Activité pressage en prestation complète : 4,50 € la balle

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Activité pressage en prestation complète : 4,50 € la balle

Richard Audebrand, le Président de la Cuma d’Adilly dans les Deux-Sèvres, devant les deux presses Kuhn de la cuma, utilisées en prestation complète

L’activité pressage est développée en prestation complète à la cuma d’Adilly, dans les Deux-Sèvres, avec deux machines. L’organisation est bien rodée, même si les transferts d’exploitations s’accompagnent d’une baisse des surfaces

La cuma deux-sévrienne d’Adilly a réduit un peu la voilure de son activité pressage : 10 000 balles pressées en 2020. 6 500 en 2022.  Et cela suite au départ en retraite de trois adhérents, qui réalisaient un gros volume de foin. Ce fourrage représentait plus de la moitié des volumes pressés. Environ 3 500 balles de foin en 2022, contre 1 000 d’enrubannage et 2 000 de paille. Le pressage de fourrage est plus fréquent dans cette zone de polyculture élevage diversifiée (moutons, bovins lait et viande, céréales) que l’ensilage d’herbe. La cuma d’Adilly compte une quarantaine d’adhérents au total réunis autour de matériels d’élevage, de transport, de récolte d’herbe et de travail du sol.

Pressage clé en main : 4 adhérents gère l’activité

Malgré la baisse de volume, le système mis en place depuis de nombreuses années à la cuma d’Adilly demeure intéressant : « Nous assurons un pressage clé en main chez une quinzaine d’exploitations adhérentes : presse, tracteur et main-d’œuvre. Nous sommes quatre adhérents à gérer cette activité dans sa totalité : planning, conduite et entretien des deux round baler de la cuma », explique Richard Audebrand, le président.

Il s’agit de deux presses Kuhn : une VB 3190 achetée 40 500 € en 2018, et une VB 3185 achetée 37 500 € en 2021 et livrée en 2022. « On ne dételle pas. Cela gagne du temps, complète le responsable. Les deux tracteurs réquisitionnés pour le pressage sont le New Holland T 6140 (110 ch) de la cuma, et un des tracteurs des adhérents. »

coût pressage clé en main

Coût de chantier de la cuma d’Adilly dans les Deux-Sèvres pour son service de pressage clé en main.

Météo et discipline collective

La performance d’une activité pressage est soumise aux caprices de la météo. Mais elle repose aussi sur la discipline des adhérents concernés. « Depuis deux ans, nous demandons à tous les adhérents qui veulent faucher d’être présents à une réunion de calage tous les lundis matin au hangar de la cuma, détaille Richard Audebrand. C’est l’occasion de réaliser un préplanning. Un de mes collègues réceptionne aussi les appels complémentaires qui peuvent survenir au cours de la semaine. On a alors une connaissance définitive des surfaces à presser chaque jour. De mon côté, j’établis le planning des chantiers par secteur géographique. Et je m’assure de la disponibilité d’un chauffeur au minimum par jour. »

Cela permet aux adhérents de se coordonner de manière à récolter les parcelles dans de bonnes conditions. « Il est préférable que les adhérents ne fauchent pas trop par jour, pas plus de 10 ha par adhérent, sachant que l’on table sur un débit maxi d’environ 25 ha pressés par jour et par machine », précise le président de la cuma. La spécialisation de chauffeurs dédiés à la conduite permet d’avoir une bonne prise en main du matériel.

Ceux-ci assurent aussi l’entretien quotidien tous les matins à raison d’une heure par jour environ. Ils réalisent aussi la réparation des petites pannes. Par contre, les pannes plus lourdes sont prises en charge par le concessionnaire local, qui opère également une révision complète de chaque machine hors saison.

Plus cher avec l’opticut

Malgré la baisse de surface, la cuma est parvenue à garder un prix facturé “raisonnable” de 4,50 €/balle en 2022. Un tarif tout compris : presse, filets, tracteur et main-d’œuvre. Ce dernier poste couvre le temps de conduite assuré par les quatre adhérents, l’entretien des machines et le temps passé pour gérer cette activité.

Le coût facturé grimpe à 5,70 € pour les bottes hachées réalisées avec la presse VB 3190 équipée de 14 couteaux. Certes, la facture a sensiblement augmenté, la cuma facturait 3,70 € et 4,90 € pour les bottes hachées en 2019. Mais cette année-là, les deux presses avaient réalisé 10 600 bottes ! Et les autres postes de charges ont aussi augmenté depuis trois ans.

Le filet s’impose

Le coût du filet revient en 2022 à 0,90 €/balle. La hausse du coût du GNR se répercute également sur le coût de la traction. Celui-ci atteint 28 €/h pour le tracteur de la cuma, carburant compris. Celui-ci a effectué 167,5 h de pressage en 2022. En parallèle, les tracteurs des adhérents mobilisés pour le pressage ont réalisé 63,5 h. Ils sont mis à disposition de la cuma pour 22 €/h. Le plein de carburant des tracteurs des adhérents se fait principalement à la cuve de la cuma.

Au total, l’activité pressage représente 231 h de tracteur en 2022. Le rythme par machine atteint en moyenne de 28,5 balles/h, déplacement compris. Progressivement, le liage filet s’impose. Presque tous les adhérents s’y sont convertis. Cela génère un meilleur débit de chantier.

Plusieurs points forts au pressage clé en main

Coût maîtrisé, organisation huilée, débit de chantier satisfaisant, éloignement modéré des parcelles situées dans un rayon maximal de 15 km, etc. Les points forts du groupe avaient déjà été identifiés par la fdcuma des Deux-Sèvres dans un dossier fenaison. Cette enquête, publié en septembre 2021, s’interesse aux chantiers collectifs performants en Nouvelle-Aquitaine.

La cuma n’a pas une stratégie de renouvellement précise. Mais, avec la baisse de volume, les responsables décideront éventuellement de laisser vieillir les presses une ou deux années de plus. Sachant qu’avec deux machines, ils ont une marge de manœuvre plus confortable. En effet, ils peuvent enchaîner sans trop de difficultés les chantiers. Pour atténuer les risques de pannes dans le champ, la presse la plus récente est toujours la plus sollicitée. La plus ancienne est utilisée surtout en complément.

La présence de deux machines sécurise l’activité pressage : « Pour l’instant, nous sommes toujours parvenus à préserver une bonne qualité des fourrages, témoigne Richard Audebrand. Nous sommes satisfaits de la qualité des machines qui sont simples d’utilisation et nous bénéficions de surcroît d’un SAV réactif. »

Le pressage en commun a de l’avenir

Certains adhérents, aimeraient que les balles puissent éventuellement être un peu plus serrées. Cela gagnerait un peu de temps au transport et diminuerait légèrement le volume nécessaire de stockage. Cela diminuerait en même temps le nombre de balles facturées et donc le coût de la prestation. Mais c’est là un calcul à somme nulle, rappelle le président puisque l’ensemble des charges liées à l’activité pressage sont mutualisées pour ensuite être ensuite ramenées à l’unité.

L’avenir du pressage au sein de la cuma d’Adilly reste encore à écrire compte tenu des évolutions à venir. connaîtra-t-on encore des arrêts d’élevage pour cause de retraite ou de changement d’activité professionnelle ? Le pressage en commun mis en œuvre dans la cuma a cependant toutes les chances de perdurer au regard du manque de main-d’œuvre dans les exploitations, et du bon rapport qualité prix des chantiers de pressage assurés par la cuma.

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