RSO: labellisation en marche dans les cuma des Landes et Pyrénées-Atlantiques

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RSO: labellisation en marche dans les cuma des Landes et Pyrénées-Atlantiques

Les partenaires ont répondu présent à l'AG de la fédération des cuma 640.

RSO pour "responsabilité sociétale des organisations". Retenez bien ce label: il va désormais peser pour toute demande de subvention pour les cuma de Nouvelle-Aquitaine. Mais pas seulement, selon les participants à la table-ronde organisée lors de l'assemblée générale de la fédération des cuma Béarn-Landes-Pays basque. 

L’équipe de la fédération des cuma Béarn Landes Pays basque avait choisi de faire de la RSO le thème de la table-ronde, lors de son assemblée générale, le 27 février à Saint-Palais (64).

Le label RSO (responsabilité sociétale des organisations) consiste en fait à formaliser l’existant, les pratiques déjà en cours dans les cuma. » Et les interlocuteurs qui se sont succédé ont été plutôt rassurants. Sans pour autant verser dans la « câlinothérapie ».

Louis Ferran est animateur responsable du déploiement du label RSO au sein des cuma des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. Il a détaillé la manière dont les animateurs vont évaluer les cuma afin qu’elles puissent obtenir la certification RSO.

RSO, pour formaliser l’existant dans les cuma

« Il s’agit d’une norme internationale, la norme ISO 26000, a-t-il indiqué. Pour atteindre la déclinaison de cette norme dédiée aux cuma, elles sont évaluées selon 29 critères répartis en 5 chapitres »:

  • Le projet de la cuma et la gouvernance
  • Les relations et l’organisation des activités de la cuma avec les adhérents et les salariés
  • La dynamique de sobriété énergétique et la contribution à l’évolution des pratiques agroécologiques
  • L’implication et le dialogue avec les acteurs du territoire, la contribution au développement local
  • La biosécurité, la bien-traitance animale et la biodiversité

« L’évaluation aboutit à une note entre 0 et 1000 points. Si la cuma atteint 300 points, elle obtient le label RSO pour 5 ans. Dans les faits, il s’agit de formaliser ce que font déjà les cuma », a résumé Louis Ferran.

« Cela permet aussi aux cuma de se projeter, de créer un plan d’action », a complété le directeur de fédération des cuma 640, Richard Finot.

Concrètement, l’évaluation consiste pour un responsable de cuma à s’entretenir avec un animateur de la fédération des cuma 640.

Une certification RSO solide

« L’animateur va ensuite croiser les résultats de ces entretiens avec un animateur ‘non concerné' », a réagi Laurent Lévêque. Ce dernier, auditeur Conseil RSO au sein de La Coopération Agricole*, a signalé que le réseau cuma avait aussi créé un comité régional de suivi.

Ce qui fait dire à M. Lévêque qu’il s’agit d’une démarche de certification « unique, novatrice. Elle permet aussi d’éviter de faire appel à des entreprises spécialisées », avec les coûts associés.

Le tout pour obtenir « une certification Afnor internationale, la certification ISO 26000, qui a été déclinée pour les cuma, » a-t-il appuyé.

Côté témoignages

Côté cuma, la fédération a déjà labellisé une quinzaine de cuma.

répartition des cuma labellisées rso au début du processus

Louis Ferran présente la carte des cuma déjà certifiées RSO dans le 64 et le 40

Stéfaan Massart, président de la cuma des Côteaux de l’Isle (33), témoignait. Dans cette cuma viticole, 60% de la surface est en bio et 80% en HVE. Les 15 adhérents se partagent une quinzaine d’outils.

« Toutes les décisions sont prises de manière transparente, avec un tableau. Nous fonctionnons aussi avec des groupes Whatsapp. La RSO, en fait, est déjà dans l’ADN des cuma. La labellisation a été facile. Il faut en parler aussi, le dire aux partenaires. C’est le sens de l’histoire, et à un moment donné nous n’aurons pas le choix. Le respect des collaborateurs, des acteurs, et évidemment de l’économie. Tout doit être équilibré, sinon ça s’arrête très vite. »

Les participants à la table ronde sur la RSO.

Hubert Candelé, directeur de la laiterie Bastidarra, participait aussi à la table ronde. « Quand c’est intrinsèquement porté, c’est simple. L’intérêt, c’est que ça permet de progresser, mais aussi de développer les relations. Il existe des structures moins vertueuses que nous qui ont ce type de label et qui communiquent mieux que nous. Il faut s’en saisir. »

Encore un label?

« Encore un label? »

« Est-ce qu’il ne s’agirait pas davantage d’un outil de communication et de marketing? »

Les questions de l’audience n’ont pas manqué de mettre en lumière les inquiétudes d’une partie des agriculteurs et des responsables de cuma.

La réponse de Laurent Lévêque a eu le mérite de la clarté. « Ce qui n’est pas dit, n’existe pas. Vos partenaires ne sont pas télépathes. Les cuma bénéficient de soutiens financiers forts. Cela implique qu’elles doivent être en capacité de montrer qu’elles créent et partagent de la valeur ajoutée sur leur territoire et qu’elles sont respectueuses de leurs salariés. Il s’agit de donner de la lisibilité aux financeurs publics », a-t-il argumenté.

« Les financeurs publics ne sont d’ailleurs pas les seuls concernés », a-t-il pointé. « Les privés, telles les banques, s’y penchent de plus en plus. »

« Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, je négocie avec des sociétés d’assurances qui vont, pour les entreprises, prendre en compte l’équivalent de la RSO, la responsabilité sociétale des entreprises. »

Une activité intense, toujours en hausse

Cette table ronde sur la RSO s’insérait dans le déroulement d’une assemblée générale dense et bien menée. À l’image de l’activité intense de l’équipe de la fédération des cuma 640, élus et salariés confondus.

Le rapport d’activité était ponctué de vidéos de témoignages percutants. Comme celui de Clément Caucher, récemment installé et adhérent à cinq cuma, « pour la fenaison, le transport, l’épandage d’engrais nouvelle génération… »

« La mise en culture me coûte 335€/ha », indiquait-il au cours de cet entretien vidéo. « En propre, je serais quasiment au double. Oui, en cuma, il faut savoir faire parfois quelques compromis, mais ça se passe bien. Les cuma, c’est assez complet, en fait: il y a le partage des matériels, mais aussi la discussion, ne pas être seul, des prix maîtrisés pour des matériels performants. Et il va y avoir tellement de choses à expérimenter à l’avenir. »

Le directeur de la fédération, appuyé par Fabrice Castéra (président) et Philippe Frachou (vice-président), a également analysé la dynamique cuma sur l’année 2022. Une période marquée par des indicateurs en croissance dans les cuma.

C’est-à-dire un chiffre d’affaires global en hausse. Le maintien des investissements à un niveau très élevé (après une année 2021 déjà exceptionnelle). De plus en plus d’agriculteurs adhèrent à une cuma, dans les deux départements, malgré une démographie agricole en baisse.

Quelques bémols

À cela, l’équipe a ajouté quelques bémols. Comme « la progression trop timide » de l’emploi en cuma, comme l’a souligné le directeur Richard Finot, « alors que l’avenir des exploitations et des cuma en dépend ».

Petite déception aussi du côté de l’ambition des cuma, un sujet porté par Pierre Supervielle, qui a souligné que sur les territoires des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, malgré la dynamique de l’équipe, « encore trop peu de cuma investissent les sujets innovants ».

« L’équipe est là, le cadre juridique évolue, les cuma doivent s’investir dans des projets à plus-value et tisser des liens avec les acteurs des territoires », a-t-il martelé. Et de citer un exemple fort, celui des douze cuma du 64 et du 40 qui se sont mobilisées pour aider les pompiers lors des incendies de l’été, à proximité du bassin d’Arcachon.

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