Gouvernance : 3 exemples pour passer le flambeau en douceur 

Partager sur

Gouvernance : 3 exemples pour passer le flambeau en douceur 

Bien ancrée dans son territoire du Nord toulousain, la cuma de Villematier a su être suffisamment attractive pour donner envie à un jeune adhérent de reprendre le flambeau de la gouvernance (©C. Manzon).

Ce sont des questions que beaucoup de présidents se posent et auxquelles il n’y a pas de réponses préétablies. Les 3 témoignages que nous avons recueillis sont autant de pistes qui pourront vous aiguiller.

SOMMAIRE

Concernant la reprise de la gouvernance de la cuma, c’est une approche en trois étapes que nous vous proposons. Ces trois témoignages doivent vous rassurer sur un point : le passage de témoin n’est pas insurmontable. Surtout, il est l’affaire de tous les adhérents.

1 – La cuma de Terrebasse (31420)

Il y a peu encore, cette cuma souffrait d’un manque de dynamisme. L’implication des adhérents était faible, la gouvernance collective ne semblait pas constituer une préoccupation. Mais depuis deux ans, sous l’action de plusieurs leviers, des changements se sont opérés et ont inversé la tendance.

D’abord, notons que cette cuma commingeoise est composée d’une dizaine d’adhérents. Le groupe, qui n’avait pas enregistré de nouveaux membres au cours des dernières années, se connaît bien. Il partage aussi quelques matériels d’appoint : épandeur à fumier, rouleau et bennes. Avec un président installé depuis plus de 20 ans, chacun trouvait son compte dans un fonctionnement un tantinet routinier. C’est d’ailleurs la fdcuma 31-09la qui anime l’assemblée générale annuelle.

Un parc matériel qui s’étoffe

Bien que prévisible et connu à l’avance, un séisme organisationnel allait pourtant bousculer les habitudes : en passe de prendre sa retraite, le président estimait – à juste titre – avoir assez donné de son temps et de son énergie pour le collectif. Grâce à l’implication d’un adhérent moteur qui s’est chargé de réunir les potentiels intéressés et de faire le lien avec les concessionnaires locaux, plusieurs investissements se sont alors concrétisés : un semoir monograine de précision et sa trémie frontale, un round baler et une enrubanneuse. En 2023, un nouvel épandeur et un plateau fourrager sont venus étoffer le parc matériel.

Peu à peu, la situation comptable et financière de la cuma s’est améliorée, ce qui lui a permis d’être éligible aux subventions européennes. Deux jeunes agriculteurs, nouvellement installés dans le secteur, ont progressivement pris des parts dans la cuma. Et c’est assurément le levier le plus puissant, qui a rendu possible la mue de ce collectif .

Un poste de président à pourvoir

Lors de l’assemblée générale, en janvier dernier, le poste de président étant à pourvoir, les deux nouveaux adhérents ont pris les devants et accepté d’occuper les rôles de président et de trésorier. Ayant respectivement 30 et 31 ans, ils sont épaulés par le secrétaire et le vice-président, âgés de 53 et 52 ans. Cette parité générationnelle rassure aussi bien les “nouveaux” que les “anciens”, d’autant que le président sortant se retrouve en position idéale pour transmettre, comme il se doit, les rouages de son poste. Une dynamique positive s’est ainsi enclenchée à la cuma de Terrebasse. Un bon équilibre entre jeunesse et expérience, une structure saine et bien gérée, un parc matériel récent et attractif : tels sont les ingrédients qui lui ont permis de se projeter sereinement vers les 20 prochaines années.

2 – La cuma de Sainte-Suzanne (09130)

En phase de forte croissance (chiffre d’affaires annuel multiplié par 2,5 en l’espace de huit ans), cette coopérative a vu grimper son nombre d’adhérents (plus de 20 exploitations) et emploie un salarié depuis 2019. Ce groupe est si attractif, que les demandes d’adhésion affluent. Avec un tracteur en service complet, une panoplie d’outils de travail du sol, de semis, de désherbage mécanique, d’épandage, de transport, ainsi que des créations de sections en pagaille, il rayonne désormais sur un vaste territoire.

Jusque-là, pas d’inquiétude ni de crainte a priori concernant cette cuma. Pourtant, l’administration d’une telle structure s’avère chronophage et énergivore. Le suivi administratif et comptable est très lourd, en plus de la tenue “classique” des plannings matériel et salariés. Autant de tâches qui incombaient essentiellement au président, jusqu’en mars 2022. Mais, pour ce dernier, il était devenu de plus en plus difficile de concilier la gestion de la cuma et celle de sa propre exploitation individuelle, le risque étant de privilégier une structure au détriment de l’autre, ce qui n’était pas envisageable.

Cuma de saint-suzanne en Ariège

La cuma de Sainte-Suzanne a vu son nombre d’adhérents grimper et emploie un salarié depuis 2019.

Le dilemme était de taille : pouvoir se décharger d’une partie de ses responsabilités à la cuma, afin de pouvoir mieux s’occuper de son exploitation.

Un binôme à la présidence de la cuma

Heureusement, une issue favorable a été trouvée. Lors de l’assemblée générale de mars 2022, une nouvelle adhérente s’est portée volontaire, afin d’épauler le président. Et ce binôme, installé depuis plus d’un an, fonctionne à merveille. Chacun a ses missions : le suivi des paiements, des factures et des pièces comptables pour la trésorière. Le président, quant à lui, s’occupe des investissements et des plannings, matériel et salariés. Cette réorganisation a même renforcé la gouvernance de la cuma.

La fdcuma 31-09 et l’AGC cuma Midi-Pyrénées ont également profité de ces changements, une routine de travail s’étant instaurée entre l’ensemble des parties prenantes.

Ce témoignage prouve, s’il en était besoin, à quel point l’implication des responsables bénévoles est précieuse. Tous les adhérents de cuma doivent prendre conscience qu’il est nécessaire de ménager le président et les autres dirigeants, s’ils veulent les conserver. Cela passe par une seule solution : l’écoute et l’implication de tous.

3 – La cuma de Villematier (31340)

Cette cuma bien ancrée dans son territoire du Nord toulousain, en production arboricole, viticole, semences de maïs et en élevage laitier et ovin, s’est retrouvée avec un président qui, après une forte implication, souhaitait passer la main, bien que personne ne se soit manifesté pour assurer la succession. Un grand classique, direz-vous… Pas ici ! En effet, la cuma a su se montrer suffisamment attractive pour donner envie à un jeune adhérent de récupérer le flambeau de la gouvernance.

Une gestion saine

Qu’est-ce qui a su attirer ce nouveau président ? Tout d’abord, la cuma affiche une gestion saine : pas de dettes, des ressources suffisantes en cas de pépins, des montants d’investissements réalisés non risqués et un trésorier rigoureux. Ce qui a rassuré le nouveau dépositaire de la fonction, au moment de la prise de responsabilité. La cuma bénéficie également d’une excellente cohésion entre ses adhérents : entraide en cas de coup de bourre, bonne entente et convivialité autour d’un café, discussions ouvertes et franches où chacun peut s’exprimer. Bref, un esprit “cumiste” dans une cuma, ça porte ses fruits !

Enfin, la nouvelle équipe s’est rapidement intégrée : la cuma étant ouverte à l’investissement de matériels correspondant à tous les besoins, les jeunes se sont sentis accueillis. Ainsi, un pulvérisateur vigne et un interceps sont arrivés récemment à Villematier. Trois caractéristiques définissent une cuma attractive lors d’un changement de gouvernance : sa bonne gestion, l’intégration et la cohésion. Donner envie de s’engager pour assurer le futur de votre cuma est un objectif atteignable. Villematier en apporte la démonstration !

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :