Quel impact des fortes chaleurs sur le tournesol et le soja en pleine végétation ? Pour Hélène Tribouillois, chargée d’études en écophysiologie soja, tournesol et colza chez Terres Inovia, les stress causés par les épisodes caniculaires pourront générer des pertes de rendements. » Il est difficile de se prononcer dès à présent sur des pertes potentielles, introduit l’agronome. Gardons à l’esprit que le résultat final dépendra de la succession des évènements jusqu’à la récolte. » Il est toutefois possible de faire le point et de décrire, dans l’absolu, les conséquences des fortes chaleurs sur la physiologie des végétaux. « La majorité des tournesols ont bénéficié de conditions favorables jusqu’à la mi-juin, expose l’experte. Ils présentent des stades bouton floral ou floraison. Le sud de la Nouvelle-Aquitaine et l’ouest de l’Occitanie font exception : des pluies et des orages ayant perturbé les semis et les implantations, les tournesols y sont encore en phase végétative. »
Floraison du tournesol cruciale
Les épisodes caniculaires interviennent sur des tournesols à un stade crucial : « les fortes chaleurs surviennent sur des tournesols en pré-floraison ou en floraison, ce qui est inhabituel », pointe Hélène Tribouillois.
Et c’est loin d’être le bon moment : « ces épisodes engendrent des stress hydriques et thermiques, poursuit la chargée d’études. Selon nos travaux, un tournesol qui n’assouvirait que la moitié de ses besoins en eau pendant 10 jours perdrait 30 à 40 % de son potentiel de rendement. À stress équivalent, les pertes sont moins importantes à un autre moment du cycle. »
Impact des chaleurs sur le tournesol et le soja : jusqu’à 40 % de perte en fort stress hydrique sur tournesol
En effet, le tournesol a beau être tolérant à la chaleur, il est sensible à ces stress lors de la floraison. Ils perturbent la production de pollen et la fécondation des ovules. Par conséquent, des fleurons pourraient ne pas produire d’akènes, ou engendrer des akènes vides.
Hélène Tribouillois rassure : « le tournesol en floraison reste robuste face à des stress hydriques modérés. S’il trouve de quoi subvenir jusqu’à 70 % de ses besoins en eau, il réussit à maintenir son potentiel. »

Même au stade bouton floral, un fort stress hydrique affectera la formation des akènes du tournesol. (© Entraid)
Stress thermique au-dessus de 33°C
Et le stress thermique ? « La réponse du tournesol face à ce stimulus est beaucoup moins documentée, prévient l’experte de Terres Inovia. Nous savons qu’il renforce le stress hydrique. » Un cercle vicieux, surtout lorsque le thermomètre affiche plus de 33°C. « Le stress thermique altère la fécondation ou provoque des avortements de grains. »
La floraison des fleurons qui compose le capitule s’étale sur une dizaine de jours. Il faut espérer que le stress hydrique et le stress thermique épargnent la culture pendant cette durée. Les pluies du premier week-end de juin 2025 ont aidé là où elles sont tombées.
Tours d’eau plus précoces
« En situation irriguée, peut-être faudra-t-il adapter les pratiques selon les observations, analyse Hélène Tribouillois. Habituellement, on ne déclenche pas de tour d’eau en phase végétative. Mais, si on détecte des symptômes de stress hydrique (feuilles inférieures jaunies), il faut arroser. »
Pour le reste, les recommandations habituelles s’appliquent, à savoir des apports de 30 à 40 mm espacés d’une dizaine de jours. L’irrigation à floraison reste conseillée. De même pour un tour d’eau post-floraison : « en évitant la senescence des feuilles, on assure la photosynthèse, et donc le remplissage des grains », explique l’agronome.
Impact des chaleurs sur le tournesol et le soja : 30 % du rendement du soja en balance
Les cultures de soja souffrent aussi de ce contexte caniculaire. Bien que tolérant les fortes températures – il se porte bien jusqu’à 38°C – il n’apprécie guère le stress hydrique. « Un manque d’eau l’incite à anticiper sa floraison, indique Hélène Tribouillois. Un stress hydrique à floraison présente un risque de perte de rendement jusqu’à 30 %. »
La floraison du soja s’étend sur période plus longue que celle du tournesol. Toutefois, l’avortement de fleurs et de gousses entraîne un manque à gagner.

Sous l’effet du stress hydrique, le soja peut accélérer sa floraison, au détriment des rendements. (© Entraid)
« La période de sensibilité du soja est longue, plus longue que celle du maïs, insiste l’experte. De la floraison aux premières gousses mûres. Le Poids de Mille Grains et le taux de protéines se jouent à ce moment-là. » Si irriguer est possible, des tours d’eau raisonnés selon des outils d’aides à la décision aideront, à raison de 30 à 40 mm tous les six jours, si le ciel ne dispense pas de pluie entre temps.
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