La ministre de l’Agriculture Annie Genevard s’est exprimée à Rungis le 8 décembre 2025 lors du Grand Réveil Alimentaire. Elle a assumé de préparer les esprits et l’agriculture à un conflit militaire ouvert. Les objections des syndicats agricoles français, qui dénonçaient une opération de communication, ont finalement peu pesé face au contexte décrit par la ministre. Concrètement, qu’a-t-elle annoncé, lors du Grand Réveil de l’agriculture ?
Ambition du « Grand réveil alimentaire »: refonte de la carte de la production
En termes stratégiques, la ministre a annoncé la modification de la carte de la production agricole française à horizon 10 ans. Elle lance ce travail immédiatement, avec les filières, en organisant des conférences de la souveraineté alimentaire.
Le discours d’Annie Genevard était riche en images et en formules. « Le meilleur kit de survie des Français n’est ni une pile, ni une clé de voiture, c’est une assiette », a-t-elle par exemple asséné.
Mobilisation souhaitée des consommateurs
La ministre appelle donc au « réveil des consciences » pour recréer un lien entre l’acte d’achat et le soutien à l’agriculture française.

Annie Genevard lors du Salon Made in France. (© Sservice de presse du ministère de l’Agriculture)
Annie Genevard propose :
- de consacrer l’année 2026 à l’« éducation à l’alimentation » pour sensibiliser massivement en en faisant la Grande Cause Nationale 2026 ;
- concrètement, elle exige une Commande publique exemplaire. Ce, avec des objectifs plus ambitieux pour l’État (cantines des administrations centrales, proposition de réforme prévue pour janvier 2026) ;
- une refonte de l’étiquetage : Révision des règles pour rendre l’information sur l’origine et la composition plus lisible, sujet qui sera porté au niveau européen.
Objectif : moins d’administratif pour les agriculteurs
L’objectif est de libérer du temps pour que les agriculteurs se consacrent à la production.
Annie Genevard a ainsi annoncé :
- la mise en place prochaine de dossiers pré-saisis pour réduire le temps passé devant l’ordinateur ;
- la Réforme des négociations commerciales. Ce via la simplification des lois Egalim et n’exclut pas de revoir la Loi de Modernisation de l’Économie pour mieux protéger le revenu agricole ;
- la ministre s’engage à ne pas ajouter de normes françaises supplémentaires par rapport aux règles européennes.
Soutien économique: « choc fiscal » et baisses de charges annoncés
Pour « armer la France » et surtout aider les exploitations et les industries agroalimentaires à regagner de la compétitivité, la ministre a annoncé:
- la poursuite des mesures du budget 2025 concernant le gazole non routier (GNR). Mais également les travailleurs saisonniers et les exonérations sur les transmissions. La ministre se dit prête à remettre à plat le système fiscal agricole si nécessaire ;
- Elle s’engage à créer un fonds souverain agricole pour permettre aux épargnants et aux acteurs de l’aval d’investir directement dans l’outil de production agricole ;
- Pour financer l’innovation, elle propose le renouvellement de la convention entre le ministère et BPI France, avec une nouvelle aide dite « booster » pour accélérer l’innovation dans les entreprises agroalimentaires.
Nécessaire protection du marché hexagonal annoncée lors du Grand réveil alimentaire
La ministre a aussi insisté sur la nécessité de protéger le marché français contre une concurrence déloyale et les produits ne respectant pas les normes européennes. Ce sont donc les aspects commerciaux et sanitaires qui sont visés.
Elle a annoncé pour ce faire :
- la création d’une « brigade de contrôle ». Soit une force spéciale française dédiée au contrôle des denrées importées, intégrée à une force européenne, pour lutter contre la fraude et vérifier les résidus de pesticides ;
- Et si l’Union européenne n’agit pas, la ministre s’engage à interdire elle-même les importations contenant des substances interdites en Europe ;
- Elle exige des clauses de sauvegarde et des mesures miroirs dans les accords commerciaux (comme le Mercosur). Et, l’application stricte de la réciprocité des normes ;
- ainsi qu’un bilan du dispositif d’assurance Récolte. Ce quatre ans après son entrée en vigueur pour le consolider et mieux couvrir les risques climatiques.
Pourquoi ces annonces?
Lors du Grand réveil alimentaire, la ministre de l’Agriculture s’est positionnée dans le droit fil des propos du chef d’état-major, le général Mandon.
Ce dernier avait indiqué que la France « doit accepter de perdre [ses] enfants ». Cela devant les maires de France réunis en congrès en novembre 2025.
Pourquoi ? En raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, dans laquelle l’agriculture est une arme à part entière, a souligné la ministre.
Mais aussi en réponse aux prises de positions stratégiques des autres grands blocs, États-Unis et Chine notamment, lesquels « réarment leur puissance verte ».
Contexte aussi, où elle a annoncé, « pour la première fois depuis 1977 », que l’agroalimentaire français pourrait être en déficit commercial cette année. Une dégradation brutale et rapide, a-t-elle souligné. La France, qui se conçoit comme une puissance exportatrice au niveau alimentaire, ne semble plus avoir les moyens de cette ambition.
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