Prix du GNR, décarbonation et poids des machines : où en est la filière ?

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Prix du GNR, décarbonation et poids des machines : où en est la filière ?

Selon Axema, à long terme, la filière devra avoir une réflexion sur le poids des machines agricoles.

Axema (syndicat français des industriels de l'agroéquipement) s'est exprimé sur les sujets d'actualité de la filière : le prix du GNR et la décarbonation. Il évoque aussi le prochain défi du secteur : le poids des machines agricoles. Compte-rendu.

Tout d’abord, Laurent de Buyer (directeur d’Axema) est revenu sur l’annonce du gouvernement concernant la fin des avantages fiscaux du GNR. Une annonce qui concerne le secteur agricole, mais aussi ceux du BTP et de la Pêche. Ainsi, cette suppression se fera d’ici 2030.

Ne pas prendre 1,4 milliard d’euros dans les poches des agriculteurs

« Le gouvernement a fait cette annonce pour inscrire la trajectoire de cette suppression dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2024. » Cependant, il tient à préciser qu’Axema avait proposé pour le PLF 2023 de missionner une étude pour définir cette trajectoire. Malheureusement, du fait de l’emploi du 49.3 pour ce PLF, la proposition n’a pas été étudiée.

Aussi, Axema va continuer de travailler avec le gouvernement, pour « éviter de prendre directement dans les poches des agriculteurs 1,4 milliard d’euros ». Concrètement, négocier un accompagnement du monde agricole pour une transition vers les alternatives au GNR. Il semble en effet évident qu’il serait aujourd’hui difficile de défendre économiquement l’usage d’un carburant fossile.

« Les alternatives au GNR ont toutes leur plafond de verre »

D’ailleurs, Axema discute actuellement avec les motoristes du monde agricole pour définir une position commune sur la question de la décarbonation de l’agriculture. En effet, le machinisme agricole représente 10 millions de tonnes des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l’agriculture française (80 millions de tonnes de CO2 par an au total). « Il y a aujourd’hui différentes solutions qui s’offrent au marché des agroéquipements, mais elles ont toutes leur plafond de verre. »

Premièrement, le B100 n’est disponible qu’en quantité limitée et son usage nécessiterait une réhomologation des moteurs au Stage V avec ce carburant. Le HVO (huile végétale hydrotraitée) est déjà homologué (même norme que le diesel B7), mais cette solution semble la piste privilégiée pour le secteur du transport routier et de l’aéronautique. Il y aura donc un problème de disponibilité.

Ensuite, l’électrique offre le meilleur rendement concernant la chaîne cinématique (80 à 85 %). De plus, le contrôle de l’énergie dans un système électrique reste bien plus efficace que dans un système thermique. Pourtant, le tracteur électrique semble encore loin. À moins de repenser complètement la traction. De ne pas chercher à faire un copier-coller depuis un tracteur thermique.

« Décarboner sans pénaliser la trésorerie des agriculteurs »

Par ailleurs, la solution du bio-GNV est intéressante pour l’économie circulaire en élevage. Mais le maillage des méthaniseurs sur le territoire français n’est pas suffisant pour une généralisation du tracteur au méthane.

Enfin, si le moteur à hydrogène semble aujourd’hui prêt technologiquement, l’origine du carburant pose un problème. « Il faut une production verte de l’hydrogène, plutôt qu’à partir des énergies fossiles. De plus, il faut aujourd’hui 2,6 W pour avoir 1 W d’hydrogène. Sans oublier le problème du réseau de distribution. »

Ainsi, Axema va mettre en place un comité de pilotage sur la décarbonation. L’objectif : « décarboner sans pénaliser la trésorerie des agriculteurs ». Une réflexion qui tiendra donc compte des charges de mécanisation des exploitations.

Demain, la question du poids des machines agricoles

Pour finir, le syndicat évoque une autre problématique qui va concerner à long terme le secteur des agroéquipements. La question du poids des machines agricoles. « Aujourd’hui, 50 à 60 % des sols européens sont sur-compactés. » Faut-il s’attendre à long terme à un malus lié au poids comme dans l’automobile ? L’avenir le dira. Dans tout les cas, cet axe de travail posera de nombreuses questions. Par exemple, faudra-t-il travailler avec des machines plus petites, donc moins productives ? Si oui, quid de la main-d’œuvre ? La robotique aura une carte à jouer. Avec une plage de travail plus large, une machine autonome plus petite peut in fine atteindre la productivité d’une plus grosse avec un chauffeur.

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