Qui conduit la machine ?

Partager sur
Abonnés

Qui conduit la machine ?

Le salarié de la cuma peut profiter de la diversité des tâches à réaliser.

Si les cuma sont bien pourvues de matériels, au niveau des chauffeurs, ça peut pêcher. Certains groupes ont redoublé d’ingéniosité pour avoir de la main-d’œuvre disponible pour assurer les chantiers. Témoignages.

Dans la gestion de main-d’œuvre, notamment pour déterminer qui conduit la machine, il y a ceux qui la mettent en commun. À l’image des cuma de la Tour et du Pays d’Ouche situées dans l’Eure. Eux, s’appuient sur le groupement d’employeurs qui émane de l’intercuma qu’ils ont créée. Concrètement, l’adhérent d’une des deux cuma peut profiter de la main-d’œuvre embauchée par l’intercuma. Par exemple, « le chauffeur de l’ensileuse de la cuma de la Tour récolte aussi des pommes ou encore des graines de lin pour le compte d’adhérents du Pays d’Ouche », explique Noëlle Maillard, animatrice à la frcuma Seine-Normande.

Partager le salarié qui conduit la machine

Cette organisation a de nombreux avantages. D’une part pour les employeurs qui peuvent faire appel ponctuellement aux salariés de la cuma selon leurs besoins et le moment le plus opportun. En revanche, pour profiter du service de groupement d’employeurs, les agriculteurs doivent s’engager sur un volume horaire à respecter.

Comme le constate la cuma du pays d’Ouche qui écapsule entre 100 et 150 ha de lin chaque année. Pour ce type de chantier, il faut un chauffeur réactif et expérimenté. C’était tout trouvé dans la cuma voisine, celle de la Tour. « Avoir des personnes pour conduire l’ecapsuleuse, ça devient compliqué, avoue Antoine Rivière, président de la cuma. L’expérience est un atout précieux. Un lin mal écapsulé risque d’engendrer une grosse perte de temps dans la suite de la récolte. Une grande concentration est nécessaire pour réaliser cette opération. Il faut aussi avoir l’oreille attentive aux bruits et bien surveiller les réglages. Un opérateur très spécialisé qui a la machine dans le corps pourra anticiper et mieux prévoir les pannes. »

Un réel gain pour cette cuma de l’Eure.

Embaucher les adhérents

Du côté du salarié, lui peut profiter de la multiplicité des tâches tout au long de l’année. Grâce au statut de groupement d’employeurs, en place depuis 2016, leurs missions peuvent être de la conduite de matériel en prestation complète (outil, tracteur et chauffeur de la cuma) ou bien dans le cadre d’une mise à disposition pour une exploitation adhérente.

D’autres cas de figure existent avec, notamment, la cuma de Marignac en Charente-Maritime. Le groupe a décidé d’embaucher certains adhérents en tant que chauffeurs de matériel de la cuma. Comme Frédéric Nicolas, président mais aussi salarié, qui pendant deux semaines dans l’année, conduit la machine à vendanger du groupe. Environ 160 ha sont récoltés grâce à ce président chauffeur et un autre adhérent salarié pour la même période.

« Employer les adhérents, c’était avant tout une question de confiance, estime le président. Cela renforce aussi nos liens et nous nous connaissons mieux. En plus, nous avons la chance d’avoir en main le matériel et de connnaître la localisation des parcelles. Et entre chauffeurs, nous avons l’habitude de nous concerter pour planifier et d’organiser les chantiers. »

Même stratégie pour la cuma de Montemboeuf pour son activité ensilage de maïs et d’herbe. Comme pour l’autre groupe, le président est aussi salarié de la structure avec un autre de ses collègues. Une manière de pouvoir proposer des prestations complètes aux adhérents. « Nous sommes deux chauffeurs saisonniers, explique Dominique Lambert, président de la cuma. Nous conduisons les machines. En plus, j’effectue un peu d’entretien du matériel. Je participe ainsi à l’activité de la cuma. »

Déléguer la charge administrative

Avec ces deux nouveaux salariés saisonniers, la cuma a revu son organisation. Avant, elle travaillait par secteurs, dorénavant, les salariés priorisent le besoin de leurs exploitations. « Quand l’un est occupé sur son exploitation, l’autre chauffeur doit prendre le relais, précise le président qui réfléchit à consacrer un tiers du temps annuel à la cuma. Ensuite, nous nous coordonnons avec le responsable de l’activité ensilage. »

Avec un statut de salarié, les deux parties sont sécurisées vis-à-vis de la réglementation ou en cas d’accident. Pour plus de simplicité, le groupe d’agriculteurs a décidé d’adhérer au service social de leur fédération de cuma. Ainsi, il a pu déléguer l’ouverture des dossiers d’embauche selon la formule choisie. À la cuma de Marignac, c’est le Tesa qui est favorisé. Pour la cuma de Montemboeuf les bulletins de salaire sont également réalisés par ce service et les contrats de travail les plus adaptés sont alors établis.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :