur onze mois.

Avancer maintenant sur le désherbage mécanique

« Avec une vingtaine d’adhérents, il me semble important que notre cuma bouge en innovant avec du matériel performant, si on ne veut pas qu’elle périclite, conclut le jeune trésorier. Nous devons y mettre de l’énergie et aller de l’avant pour éviter que les adhérents se détournent pour faire appel aux ETA. » Certains projets n’aboutissent pas avec la cuma. Ainsi, il arrive à Adrien d’investir avec son voisin le plus proche. L’agriculteur cite en exemple la désileuse automotrice. « Il y a quelques années, nous avons aussi démarré à deux sur un déchaumeur de quatre mètres de large. Finalement, nous sommes maintenant huit à l’utiliser. »

L’histoire se répétera-t-elle avec le désherbage mécanique ? « Aujourd’hui, je suis persuadé qu’il faut avancer dans ce domaine car la législation nous pousse en ce sens. Une cuma voisine a créé un groupe désherbage mécanique, sachant que la moitié de leur effectif s’est convertie au bio. La fédération des cuma a organisé en 2020 une journée de démonstrations mais notre cuma était peu représentée. Peut-être qu’il faudra, là aussi, commencer par investir à deux. »

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