Protéger les vignes par l’aspersion

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Protéger les vignes par l’aspersion

Aspersion déclenchée à la cuma de Fourchaume, pour ne pas descendre sous la température de la prise de glace.

Les gelées de printemps ont toujours été un souci à Chablis (Yonne). Quand le système de lutte contre le gel par aspersion a été installé à l’exemple de la Champagne, toute la France viticole a défilé pour découvrir l’innovation. Ceux qui levaient les bras au ciel sont aujourd’hui concernés.

Comment fonctionne la lutte contre le gel par aspersion?

Tout d’abord, «la lutte passive a longtemps consisté à ne pas planter de vignes dans les creux de vallon», explique Yvon Vocoret, président de la cuma de Morennes. Ainsi, pour la Côte de L’Homme mort, les pieds de vigne ne descendaient qu’à mi-hauteur. «Mais quand la zone a été classée en vin de Chablis AOC, premier cru L’Homme mort, le coteau a été entièrement planté.»

Pour assurer sa récolte, le Chablisien s’est montré à la hauteur de sa réputation, et toutes les pratiques se sont tutoyées: chaufferettes, bougies, aspersion au fioul, aspersion, fils chauffants de première génération à l’action renforcée par les bougies…

Lutte contre le gel par aspersion: sous condition de ressource

Pour recourir à la lutte contre le gel par aspersion, il faut d’abord disposer d’un point d’eau à proximité. C’est autour du projet de création d’une station de pompage en commun que la cuma de Morennes est née en 1991. «Nous sommes cinq adhérents pour protéger 3ha de parcelles de Chablis, où la température peut descendre à -7,5°C. Le Serein passe dans le bas des vignes, et nous avons la chance d’avoir accès à un puits avec une eau propre. Nos résultats sont vraiment excellents.»

«Utilisé sans problème parce que nous en prenons bien soin, notre matériel est amorti. Il faut effectuer une vidange par an, changer des pièces si besoin, et faire un essai 15jours avant sa mise en route.»  Le coût en cuma couvre l’entretien courant, et l’achat du gasoil pour le groupe. La partie aérienne du dispositif reste individuelle. «Un tuyau qui casse ou un asperseur à changer reste à la charge de l’utilisateur.»

400mm d’eau = une récolte

À la cuma de Fourchaume (du nom du Chablis premier cru Fourchaume) sur la Chapelle Vaupelteigne, qui pratique la pulvérisation antigel depuis 1975, le matériel fonctionne aussi. Un investissement de 278.000€ pour tout le système d’aspersion, amorti sur 10ans. Trop petite, la cuve pour l’eau a été changée, le moteur diesel aussi. Huit adhérents bénéficient de l’aspersion sur 12-15ha. «Nous avons le droit à deux buses pour nous alimenter en eau de la rivière. Un compteur de l’Agence de l’eau veille au débit.»

Des sondes donnent l’alerte sur les téléphones du président, du vice-président et du trésorier pour surveiller le thermostat. «On déclenche l’aspersion à 0°C ou -0,5°C. Au printemps 2021, dix nuits d’aspersion ont sauvé la récolte.» Le coût à l’hectare varie selon les années. «On consomme 4mm d’eau par heure et par hectare, soit 50mm dans la nuit, ce qui donne environ 400mm pour la période.»

La cuma engage un mécanicien trois mois par an pour le travail de nuit et l’entretien. Un tuyau démonté est toujours mis de côté pour un éventuel remplacement ultérieur.

Pour les parcelles sans eau à proximité, il faut agir autrement. «Tout le monde pratiquait la pulvérisation au fioul très efficace, témoigne Yvon Vocoret, mais son caractère polluant et la hausse des prix ont changé la donne.» C’est ainsi que la cuma voisine La Folle Pensée, pionnière en aspersion, a créé une section câble pour investir dans les armoires électriques nécessaires à l’usage des fils chauffants.

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