Quatre choses à savoir sur l’épandage d’engrais

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Quatre choses à savoir sur l’épandage d’engrais

Plus l’appareil est bien centré et bien verrouillé, moins il y aura de risques de biais dans l’épandage d’engrais.

Dans un contexte d’engrais cher, la moindre économie est bonne à prendre. Concernant l'épandage d'engrais proprement dit, le réglage et calibrage du distributeur, ses options et la qualité de l’engrais peuvent éviter de gaspiller cet or blanc.

L’épandage d’engrais solide n’est pas toujours chose aisée. À la vitesse à laquelle est projetée la bille d’engrais, il est difficile parfois d’être précis. Cette année, encore plus que les autres, l’enjeu est de ne pas gâcher cet or blanc. Révisions de quelques notions élémentaires.

1 / Il y a engrais et engrais

Cette année, avec une plus faible disponibilité des engrais ou leurs prix, les agriculteurs ont pu acheter des types ou qualités d’engrais différentes de leurs habitudes. La qualité et la granulométrie vont définir la largeur d’épandage d’engrais.

« Une bille d’engrais peut aller jusqu’à la vitesse de 120 km/h pour arriver au sol, lance Teddy Vignaud, animateur agroéquipement à la fdcuma des Deux-Sèvres. Pour résister à ce choc et pour évier qu’il ne se casse ou rebondisse, il faut que l’engrais soit assez résistant. Si ce n’est pas le cas, il faudra réduire la largeur de l’épandage. »

Pour connaître la capacité de l’engrais à résister aux chocs il existe des boîtes granulométriques.

« Si la densité est inférieure à 0,85 kg/l, il faudra épandre à une largeur comprise entre 24 et 36 mètres, précise l’animateur. En revanche, si la densité est au-dessus de 0,95 kg/l dans ce cas, l’épandeur peut utiliser une largeur jusqu’à 48 mètres. »

Sans aller jusqu’à ces précisions, selon l’expert, il suffit de poser un poids de 3 kg au-dessus de la bille d’engrais et ainsi voir si elle résiste.

2 / Distributeur bien réglé, pertes évitées lors de l’épandage d’engrais

Une fois la largeur d’épandage déterminée, encore faut-il bien appliquer l’engrais. C’est l’heure de régler son distributeur.

« D’abord, il faut régler le relevage du tracteur pour faire en sorte que la longueur des chandelles soit identique de chaque coté et la plus courte possible, explique Teddy Vignaud. Le stabilisateur doit être également à la bonne longueur de chaque côté. »

Plus l’appareil est bien centré et bien verrouillé, moins il y aura de risques de biais dans l’épandage de l’engrais. La longueur des deux tiges du troisième point joue également. Ce réglage évolue selon le stade de la culture et le distributeur. L’idéal est que l’appareil soit parallèle au sol et 80 à 50 cm au-dessus des cultures.

« Le poids de l’engrais fait également varier les réglages, précise l’animateur. Il sera plus ou moins incliné vers l’avant ou l’arrière selon que l’engrais est plus ou moins léger. » Pour cela, les références du constructeur regroupées dans la notice d’utilisation peuvent donner un bon ordre d’idée.

Tester l’épandage d’engrais au champ

Le débit peut aussi être ajusté. Si le distributeur est équipé de la DPA (débit proportionnel à l’avancement), il est automatiquement adapté. Pour les autres cas, il est conseillé de faire un test. Il s’agit de démonter les disques, ouvrir les trappes, faire tourner de distributeur et récolter la quantité d’engrais.

« Avec la granulométrie, on peut ainsi savoir si la quantité d’engrais correspond bien à celle attendue, ajoute Teddy Vignaud. La localisation de l’engrais sur les disques est aussi un paramètre à prendre en compte. Si l’engrais est lourd, il faudra le déposer au bord. S’il est léger, il faudra essayer de le centrer. »

Mais rien ne vaut un test au champ. L’objectif est de savoir si l’épandage de l’engrais est homogène. Dans ce cas, il faut disposer des bacs récupérateurs pour évaluer la quantité d’engrais de chaque coté de passage.

« Cela permet de vérifier la bonne répartition au sol de l’engrais. Certains constructeurs proposent même une application qui permet de le déterminer au fur et à mesure des passages », illustre l’animateur.

3 / Des options pour plus de précision

Par ailleurs, des options d’équipement existent pour faciliter l’épandage de l’engrais. Le guidage GPS notamment évite le recroisement. « Avec cet équipement, on estime l’économie d’engrais de 2 à 10 % selon la forme des parcelles », rapporte Teddy Vignaud.

La coupure automatique de tronçons permet d’être plus précis à 2 mètres près. L’économie d’engrais peut aller jusqu’à 5%. Enfin, la DPA et la pesée automatique permettent de réduire les apport jusqu’à 5% du volume habituel.

Pour aller plus loin dans la précision, la modulation intra parcellaire est une solution. Par cartographie ou capteurs intégrés, les résultats sont plutôt fiables.

« C’est aussi une question de stratégie définie par l’agriculteur, relativise l’animateur. Selon le potentiel du sol et de récolte, l’agriculteur décide d’apporter davantage d’engrais pour optimiser son rendement ou pour le compenser lorsqu’il semble moins bon. »

Des appareils à rampes ont également fait leur apparition dans les plaines françaises. Encore à ses débuts, la technique permet d’apporter les doses d’engrais, sans être soumis aux vents. Mais l’équipement reste encore onéreux.

4 / Le nettoyage et l’entretien sont des étapes primordiales

L’entretien du distributeur permet également une meilleure application de l’engrais.

« Bien laver son distributeur et appliquer une huile végétale après son utilisation est primordial, rappelle Teddy Vignaud. Les palettes, qui envoient l’engrais s’usent facilement. Il ne faut pas hésiter à les changer si besoin car elles ont un impact sur la répartition. »

Ces règles sont bien sûr à adapter selon le modèle du distributeur. Les constructeurs accompagnent leurs outils avec des abaques de réglages. Cependant, la technicité de l’agriculteur aux manettes et sa formation à l’utilisation de son outil font varier la précision de l’apport.

Toutefois, on peut le dire, « les constructeurs ont tous fait des efforts sur la précision de leurs engins, fait remarquer l’animateur. Les concessionnaires n’hésitent pas non plus à former le chauffeur si besoin ».

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