Et si le lisier de vos vaches se transformait en carburant pour votre tracteur ?

Partager sur

Et si le lisier de vos vaches se transformait en carburant pour votre tracteur ?

Récompensé au SIMA 2022, le système Bennamann capte le méthane émis par les fosses à lisier et le valorise en carburant.

Avec le système Bennamann, 90 vaches laitières produisent suffisamment d'énergie pour réaliser 1 000 heures de tracteur par an. Démonstration avec la visite de la première ferme disposant de cet équipement dans les Cornouailles au Royaume-Uni.

Fin 2022, Bennamann et New Holland recevaient une médaille de bronze aux SIMA Innovation Awards. Leur innovation : une solution pour capter le méthane fugitif des fosses à lisier. Rappelons que la captation du méthane fait partie des enjeux prioritaires de la lutte contre le changement climatique. En effet, le méthane est 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone en potentiel de réchauffement global. Mais au-delà de la captation, l’intérêt de l’épurateur Bennamann est de permettre de transformer ce gaz en biométhane utilisable par un tracteur comme le New Holland T6.180 Methane Power.

Fonctionnement de l’épurateur Bennamann

L’exploitation laitière de Katie et Kevin Hoare à Tideford (Royaume-Uni) est la première équipée de ce système. Il transforme chaque année les émissions de méthane générées par les déjections des 89 vaches laitières en 20 tonnes de biométhane. Pour cela, les éleveurs ont investi dans une fosse à lisier de 3 700 m3. Une pompe hacheuse alimente cette fosse avec les lisiers en provenance du bâtiment d’élevage situé juste à côté. De plus, une combinaison de trois bâches couvre la fosse. La première assure l’étanchéité et évite les rejets de méthane vers l’atmosphère. Les gaz émis passent dans un filtre au charbon actif. Cette opération permet de retirer les composés soufrés. Puis, le gaz filtré se stocke entre la seconde et la troisième bâche. En une à deux semaines, la pression va ainsi progresser de 0,8 à 1,4 bar.

épurateur Bennamann

Dans le cas de l’exploitation de Katie et Kevin Hoare, la fosse a été construite pour le système Bennamann. Mais la start-up proposera à terme des systèmes de couverture adaptables aux fosses existantes.

C’est là que l’épurateur Bennamann entre en action. Il permet de traiter le gaz filtré et de le stocker dans des racks de 160 kg de capacité. Dans le détail, le système se compose de deux compresseurs et d’un filtre à membrane. D’une part, le gaz issu de la fosse est comprimé, puis détendu afin de le refroidir à -40°C pour condenser et extraire l’eau. D’autre part, un filtre à membrane extrait le dioxyde de carbone contenu dans le mélange gazeux (environ 40 % de CO2 dans le mélange avant filtration). In fine, Bennamann annonce un bio-méthane pur à 95 % à la fin de l’opération. À noter, une liquéfaction permettrait d’atteindre un taux de pureté de 99,5 %.

Un épurateur Bennamann pour 800 à 900 vaches

Par ailleurs, l’autre intérêt de l’épurateur Bennamann est sa mobilité. Il tient dans un container et peut donc se transporter sur camion. En outre, un épurateur affiche une capacité de transformation de 150 tonnes de gaz par an. Plusieurs exploitations peuvent donc se partager une unité (pour un total de 800 à 900 vaches).

Côté chiffres, l’épurateur transforme sur une journée l’équivalent d’une semaine de déjections du troupeau de l’exploitation en trois racks de 160 kg. Chaque rack offre jusqu’à 10 heures de travail à pleine charge d’un tracteur T6.180 Methane Power. En conclusion : les 89 vaches de l’exploitation génèrent chaque semaine, via ce système,  l’énergie nécessaire à 30 heures de travail à pleine charge d’un tracteur de 160 ch.

tracteur New Holland T6 Methane Power

Le New Holland T6 Methane Power de Katie et Kevin Hoare travaille environ 1 000 heures par an en consommant du biométhane produit sur l’exploitation.

Toutefois, précisons qu’il faut un compresseur pour pouvoir valoriser les 160 kg de gaz dans le tracteur. Sinon, par équilibrage des pressions, 80 kg de gaz d’un rack peuvent se transférer dans les réservoirs du tracteur.

Autre enjeu de ce système : l’anticipation des flux de production. En effet, sur l’exploitation de Katie et Kevin Hoare, les vaches sont au bâtiment 7 mois par an. Il s’agit de la période de production maximale. Durant les 5 mois restants, la collecte de lisier recule car les vaches ne reviennent que pour la traite.

Une empreinte carbone divisée par 10 !

Enfin, le couple d’agriculteurs s’est donné pour objectif d’atteindre la neutralité carbone de l’exploitation. En outre, les deux éleveurs travaillent sur ce sujet avec Farm Carbon Toolkit. Ces derniers ont évalué que ce captage du méthane et l’utilisation du gaz en carburant a permis de diviser par 10 l’empreinte carbone de l’exploitation. Concrètement, les émissions de CO2 de l’exploitation sont passées de 800 à 87,53 t/an. En complément, la ferme a réalisé une économie de près de 1 600 litres de GNR.

D’une manière générale, l’empreinte carbone du litre de lait est passée de 1,03 kgCO2/l (sans captation du méthane) à 0,13 kgCO2/l (avec captation du carbone).

Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :