Qu’en est-il de l’utilisation de la bineuse en cuma ? Calme avant 2016, le marché des bineuses neuves prend réellement son essor à partir de 2018 et jusqu’en 2022. Cette période correspond à un contexte de développement du bio, des évolutions réglementaires et des opportunités d’aides aux cuma. Elles correspondent en effet à 60 % quasiment sans plafond. Environ 75 cuma du Grand Est ont par conséquent investi durant cette période. Soit 17 % des groupes. C’est essentiellement la zone Champagne-Ardenne qui a investi (73 % des achats et 81 % des valeurs).
33 200 € en moyenne
Plus en détail, ce sont surtout des modèles 12 rangs à 45 cm que l’on trouve dans les zones de culture betteravière de l’Aube, de la Marne et des Ardennes.
Le prix moyen de 33 200 € regroupe des modèles de bineuse sans guidage à 15 000 €. Pour atteindre près de 80 000 € avec un guidage optique et des options. Dans le domaine du binage, un prix d’achat moyen ne veut pas dire grand-chose. Il faut regrouper selon les cultures ou les situations.
Le maïs est historiquement lié aux outils de binage simples. Ils sont souvent en guidage mécanique avec l’objectif de rattraper du désherbage inefficace ou des problèmes de battance. Avec une moyenne de 15 600 € et un âge de 6 à 7 ans, c’est d’ailleurs l’outil de sécurité présent dans 30 % des cas.
Le tournesol, le colza semés en ligne sont les cultures en développement. Les groupes ont ainsi profité d’opportunités pour bien s’équiper et tenter de réduire les désherbages. Avec des outils de 56 000 € en moyenne, le guidage optique est très souvent associé à une bineuse de 6 m permettant de gérer 12 rangs de 40 à 50 cm d’écartement.
Des bineuses de 12 m
Le développement du bio sur des exploitations de grande taille a induit l’apparition de nouvelles machines en écartement 25 cm. Celles-ci sont cohérentes avec les semoirs et pour 7 d’entre elles, atteignant 12 m de large. Les valeurs de ce genre de machines s’envolent à 115 300 € en moyenne.
Pour ce prix, un niveau technologique est présent. Avec deux caméras, un GPS, des relevages progressifs en bout de rang, par exemple. La majorité de ces outils ont été achetés en Haute-Marne en 2022, d’où un pic dans les valeurs d’achat constatées. En version 6 m, il faut tout de même tabler sur une valeur de 55 000 €.
Des nouvelles marques sont apparues dans ce marché (Phénix, Horsch, Garford). Elles ont des cahiers des charges plutôt axés vers la facilité de transformation et la technologie.

Les achats de bineuses par les cuma du Grand Est de 2016 à 2024. (©Frcuma Grand Est)
Avec des prix élevés, on devrait logiquement aboutir à des volumes d’activité importants. Mais ce n’est pas forcément le cas et cela mérite de déterminer les raisons. Celles-ci peuvent être liées autant au climat de l’année, aux volontés des utilisateurs, qu’aux conditions agronomiques pour intervenir. Il est probable que les machines en parc aujourd’hui vont durer. L’engouement passé ne devrait pas être le même dans un avenir proche.
Bineuse en cuma: utilisation et organisation
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour garantir une efficacité optimale de son binage. La qualité de la préparation du sol et celle du semis sont des paramètres essentiels pour un binage efficace. En effet, un sol nivelé, régulier, rappuyé, sans grosse motte et avec un minimum de résidus de cultures donne à la fois des conditions idéales pour le semis et le développement homogène de la culture. Cela permet une meilleure utilisation des systèmes de guidage et de réglage des outils, qu’ils soient mécaniques ou automatiques. Cela permet aussi de limiter la casse de la culture.
Ensuite, les conditions climatiques sont un élément très important pour réussir son binage. Le sol doit être suffisamment ressuyé pour que l’intervention soit efficace. En outre, le climat doit être séchant pour que les adventices se dessèchent. De plus, le stade de la culture et des adventices sont à prendre en compte. Une culture à un stade précoce demandera plus d’attention avec notamment le recours à des protège plants et une vitesse entre 4 et 6 km/h pour éviter les dommages.
Renforcer l’efficacité du binage
En revanche, une culture à un stade plus avancé pourra être binée entre 10 et 12 km/h. Cela augmente le débit de chantier et l’efficacité sur la destruction des adventices. Par la même occasion, un buttage (projection de terre sur le rang) pourra être réalisé. Cela permettra d’avoir un léger effet désherbant sur le rang. Le stade des adventices est aussi à prendre en compte. Le binage s’avère efficace sur des stades d’adventices assez précoces et peut avoir un effet satisfaisant jusqu’au stade 2-4 feuilles.
Pour être encore plus efficace, plusieurs binages peuvent être nécessaires. Ils peuvent aussi être couplés à des interventions d’autres outils tels que des herses étrilles, houes rotatives, roto-étrilles qui auront un effet sur le rang.
Cependant, les interventions répétées peuvent induire un tassement du sol et entraîner une démultiplication de certaines vivaces. D’autres leviers tels que : la rotation culturale, les faux semis, le choix variétal, les couverts ou le désherbage mixte peuvent, ajoutés au binage et au désherbage mécanique, permettre de réduire les désherbages chimiques.
Améliorer l’utilisation de la bineuse en cuma
- L’achat d’une bineuse basée sur les caractéristiques du semoir utilisé notamment une largeur identique.
- L’achat d’une bineuse dont l’écartement des éléments est réglable facilement en fonction des utilisations des adhérents.
- L’achat d’une bineuse avec un système de guidage adapté à son utilisation et sa largeur pour gagner en précision notamment sur les très grandes largeurs.
- L’utilisation d’un tracteur dédié à la bineuse avec des options dédiées au chantier de binage comme les roues étroites.
- Avoir un chauffeur (salarié ou adhérent) formé qui bine pour l’ensemble des adhérents.





