Un employeur qui se professionnalise

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Un employeur qui se professionnalise

La conduite et le dépannage des matériels de la cuma sont les priorités du salarié de la cuma des Vallons. (Photo d'illustration)

La cuma des Vallons dans la Creuse a réussi depuis 2015 son tremplin vers l'emploi en se dotant d'un savoir-faire et d'outils adéquats. Rencontre.

Le poste de salarié à la cuma des Vallons à Roches a été ouvert en 2015. Le temps à consacrer pour l’entretien et la conduite des matériels posait de plus en plus de difficultés aux adhérents. Cette situation n’était pas sans conséquences sur les coûts d’entretien et de réparation et la disponibilité des matériels.

La première embauche, Fabien, mécanicien et conducteur des automoteurs de la cuma, a donné satisfaction. La productivité des matériels a augmenté. Dans le planning du salarié de la cuma des Vallons, la conduite et le dépannage des matériels de la cuma sont prioritaires. La conduite des deux moissonneuses et de l’ensileuse de la cuma occupe une place prépondérante.

En parallèle, la cuma propose des prestations clefs en main avec traction et main-d’œuvre pour des activités comme l’entretien des haies, l’épandage de fumier, ou le semis. Pour les adhérents qui souhaitent faire entretenir par le salarié leurs matériels d’exploitation, la facturation est de 25€/h. Le salarié est également mis à disposition de certains adhérents à raison de 15€/h.

En 2020, le salarié en place a souhaité s’installer comme agriculteur. La cuma a dû recruter à nouveau. «Nous sommes passés par le bouche-à-oreille et par des annonces dans les revues spécialisées et sur les réseaux sociaux. Au final, nous n’avons eu que six candidatures, dont seulement deux profils intéressants», relate Thierry Dauger, le président. Heureusement, le candidat recruté fin 2020 donne satisfaction.

Salarié à la cuma des Vallons: les secrets de la réussite

Quelques points apparaissent importants dans la réussite d’une embauche. Ici, l’ensemble du bureau s’est mobilisé pour bien ‘profile’ le candidat recherché, puis a participé à la commission d’embauche. D’autre part, un référent salarié est désigné de manière à faciliter les échanges entre le salarié et l’employeur.

De plus, la cuma s’est dotée du logiciel My Cuma Planning et Travaux Objectif: « automatiser » le relevé comptable des heures de travail du salarié et le cas échéant des fournitures consommées, pour les affecter directement à la branche d’activité correspondante. Cet outil informatique fluidifie le transfert des données et soulage donc le travail du trésorier. Enfin, la cuma est à l’écoute des besoins en formation du salarié.

C’est ainsi qu’il a travaillé récemment avec le concessionnaire local John Deere pour parfaire ses connaissances en réglages de moissonneuses. Pour conforter l’organisation du travail, la cuma envisage de recruter dans les prochaines années un salarié saisonnier sur tout l’été pour conduire les moissonneuses et suppléer l’absence du salarié titulaire, le temps de ses congés. À l’avenir, elle songe également à l’éventualité de recruter un apprenti. Une première tentative avait été faite l’an passé. Mais, entre-temps, le salarié en poste susceptible d’être la référente de l’apprenti avait donné son congé.

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La communication: une clé de la réussite

Aurélie Munsch, juriste en droit social est responsable du suivi des salariés de cuma et de groupements d’employeurs, de Haute-Vienne et Creuse. Elle dresse les conditions pour réussir une embauche et les écueils à éviter.

Comment réussir le recrutement d’un salarié puis le fidéliser?

Le point principal est la communication et la bonne entente entre ses membres. C’est indispensable! Il est nécessaire en particulier que les agriculteurs qui s’engagent à partager un salarié s’entendent pour remplir le planning correspondant à la durée hebdomadaire prévue dans son contrat de travail.

Quels sont les écueils à éviter?

Le recrutement est rendu difficile lorsque les membres du groupement désirent d’emblée disposer d’un salarié « clefs en main ». Il y a toujours une phase d’accompagnement à prévoir puis un suivi régulier ensuite. L’autre difficulté, c’est lorsque les agriculteurs ont des façons de travailler trop différentes. Cela entraîne des soucis d’adaptation.

Il faut penser à la politique salariale et formuler quand cela est nécessaire des propositions d’évolution. Veiller aussi à tenir un planning horaire « raisonnable ». On constate trop souvent des exagérations dans le rythme du travail en saisons avec le risque de déséquilibrer le rapport entre vie professionnelle et vie privée. C’est primordial aussi de s’inquiéter des conditions de travail du salarié dans l’objectif de le fidéliser, et de ne pas négliger la reconnaissance du travail effectué.

Celle-ci peut se manifester en accordant par exemple de la souplesse horaire quand le salarié le demande, surtout si celui-ci a une famille.

Combien coûte un salarié?

En règle générale, la fourchette de coûts de revient horaire en Limousin, gestion de paie incluse, va de 12 à 15€ l’heure pour un CDI temps plein. Les salaires vont de 1.250 à 1.500€ par mois en début de carrière.

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