Ce qu’il faut retenir du Salon de l’agriculture

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Ce qu’il faut retenir du Salon de l’agriculture

Atelier du végétal, recyclage des bouses: le Salon de l'agriculture 2019 a multiplié les initiatives pour expliquer le travail des paysans et la mutation de l'agriculture vers plus de qualité. Voici ce qu'il faut retenir de cette 56e édition.

Pédagogie contre « agri-bashing »

L’édition 2019 du Salon a été marquée par une volonté des agriculteurs d’expliquer leur métier afin de lutter contre la désaffection qui vise non pas les paysans eux-mêmes, mais l’agriculture et principalement ses modes de production.

Entre consommateurs et agriculteurs, « cette année, on est arrivé à se parler, au-delà de toutes les polémiques », juge Jean-Luc Poulain, président du Salon, saluant un « salon du débat ».

« Depuis quelques temps, pour répondre aux différentes critiques du monde agricole, il y a cette volonté d’expliquer ce qu’on fait, ce qui se passe sur l’exploitation », a témoigné pour l’AFP, Kevin Moity, vice-président du groupe Franceagritwittos, qui compte 200 participants sur le réseau Twitter.

L’interprofession des semences (Gnis) a permis de découvrir ce qui se cache dans une semence, ou les différents usages des cultures.

La palme revient toutefois à l’Odyssée végétale, qui proposait un « Landscape game », inspiré des populaires « escape game »: ce stand proposait aux visiteurs de résoudre des énigmes dans trois salles, en découvrant les méthodes de travail des paysans, les outils innovants (drones, outils connectés) et composantes de la ferme et enfin, les méthodes de transformation des produits agricoles en produits alimentaires.

Un salon apaisé

« C’est un salon qui a été hyper calme, il n’y a quasiment pas eu de manifestation », a déclaré à l’AFP, Arnaud Lemoine, porte-parole du Salon. Des opposants à l’agriculture industrielle sont bien venus pour un petit rassemblement devant le stand de la FNSEA, mais ils étaient au nombre de quatre.

Lors de la journée inaugurale marquée par la visite d’Emmanuel Macron, les autorités craignaient l’irruption de « gilets jaunes » mais il n’en a rien été ou presque. Un de leurs leaders, Eric Drouet, n’a fait que franchir l’entrée du parc des Expositions.

Du côté des agriculteurs, l’absence de crise sanitaire majeure a contribué à calmer les esprits, la peste porcine africaine restant, jusqu’à nouvel ordre, au stade de la latence.

Recyclage des bouses

La Banque alimentaire, qui fait des « ramasses » quotidiennes de produits frais invendus ou excédents durant le Salon, table cette année sur près de 5 tonnes de produits frais distribués à des associations, contre 3,5 tonnes l’an passé.

Sur les quelque 600 tonnes d’effluents animaux produits pendant le Salon, grâce à un accord avec GRT Gaz permettant la méthanisation de 250 tonnes de bouses, les girafes du parc animalier de Thoiry devraient pouvoir se chauffer pendant un an. Le reste des bouses repart dans le circuit agricole traditionnel.

Marathon présidentiel

La première visite de M. Macron en tant que chef de l’Etat, en 2018, avait duré 12 heures et 30 minutes. Record pulvérisé: il a déambulé cette fois 14 heures et 40 minutes dans les allées du parc des Expositions.

Après un discours axé sur sa vision de la politique agricole commune, le chef de l’Etat a salué la vache égérie du Salon, la bleue du Nord « Imminence » et rencontré l’ensemble des filières agricoles, avant d’achever sa visite, comme l’an dernier, chez les Brasseurs.

Visites officielles: comme une année de présidentielle

La plus grande ferme de France a reçu 57 visites officielles. « Ça correspond à une année de présidentielle », selon Arnaud Lemoine. Les visites ministérielles ont été nombreuses, comme celles de délégations de partis politiques, presque tous représentés.

Le Salon a également accueilli 65 délégations étrangères de 49 pays, notamment l’Australie, qui ne fait pas partie des pays habitués.

Fréquentation en baisse

Selon un communiqué publié dimanche par les organisateurs, le salon a accueilli 633.213 visiteurs cette année, contre quelque 672.000 en 2018. Les organisateurs ont invoqué « un climat social tendu », qui a aussi affecté d’autres salons, et « une météo clémente » qui a pu dissuader les visiteurs de venir s’enfermer porte de Versailles.

Le Sima, salon professionnel du machinisme agricole qui se tenait parallèlement à Villepinte, a reçu 230.000 visiteurs, une fréquentation stable par rapport à 2017.