Maïs ensilage, les vaches devront se satisfaire du piètre cru 2022

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Maïs ensilage, les vaches devront se satisfaire du piètre cru 2022

Avec beaucoup de fibres, la conservation des tas d'ensilage risque d'être plus compliquée cette année. (Crédit: Adobe Stock)

Quelques mois après la fin des ensilages de maïs, précoces cette année, Arvalis dresse un bilan mitigé mais plutôt défavorable, de la campagne de maïs ensilage 2022 en France.

Arvalis dresse son bilan de la campagne de maïs ensilage 2022. Premièrement, l’année 2022 marquée par les fortes températures et les sécheresses auront marqué les cultures fourragères. En premiers lieu, la pousse de l’herbe qui a été très ralentie, que ce soit en prairies ou en semis de dérobés. Le déficit de l’été n’a malheureusement pas été comblé par les pousses de l’automne.

Précocité et fortes températures

L’autre culture fortement impactée est le maïs. Même si les semis du printemps se sont faits dans de bonnes conditions, la plante a souffert des températures excédentaires et sa précocité l’a pénalisé.

« Dès le printemps, les levées ont été très rapides, en moins de huit jours en moyenne, rappelle Michel Moquet, en charge du dossier fourrage chez Arvalis. Les mois qui ont suivis ont été très chauds et très déficitaires en pluie. Créant, une avance de 10 à 15 jours sur le développement des plantes. »

Les températures excédentaires de juillet et le bilan hydrique quasi nul n’ont pas permis la fécondation des fleurs dans certaines zones. On a pu remarquer un manque de développement des soies impliquant des nombres de grains par épis en baisse et des avortements de grains.

11,3 tMS/ha en moyenne pour le rendement du maïs ensilage 2022

Au final, « on enregistre des rendements très faibles du maïs ensilage 2022, annonce l’expert. C’est une récolte record dans le mauvais sens du terme avec un rendement moyen français estimé à 11,3 tMs/ha contre 12,5 tMS/ha en moyenne quinquennale. »

Outre les grains absents, il y a aussi une mauvaise qualité des feuilles et tiges. À la fin de l’été, elles étaient desséchées voire même brulées. Résultat, les chantiers d’ensilage démarrent très tôt, au 20 juillet dans le centre et l’ouest de la France. Les orages de août et l’arrivée des pluies en septembre ont permis à certains maïs de récupérer un peu de vigueur. Selon ces ondées, les rendements sont très hétérogènes.

« Les régions Hauts-de-France, Normandie et Bretagne semblent s’en être mieux tiré, constate Michel Moquet. Cependant, même au sein d’une région, ou d’une même parcelles, des différences de rendements sont notables. »

carte des rendements

On note une forte hétérogénéité des rendements selon les contextes pédoclimatiques de l’année.

Face à la baisse de quantité d’ensilage, des transferts de surfaces ont été remarqués. Cette année, c’est ainsi 700.000ha de maïs grains qui ont été ensilé. « C’est la même surface qui avait été transférée pour le maïs grain en 2021 », fait remarquer l’ingénieur Arvalis. Toutefois, de manière globale, en 2022, les surfaces étaient déjà en recul avec 1,3 millions d’hectares emblavés, contre 1,4 en moyenne.

Peu d’amidon, beaucoup de protéines

Côté qualité, les conditions climatiques ont également joué avec des maïs finalement pauvres en amidon.  « On note un écart de -4% de teneur en amidon à 27,5%, annonce Hugues Chauveau, zootechnicien chez Arvalis. Plus d’un tiers des ensilages ne franchissent pas la barre des 25%. Ces élevages là devront adapter leurs rations. »

C’est une des conséquences du taux de matières azotées, de protéines en somme, assez élevé. « Quand les rendements sont moindres, les protéines sont présentes », fait remarquer l’ingénieur.

Concernant les taux de matières sèches, il n’y a pas de surprise aux vues des conditions climatiques de l’été. Ils sont aussi assez élevés mais restent très homogènes selon les territoires et les dates de récolte. Un quart des chantiers ont récoltés de l’ensilage à plus de 38% de matières sèches, avec une moyenne nationale établie à 35%.

Quid de la digestibilité du maïs ensilage 2022?

Les fibres, sont quant à elles, très peu digestibles. « Ces ensilages là seront difficiles à valoriser, alerte Hugues Chauveau. Il faudra donc adapter la ration pour éviter de perdre l’équilibre. Cela pourrait entrainer une hausse des coûts alimentaires car les éleveurs devront sûrement acheter des correcteurs azotés, des concentrés énergétiques, des levures ou enzymes. »

Les experts s’inquiètent également de la conservations des silos d’ensilage. Avec beaucoup de fibres desséchées, le tassement n’a pas été facile. Les vaches devront faire avec ce cru 2022 peu appétant et peu énergétiques.

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