Irrigation : Leur facture d’électricité n’a augmenté que de 5 %

Partager sur

Irrigation : Leur facture d’électricité n’a augmenté que de 5 %

Jean-Christophe Huré, président de la cuma de Juranville, dans le Loiret.

Pour faciliter le pilotage de ses installations, une cuma d’irrigants, installée entre Montargis et Pithiviers dans le Loiret, a fait l'acquisition de nouveaux équipements, notamment des variateurs. Un investissement appréciable face à l’augmentation des prix de l’électricité.

La cuma de Juranville, dans le Loiret, compte 16 adhérents. Elle irrigue 680 ha. Jean-Christophe Huré en est le président. Il analyse : « Jusqu’en 2015, le marché de l’électricité était conventionné. Le prix de l’énergie était le même pour tous. On nous vendait du courant. Depuis 2016, avec la libéralisation du marché, nous avons appris un nouveau métier : acheter de l’électricité. Pendant cinq ans, la concurrence entre les fournisseurs s’est accentuée mais les prix sont restés stables. En 2022, ceux-ci ont fortement augmenté et nous constatons des écarts significatifs entre les opérateurs. »

Les prix de l’électricité en ébullition

Par proximité géographique et philosophique, la cuma de Juranville a conservé son fournisseur historique, la Sicap*. Or cette dernière n’était pas la plus compétitive. Notre interlocuteur explique : « Les autres fournisseurs ont pratiqué une politique tarifaire agressive. Ils proposaient des contrats d’un ou deux ans, rarement trois. En raison de la guerre en Ukraine, le marché s’est affolé. La France ne produit pas de gaz mais de l’électricité d’origine nucléaire. Or le prix de l’électricité est indexé sur celui du gaz : nous avons subi le problème de plein fouet ! En outre, en 2022, les coûts d’irrigation furent élevés en raison de la sécheresse. Quant à l’année 2023, elle est marquée par un dérèglement commercial phénoménal ! »

La cuma de Juranville a signé un contrat de trois ans avec la Sicap sur la base d’une augmentation de 4,6 % par rapport à 2022. « Nous sommes sereins car le prix de l’électricité n’évoluera pas. La charge dépendra uniquement de notre activité, donc de la météo, commente Jean-Christophe Huré. Certaines cuma ont souscrit des contrats Arenh [Accès régulé à l’électricité nucléaire historique]. Ceux-ci reposent sur le marché libre. Or, en 2022, les prix de l’électricité ont explosé ! Les contrats prévoient des périodes pleines (mai, juin, juillet et août) et des demi-saisons (avril, septembre et octobre). »

L’an dernier, la cuma de Juranville a installé une nouvelle pompe et un variateur sur l’un de ses trois forages.

Un investissement de 80 000 €

En 2021, la coopérative gâtinaise a installé un variateur sur une pompe datant de 2017. L’an dernier, sur un autre forage, elle a installé une nouvelle pompe et un variateur. Le montant global de l’investissement s’élève à 80 000 €, dont une subvention au titre du plan de relance. Le président explique : « Gérer téléphoniquement l’installation apporte un confort de travail : les contrôles étant instantanés, les responsables de forages gagnent du temps. Nous fournissons la quantité d’électricité demandée. Donc, si la demande est moindre, la consommation d’énergie diminue d’autant. Les anciennes pompes étaient plus gourmandes et moins faciles à réguler. »

L’entité possède trois forages. Les deux qui disposent désormais d’un variateur peuvent recevoir quatre enrouleurs chacun. Le troisième se raccorde à deux enrouleurs. Plus ancienne, cette installation sert d’appoint. Entre 2021 et 2022, la coopérative a augmenté sa consommation d’eau de 68 % alors que celle d’électricité n’a progressé que de 5 %. Ceci atteste de l’efficience des variateurs. « Nous ne regrettons pas notre investissement. Nous y réfléchissions depuis longtemps. Le Plan de relance a été un accélérateur de décision », confirme Jean-Christophe Huré.

La facture d’électricité pourrait varier d’un à dix

En citant l’exemple de la levée des colzas, il observe que les adhérents sont mieux parés aux situations particulières. Concernant la campagne 2023, l’automne et l’hiver ont été secs, d’où un déficit hydrique. Or, au 23 février, l’agriculteur constatait qu’aucune pluie n’était encore annoncée. Dans ces conditions, il analyse : « Suivant les périodes d’irrigation, d’une cuma à l’autre, la facture d’électricité pourrait varier d’un à dix ! »

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

*La Sicap, Société coopérative d’intérêt collectif d’électricité de la région de Pithiviers, intervient sur une centaine de communes du Loiret.