Intérêts techniques de la charrue et du labour

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Intérêts techniques de la charrue et du labour

A la une d'Entraid Magazine en mars 2023 : une titre fort : On va tout retourner.

La charrue n'est pas morte. La rédaction vous propose un dossier complet sur les intérêts variés de cet outil.

Quels sont aujourd’hui les intérêts d’un labour. Tout d’abord, les offres concernant les matériels de travail du sol ne cessent d’augmenter. Des matériels de plus en plus spécialisés font leur apparition. À dents, à disques ou combinés. Pour un travail superficiel ou plus profond. Pourtant la charrue n’est pas morte. Elle reste l’outil permettant de répondre à plusieurs objectifs. En outre, elle garde une place en alternance avec d’autres matériels dans des rotations qui ont tendance à s’allonger. Elle reste l’outil sécurisant permettant de gommer des erreurs et retrouve son intérêt avec la disparition progressive des herbicides et conserve paradoxalement une place dans la grande préoccupation du moment qui est le stockage du carbone dans les sols.

Un rebond des ventes de charrue

La charrue n’est évidemment plus le matériel le plus vendu en France. Dans les années 90 et 2000, on a assisté à une baisse des ventes avec la mise en avant du semis direct et des TCS. Pourtant, d’après les principaux constructeurs, on assiste à un rebond des ventes, surtout depuis ces dernières années avec des conditions climatiques particulières, où la charrue semble reprendre une certaine activité. Les ventes de charrue tourneraient autour de 2 000 exemplaires par an. Depuis 10 ans, la charrue standard la plus vendue est passée de 4-5 corps à 5-6 corps. En cause, des tracteurs plus puissants, des exploitations qui s’agrandissent et la recherche d’un débit de chantier plus élevé.

Intérêts d’un labour : une action multifonctions

La charrue reste un outil qui peut cumuler plusieurs actions. Elle permet d’enfouir des couverts, des résidus de récolte, le stock semencier d’adventices. C’est la grande différence avec le pseudo-labour qui va mélanger les horizons et laisser des résidus en surface. Le labour permet aussi dans certains cas la restructuration des sols. Les anti-labour parleront plutôt de déstructuration. Pourtant, il reste l’action permettant de gommer des accidents causés par le passage de matériels de récolte de plus en plus lourds. Il permet de rattraper une mauvaise répartition des pailles ou des accidents de désherbage. Même s’il est moins systématique, le labour reste une action sécurisante. Il permet d’atténuer certains risques et la charrue reste dans beaucoup d’exploitations le matériel « au cas où ».

Le labour permet d'enfouir le stock semencier des adventices.

La charrue, un matériel décrié, mais qui a encore de beaux jours devant lui car le labour conserve plusieurs intérêts.

Le prochain challenge sera le zéro glyphosate et la disparition progressive d’autres herbicides. La conséquence sera certainement que le travail du sol remontera largement sur le devant de la scène et le labour retrouve déjà sa place. En effet, le paradoxe est que l’agriculture biologique remet le labour au goût du jour. Il reste l’action qui permet de lutter contre les adventices. En enfouissant et en laissant un sol exempt de résidus, permettant ainsi le passage d’outils de désherbage mécanique.

Le labour incompatible avec le stockage de carbone ?

Les adeptes de l’agriculture de conservation le répètent. Le travail du sol expose le carbone du sol à l’oxygène de l’air ce qui le converti en CO2. Le labour serait l’étape qui déstockerait le plus de carbone. Une étude menée par Arvalis durant 47 ans tant à démonter cette affirmation. De 1970 à 2017 sur le site de Boigneville, trois techniques d’implantation ont été mises à l’épreuve sur trois parcelles : le labour annuel, le travail superficiel et le semis direct. Ces essais peuvent être comparés car ils ont les mêmes rotations avec les mêmes cultures ainsi que des rendements similaires. Les stocks de carbone ont été mesurés régulièrement durant la période d’essai et les résultats sont surprenants.

Ils montrent que le labour permet de conserver un stock de carbone stable sur l’ensemble de la profondeur travaillée. En travail simplifié et en semis direct les résultats montrent une hausse du stock de carbone sur les 10 premiers centimètres mais une diminution dans l’horizon inférieur. La répartition du carbone est donc différente mais le stock total reste identique. Ce qui a été observé est que le bilan hydrique influence le stockage du carbone. En année sèche les pratiques sans labour stockent plus de carbone et le déstockent en année humide.

Le stock de carbone n’augmente donc pas en réduisant la minéralisation. D’autres leviers seraient plus favorables comme la non-exportation des pailles ou la mise en place de couverts. Un sujet dont on va encore entendre parler.

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