Faut-il opter pour un renouvellement court de la moissonneuse-batteuse ? Période charnière pour la plupart des agriculteurs, la moisson est un chantier qui demande beaucoup de réactivité et qui provoque du stress. Alors ce n’est pas le moment de tomber en panne ! Pour éviter cela, mais aussi dans le but de réduire les frais d’entretien et de réparation, certains groupes essayent de renouveler rapidement leur moissonneuse-batteuse. Nous avons tenté de l’estimer dans notre simulation l’impact économique de cette démarche : le surcoût est d’environ 76 €/h.
Renouvellement court de la moissonneuse-batteuse : un entretien plus onéreux
Simulation sur 16 ans de l’impact d’un renouvellement tous les 4 ans de la moissonneuse-batteuse.
En moyenne, dans le cas d’un renouvellement court de la moissonneuse-batteuse, les frais d’entretien sont estimés à 42 €/h contre 46 €/h pour un renouvellement plus long. Si le taux des intérêts des emprunts n’est pas si différent (0,01 % de plus pour 8 ans), le remboursement d’un prêt sur quatre ans plombe la trésorerie et augmente le coût de revient d’une moissonneuse renouvelée tous les quatre ans par rapport à une autre renouvelée tous les huit.
Il est difficile cependant de privilégier systématiquement une stratégie plus qu’une autre. En effet, les réalités du terrain peuvent différer d’une zone à l’autre et au gré d’une offre commerciale intéressante, rendre une stratégie ponctuellement gagnante.
Hypothèses de calcul
Dans cette simulation de coût d’utilisation d’une moissonneuse effectué avec l’outil en ligne Cumacalc, nous avons arbitré certaines décisions. Nous avons déterminé un prix d’achat de la moissonneuse de 6 secoueurs à 300 000 €, prix constaté ces derniers temps par les cuma avec un taux d’actualisation du prix d’achat des moissonneuses neuves de + 5 %/an.
Simulation comparative entre un renouvellement court de la moissonneuse-batteuse et un renouvellement à 8 ans.
Dans ce cadre de cet exemple, nous avons imaginé une création d’activité avec un capital social équivalent à 10 % du prix d’achat. Pour le renouvellement court, le taux d’intérêt de l’emprunt retenu dans notre cas de figure est de 4,2 % sur 4 ans (dans la réalité, un certain nombre des cuma emprunteuses préférera contracter un prêt sur une durée plus longue de manière à alléger le montant des annuités). Tandis que pour une durée de 8 ans, il est de 4,3 %.
Enfin, nous prévoyons que la moissonneuse batte 500 ha de grains chaque année, soit 180 h au batteur.
Témoignage renouvellement court de la moissonneuse-batteuse : « En 13 ans, nous avons eu sept Axial »
Frédéric Sabreja (à droite), président de la cuma de Chalandry, et un adhérent, utilisent pour la première fois leur nouvelle moissonneuse-batteuse.
« Nous avons créé une activité de moisson en 2010 avec sept adhérents pour récolter environ 500 ha de grains sur une période assez courte. Car nous sommes situés dans l’Aisne et même l’été, la météo peut être capricieuse et réduire nos fenêtres d’action. Nous devons être réactifs. Pour cela, nous avons décidé de renouveler tous les trois ans environ notre moissonneuse-batteuse.
Notre but premier est de pouvoir changer notre machine sans faire évoluer notre coût de revient. Celui-ci est établi à 57 €/ha soit 158 €/h environ (frais financiers, entretien et AdBlue compris). Pour y parvenir, nous n’avons pas toujours le choix du modèle de machine, ni de la nouveauté.
Lors du dernier renouvellement, en 2022, nous avons acheté une machine destinée préalablement à la démonstration. Nous n’avons ni choisi les options, ni la largeur de coupe. Il fallait ajouter un billet de 30 000 euros pour se procurer une coupe plus large, on a donc abandonné l’idée. Mais nous avons tout de même eu de la chance, la machine est arrivée trop tardivement pour faire les démos, elle est donc comme neuve cette année.
Nous reverrons peut-être notre stratégie de renouvellement puisque les prix des machines ont énormément augmenté. Il faudra calculer au moment venu, mais je ne pense pas que la reprise plus élevée comblera la hausse du matériel neuf. »
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